
Voici quelques principes de paix présentés comme un « plan » par leur auteur. Au-delà des interrogations qui demeurent, il faut remarquer avec intérêt que c’est la première fois qu’une telle initiative est prise par un dirigeant arabe israélien.
$Gérard Benhamou — Vous êtes une figure centrale de la vie politique israélienne. Pourriez-vous retracer en quelques mots votre parcours ?
Mansour Abbas — Je suis né en 1974 à Maghar, en Galilée, dans une famille d’agriculteurs. Mes parents font partie de ces « Palestiniens de l’intérieur » qui n’ont pas fui leur terre au moment de la création d’Israël. Né 26 ans après, j’ai donc toujours été israélien. J’ai parlé l’hébreu depuis mon plus jeune âge et vécu avec des Juifs, notamment pendant mes études en orthodontie à l’Université hébraïque de Jérusalem.
G. B. — À quand remonte votre engagement ?
M. A. — Élu député à la Knesset en 2019 sur la Liste arabe unie, je me suis vite fait connaître par mes prises de position en faveur de l’intégration des Arabes palestiniens. J’avais la conviction que cette démarche pourrait conduire à améliorer nos conditions de vie. En 2021, j’ai pris la décision historique de rejoindre la coalition gouvernementale du « Changement » dirigée par Naftali Bennett et Yaïr Lapid. J’ai été ministre délégué dans le cabinet du premier ministre du 13 juin 2021 au 29 décembre 2022. Cette participation inédite dans l’histoire d’Israël a permis d’obtenir des investissements et des réformes bénéfiques pour la communauté arabe du pays.
G. B. — L’importance que vous attachez publiquement à votre foi musulmane était-elle compatible avec un engagement politique dans les sphères les plus hautes de l’État hébreu ?
M. A. — J’ai rejoint très jeune la branche sud du « Mouvement islamique » (1) qui a fini par faire sécession et par adopter une approche pragmatique afin de participer activement à la vie politique israélienne. À l’adolescence, j’étais fasciné par l’islam ; mais en étudiant de manière approfondie les ressorts de ma foi, j’ai compris que nous pouvions vivre avec les autres, quelle que soit leur religion.
G. B. — La reconnaissance du caractère juif de l’État d’Israël a toujours été posée — par Ariel Sharon, Ehud Olmert ou Benyamin Netanyahou — comme un préalable à la négociation d’un traité de paix avec les Palestiniens. Vous êtes le premier à l’avoir reconnu officiellement. Pourquoi ?
M. A. — Le 21 décembre 2021, j’ai en effet fait une déclaration publique en ce sens. La reconnaissance d’Israël comme État juif était un tabou vieux de plus de 70 ans. Je l’ai fait sans aucune ambiguïté : ce fut la décision du peuple juif et la question n’est pas de savoir quelle est l’identité de l’État. Il est né en tant qu’État juif et il le restera.
G. B. — Votre prise de position a été critiquée parmi les Palestiniens…
M. A. — C’est exact : le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a affirmé à plusieurs reprises son refus de reconnaître Israël comme un État juif et a dénoncé ces déclarations, les jugeant « irresponsables ».
G. B. — Vous avez, comme l’immense majorité des Arabes israéliens, condamné les massacres du 7 Octobre ainsi que la prise d’otages innocents. Ces actions discréditent-elles définitivement le Hamas ?
M. A. — Toute action violente, menée volontairement contre des innocents, …
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