Les Grands de ce monde s'expriment dans

Prix du courage politique 2004

Jean-Paul II

Politique Internationale a remis à sa Sainteté Jean-Paul II, au Vatican, le prix du Courage politique. Ce prix, créé par Politique Internationale, a été décerné au Pape en 2004 en collaboration avec la chaîne de télévision KTO et l'Association de Politique Etrangère de la Sorbonne. Nous sommes très honorés que sa Sainteté ait accepté de recevoir cet hommage qui récompense son œuvre "terrestre", en particulier sa contribution décisive au démantèlement de l'Empire soviétique et à l'effondrement du communisme en Europe. Sans oublier son combat inlassable pour les droits de l'homme qui l'a conduit à fustiger, d'un bout à l'autre de la planète, tous les dictateurs de droite comme de gauche.

Discours de Patrick Wajsman

Très Saint Père, merci. Merci pour l'honneur que vous nous faites en nous autorisant à vous honorer. En nous autorisant à honorer, en votre personne, celui qui, même s'il dialogue avec l'Eternité, n'en a pas moins réalisé une œuvre terrestre immense, gigantesque. Une œuvre sous-tendue par une intuition libératrice qui a peu d'équivalent dans l'Histoire.

Vous êtes pour nous tous, très Saint Père, quelles que soient nos croyances et nos convictions philosophiques, une étoile dans la nuit ; une référence éthique ; un phare qui balaie l'océan.


Vous êtes

- Celui qui, par son courage politique, nous a démontré qu'il n'y a pas de limites à ce que la volonté peut accomplir ;
- Celui qui a su apprivoiser l'impossible ;

- Celui qui a fait la preuve qu'il n'existe pas de fatalité de l'injustice ;

- Celui qui a expliqué inlassablement que la liberté, comme la victoire, se donne d'abord à ceux qui l'ont rêvée ;

- Celui dont chaque démarche et chaque initiative rappelle que le mot " courage " vient du mot " cœur ".

Bref, nous admirons en vous -entre autres- le prophète désarmé qui redonne aux peuples captifs et aux oubliés de l'Histoire des raisons d'espérer ; le prophète désarmé dont la moindre intervention sur la scène internationale ridiculise l'interrogation fameuse de Staline : " Le Pape, combien de divisions ? ".

Dans un monde où l'accommodement avec l'agresseur ou l'oppresseur est souvent considéré comme une forme raisonnable de comportement, comme une forme de "réalisme", voire de sagesse ; dans un monde où l'on a un peu trop tendance à se prosterner devant le statu quo -quel qu'il soit, même s'il est indéfendable-, dans ce monde-là vous avez, très Saint Père, fait mûrir l'esprit de résistance.

Votre " N'ayez pas peur " adressé dès 1978 à vos compatriotes polonais a porté, en réalité, bien au-delà de la Pologne. Et chacun reconnaît aujourd'hui le rôle décisif que vous avez joué, tout au long de ces années de plomb, dans l'effondrement du communisme en Europe et le démantèlement de l'Empire soviétique. Et tout cela, je le répète, en un temps où, dans le confort ouaté des Chancelleries, la bienséance consistait à ne surtout "pas faire de vagues" et à sacrifier, sans trop de remords, la justice à la stabilité.

Votre démarche à vous, très Saint Père, c'est le contraire de l'esprit de Munich !

Partout, et pas seulement en Europe, on vous a entendu fustiger, dénoncer à voix haute les dictatures et les tyrannies, de gauche comme de droite. On vous a vu faire publiquement la leçon à Castro, à Duvalier, à Strœssner, à Marcos, à Pinochet -et à tant d'autres... A tous, vous avez répété que la seule légitimité et la seule finalité du pouvoir, c'est l'homme ; Qu'aucun régime n'est éternel ; Et qu'on ne saurait impunément fabriquer une symétrie morale factice entre le Bien et le Mal.

Très Saint Père, pour toutes ces raisons -et pour toutes les autres, que chacun connaît et qui nous entraînent dans votre sillage lumineux- permettez-moi au nom de KTO, de Politique Internationale, de l'Association de Politique Etrangère de la Sorbonne et de tous nos amis...

Permettez-moi, de vous dire, une fois encore, avec les mots simples de tous les jours : "pour ce que vous avez fait et pour ce que vous ferez encore : merci et que Dieu vous protège !"

Patrick Wajsman, Directeur de Politique Internationale

Discours de Jean-Paul II

Monsieur le Cardinal, chers frères dans l'Episcopat,

Mesdames et Messieurs,

Je suis heureux de vous accueillir, saluant cordialement Monsieur le Cardinal Lustiger, ainsi que Monsieur Patrick Wajsman, directeur de la revue Politique Internationale, et les membres de KTO, télévision catholique française, vous remerciant de me remettre le "Prix du Courage Politique". Cela montre l'attention à la mission de paix de l'Eglise dans un monde où les conflits sont malheureusement trop nombreux. Je voudrais lancer un nouvel appel à la paix, pour construire une société de fraternité entre les peuples.

Ma pensée va aux journalistes, qui, par leurs témoignages et leurs publications, sont des artisans de la paix et de la liberté, et qui paient un lourd tribut aux conflits. Je pense aussi aux otages et à leurs familles, victimes innocentes de la violence et de la haine, invitant tous les hommes de bonne volonté au respect de la vie des personnes. Aucune revendication ne peut aboutir par un marchandage sur des vies humaines. Le chemin de la violence est une voie sans issue.

Vous confiant à la Vierge Marie et implorant pour le monde le don de la paix, qui vient de Dieu, je vous accorde, ainsi qu'aux personnes qui vous sont chères, la Bénédiction apostolique.

Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II