Les Grands de ce monde s'expriment dans

Paris, capitale mondiale du sport

Politique Internationale — À maintenant moins d’un an et demi de Paris 2024, dans quel état d’esprit êtes-vous ?

Anne Hidalgo — Je suis très enthousiaste ! C’est un moment exceptionnel, unique, historique, qui se prépare : on ne vit qu’une fois dans sa vie des Jeux olympiques et paralympiques dans sa ville ! Les préparatifs s’intensifient, et tous les acteurs impliqués travaillent dur pour faire de Paris 2024 une réussite, une célébration mondiale du sport, du dépassement de soi, de la solidarité.

P. I. — À l’été 2024, Paris sera dans la ligne de mire du monde entier. Vous projetez-vous déjà sur cette période et sur la manière dont elle se déroulera ? Quelle image souhaitez-vous que Paris donne au reste du monde ?

A. H. — Je veux que ces Jeux soient une grande fête populaire, qu’ils tissent des liens au-delà de nos différences, qu’ils soient synonymes d’union, de partage, de convivialité. Qui plus est, ces Jeux vont être un accélérateur formidable pour transformer notre ville afin qu’elle soit plus accessible, plus agréable, mieux armée face aux changements climatiques. Il y aura un « avant » et un « après » pour les Parisiennes et les Parisiens qui, au quotidien, profiteront de l’héritage légué par les Jeux. Je pense à la Seine où l’on pourra se baigner après les Jeux : c’est un héritage formidable !

P. I. — Les prochains mois seront denses, entre la livraison des chantiers, les atours de la ville, les rétroplannings divers et variés… Redoutez-vous des impondérables ?

A. H. — L’organisation de gros événements, avec des chantiers et des travaux conséquents pour accueillir au mieux les visiteurs comme les athlètes, comporte toujours son lot d’imprévus, c’est indéniable. Mais nous sommes entourés de professionnels compétents et réactifs qui ont toute ma confiance. Les différents chantiers seront livrés en temps et en heure. Notre agenda sera respecté. Paris sera prête.

P. I. — Cette échéance, c’est l’un des sommets, voire le sommet, de votre mission à la tête de la capitale ?

A. H. — C’est « un » sommet, c’est évident ! Mais un parmi d’autres. Nous nous y préparons depuis si longtemps, depuis les premières phases de la candidature. Et puis ce sommet se compose de différentes étapes, toutes aussi cruciales pour l’avenir de la ville : les Jeux olympiques et paralympiques, c’est une aventure qui se déploie sur plusieurs années. C’est une chance qui nous est offerte de mieux adapter notre ville aux changements climatiques, un objectif que je porte depuis les premiers jours de mon mandat et que je tiendrai jusqu’au bout pour améliorer la qualité de l’air, protéger la santé des Parisiennes et des Parisiens, réduire les déplacements entre le travail et le lieu de vie, profiter de rues plus calmes, plus vertes, plus accueillantes pour les enfants, les personnes en situation de handicap ou les personnes âgées.

P. I. — Une échéance comme celle-là, sa préparation en particulier, est-elle de nature à accroître encore davantage la stature internationale de la ville ?

A. H. — Paris est depuis toujours une ville-monde, qui attire des visiteurs venus des quatre coins de la planète. Bien sûr, les Jeux olympiques et paralympiques vont braquer tous les projecteurs sur nous : nous serons scrutés et, je l’espère — nous faisons tout pour —, admirés. Je veux que Paris soit prise en modèle, une ville de son temps, pleinement en phase avec son siècle, pionnière face aux enjeux climatiques et de justice sociale. Ces ambitions sont au cœur de mon mandat et de l’engagement de Paris à l’international, notamment à travers sa participation à la « COP des villes » ou au C40. Passer par le sport, c’est aussi une belle façon de convaincre de nouvelles personnes et de montrer comment l’adaptation d’une ville peut aller de pair avec une célébration mondiale de l’ampleur des Jeux de 2024.

P. I. — Vos interlocuteurs étrangers sont-ils intéressés par l’échéance qui se prépare ? Ont-ils l’occasion de vous interroger sur ce thème ?

A. H. — Bien sûr ! L’organisation des Jeux olympiques et paralympiques suscite toujours de la curiosité, voire de la fascination. Et plus l’échéance approche, plus l’intérêt grandit. Ils s’intéressent aussi beaucoup à la façon dont Paris se transforme pour faire face au grand défi climatique. Nous montrons que les Jeux sont un formidable vecteur d’accélération de l’ensemble de nos projets visant à adapter la ville aux changements climatiques.

P. I. — De votre côté, dans le cadre de vos échanges internationaux, vous servez-vous de ce levier olympique ? Est-ce un moyen pour vous de contribuer à faire avancer des projets ?

A. H. — La stature de « ville olympique » est bien évidemment un atout dans le sens où, grâce à elle, Paris devient encore plus attractive. Comme nous accueillerons des délégations venues du monde entier, nous sommes obligés d’accélérer certains chantiers et donc d’aller plus vite encore en matière de végétalisation, d’accessibilité, d’infrastructures pour le vélo. Je pense aussi, bien sûr, à la création d’une voie olympique réservée qui sera un premier pas décisif pour transformer le boulevard périphérique. Ces Jeux contribueront à modifier les usages de ceux qui prennent tous les jours la voiture et qui pourront petit à petit profiter d’alternatives plus agréables. La place de la Seine dans notre ville sera également totalement chamboulée : toutes les Parisiennes et tous les Parisiens vont se réapproprier leur fleuve pour le sport et la baignade.

P. I. — L’épisode du stade de France a remis les questions de sécurité au premier plan. Une bonne chose selon vous ?

A. H. — Concernant les Jeux, les questions de sécurité ont toujours été au cœur de nos préoccupations. Il en est de même de l’État, qui est en première ligne sur le sujet. Notre pays et notre ville ont une longue expérience d’accueil de grands événements sportifs ; je pense à l’Euro 2016, qui s’est tenu moins d’un an après les attentats qui ont endeuillé notre capitale. Nous serons prêts évidemment pour organiser des Jeux parfaitement sûrs pour les visiteurs et les habitants. La création d’une police municipale à Paris, que j’ai réussi à mettre sur les rails en 2021, participe de cette prise de responsabilité de la ville. Pour autant, le rôle de la maire que je suis est de toujours garder à l’esprit qu’il faut que ces Jeux restent une grande fête populaire.

P. I. — Voyez-vous ce label de ville olympique continuer d’être utilisé par la ville dans les années qui viennent ? Avec quels bénéfices ?

A. H. — Cent ans après 1924, ces Jeux marqueront à nouveau l’histoire de notre ville. Ce label doit continuer à nous inspirer, à mettre la barre haut. Il doit nous pousser à être toujours plus ambitieux quant à l’accessibilité des pratiques sportives, sans distinction de genre, de moyens ou de capacité physique. Le sport est un vecteur d’inclusion inouï ; il devra continuer à être célébré après 2024, oui, grâce à ce label de ville olympique.

P. I. — Que diriez-vous aux gens qui doutent encore de l’intérêt pour la ville et le pays d’accueillir les Jeux ? Ceux qui évoquent pêle-mêle les contraintes budgétaires, les désagréments au quotidien…

A. H. — Accueillir les Jeux olympiques et paralympiques, c’est la promesse de vivre un moment historique, joyeux, exceptionnel. Les financements engagés pour les Jeux nous obligent à être à la hauteur, pour le jour J évidemment, mais aussi et surtout pour l’héritage qu’ils vont léguer à notre ville et aux Parisiennes et aux Parisiens qui verront des vraies améliorations dans leur quotidien. Paris ne sera plus la même, elle sera bien plus douce à vivre après toutes ces transformations attendues.

P. I. — La ville et vos services sont-ils déjà en mode Paris 2024 ? Comment va s’orchestrer cette montée en puissance en termes de fonctionnement ?

A. H. — Bien sûr ! Les Jeux sont au cœur des débats et des discussions depuis des années ! Ça ne s’improvise pas. Nous avons déjà entamé certains chantiers et nous allons continuer à intensifier la préparation de la ville d’ici à 2024. Le Comité d’organisation des Jeux olympiques (COJO) tient un rôle éminent dans cette préparation, en lien avec les différents services, et la « montée en puissance » va se faire dans les semaines et les mois qui arrivent. Je tiens d’ailleurs à saluer l’incroyable travail de toutes les équipes qui feront de ces Jeux un grand succès !

P. I. — À titre personnel, avez-vous des souvenirs des précédentes villes olympiques…

A. H. — Je ne peux pas m’empêcher de repenser à mon séjour à Tokyo l’année dernière lorsque j’ai reçu le drapeau olympique. Assister à la cérémonie de clôture était un privilège incroyable et je n’oublierai jamais l’émotion que j’ai ressentie en admirant les drapeaux de toutes les délégations. Voir de près tous ces athlètes de nationalité et de culture différentes réunis autour du sport, c’était un moment très fort, des images qui ne s’effaceront pas de mon esprit, un souvenir pour toute une vie.