World leaders speak out in

Israël-Palestine : l'illusion des "deux États"

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Politique Internationale — Au cours de votre carrière, quelles sont les personnalités qui vous ont le plus impressionné, notamment au Moyen-Orient ?

Éric Danon — Elles sont rares, pour la bonne raison que je suis relativement peu impressionnable ! Grâce à l’éducation de mes parents, je perçois très vite la comédie humaine qui se cache derrière les effets de séduction des personnalités de pouvoir. Dit autrement, je détecte instantanément le jeu social et la confrontation des egos au sein des cercles dirigeants.

P. I. — Cela vaut pour les gens que vous auriez pu croiser. Mais pour les autres ?

É. D. — J’aurais sans doute été impressionné par le général de Gaulle si je l’avais rencontré. Je suis sensible à la différence entre ceux, nombreux, qui représentent leur pays et ceux, très rares, qui en sont l’incarnation. De Gaulle incarnait la France. De la même manière, Ben Gourion était l’incarnation du sionisme, une manière de penser l’État d’Israël, de contribuer à sa création et de le conduire pendant des années en suivant une ligne tracée envers et contre tous. D’ailleurs, de Gaulle et Ben Gourion avaient une grande admiration l’un pour l’autre.

P. I. — Et à qui donneriez-vous, toutes catégories confondues, le prix du courage politique au Moyen-Orient ?

É. D. — À tous ceux qui sont capables de serrer la main de l’adversaire après la bataille. À tous ceux qui ont eu le courage d’affirmer publiquement : « Nous ne sommes pas seulement les représentants de notre camp. Nous sommes mus par une humanité supérieure dont nous reconnaissons que l’autre fait partie ». J’ajouterais : tous ceux dont la vision de l’homme dépasse l’idéologie qui les a portés au pouvoir. Hélas, au Proche-Orient, ne sont pas de Gaulle ou Adenauer qui veut…

P. I. — Quel est, selon vous, celui qui a le mieux saisi les enjeux du conflit israélo-palestinien ? Celui qui a été le plus lucide ou dont les propositions étaient les plus proches d’une issue positive ?

É. D. — Vous avez beaucoup de personnalités comme Ben Gourion, Shimon Pérès, Sadate, Rabin ou même Arafat quand il déclare que la charte de l’OLP est caduque, qui étaient de grands combattants et qui ont fini par comprendre que la voie du conflit perpétuel n’était pas la bonne. Cependant, dans ces domaines si complexes de la guerre et de la paix, aucun classement n’est pertinent pour considérer que la « vision » de l’un serait supérieure à celle des autres.

P. I. — Pensez-vous que Trump est l’homme qui contribuera de façon décisive à la paix entre Israéliens et Palestiniens ?

É. D. — Nul ne le sait. Il faudrait au préalable qu’il parvienne à lever tous les obstacles qui font que la paix paraît impossible. S’il ne s’attaque pas aux fondamentaux du conflit, il sera un président de plus qui aura essayé de résoudre un problème local. Or le problème n’est pas local, il est quasi civilisationnel.

Trump va sans doute essayer d’imposer la paix en « tordant le bras » à tout le monde. Sa force vient de …