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Notre combat contre la tyrannie

Notre combat contre la tyrannie

Cet entretien exclusif, conduit par Richard Heuzé, sera publié dans le n° 176, été 2022

Dmitry Andreïevitch Muratov est né en Russie le 29 octobre 1961. Après des études de philologie à l’université d’État de sa ville natale, Kouïbychev (aujourd’hui Samara) et trois ans de service militaire en Tchétchénie, il rejoint un journal populaire où il écrit des articles sur la jeunesse qui font impression. En 1993, avec plus de cinquante collègues, il participe comme rédacteur en chef à la création d’un quotidien en ligne, Novaïa Gazeta, qui ne tarde pas à se faire connaître par ses enquêtes sur la corruption, les abus de pouvoir et la défense des droits de l’homme. Les attentats dont plusieurs membres de son équipe rédactionnelle ont été victimes et les pressions exercées par le pouvoir politique et la censure conduisent Muratov à démissionner en 2017. Deux ans plus tard, la rédaction vote pour son retour. Muratov a reçu de nombreuses distinctions à l’étranger. Aux Pays-Bas, le prix des Quatre libertés a été décerné à son journal en 2010. La même année, il est fait chevalier de la Légion d’honneur. En 2016, l’Association mondiale des journaux et des éditeurs de presse lui a conféré sa plume d’or.

 

Richard Heuzé — Le 10 décembre 2021 à Oslo, lors de la remise de votre prix Nobel, vous déclariez craindre une offensive russe imminente contre l’Ukraine et vous en dénonciez les signes avant-coureurs. Avez-vous été surpris que Vladimir Poutine la déclenche le 24 février avec une telle brutalité ?

Dmitry Muratov — Non, je n’ai pas été surpris. La rédaction de Novaïa Gazeta avait analysé les déplacements de troupes vers la frontière ukrainienne, observé les rencontres de plus en plus fréquentes avec le leader de Biélorussie, Alexandre Loukachenko et, bien sûr, décortiqué la rhétorique de la télévision d’État. Il était clair pour nous que le peuple russe était sous influence et qu’on préparait les esprits à la guerre. Mais nous étions loin de penser qu’il s’agirait d’une invasion d’une telle ampleur, même si tous les éléments dont nous disposions l’indiquaient.

Nous avions aussi compris — et nous avions raison — que l’acheminement de nombreux réfugiés d’Afrique et du Moyen- Orient via la Biélorussie jusqu’à la frontière polonaise avait pour objectif de déstabiliser l’Europe dans son ensemble (1).

R. H. — Deux jours après le début de l’« opération militaire spéciale », vous avez courageusement dénoncé la guerre en affirmant que « l’Ukraine n’est pas un ennemi » et que la Russie allait subir des « pertes énormes ». Aviez-vous anticipé les risques pour votre journal ?

D. M. — Le poète et dissident Alexander Galich (2) a chanté un jour : « Gardez le silence et vous deviendrez l’un des bourreaux. » Novaïa Gazeta a pris position en condamnant la guerre. Les lecteurs nous ont soutenus. Les rédacteurs ont été sanctionnés par des avertissements du bureau du procureur général et condamnés à de nombreuses et fortes amendes. Un ordre secret a même été émis, en dehors de toute procédure légale, interdisant la vente du journal au numéro et des abonnements.

Mais nous avions préparé notre riposte. Avant même le début de la guerre, certains membres de notre personnel avaient commencé à réfléchir aux moyens de publier Novaïa Gazeta hors de Russie en cas de conflit et de retour de la censure militaire.

Tout financement étranger étant absolument interdit en Russie, il existe désormais deux journaux indépendants, chacun avec  sa propre rédaction, et qui ne dépendent pas l’un de l’autre. Novaïa Gazeta-Europa est dirigée par mon ancien adjoint et talentueux collègue, Kirill Martynov. Le journal est pour l’instant diffusé sur Internet, à partir de Riga en Lettonie, avec une équipe de plusieurs dizaines de personnes. À Moscou, en revanche, la publication de Novaïa Gazeta a été suspendue le 27 mars, après la deuxième mise en garde du bureau du procureur général. Avec l’équipe qui demeure en place dans la rédaction, nous réfléchissons actuellement à plusieurs plans qui nous permettraient de relancer le journal dans le futur. Nous finirons par en trouver un, je l’espère.

R. H. — Comment expliquez-vous qu’une grande partie de la population russe ait soutenu la rhétorique belliqueuse de Poutine et continue de le faire malgré le coût humain et financier effroyable de la guerre ?

D. M. — Il n’y a rien d’étonnant. Cela s’explique par deux facteurs principaux. Le premier est la surveillance des services d’information d’État. Quand un « sociologue en uniforme » vous appelle au téléphone, vous vous rendez vite compte qu’il connaît tous les détails de votre vie privée : votre adresse, votre profession, vos enfants, votre situation financière, etc. Et vous, bien sûr, vous répondez à toutes ses questions comme si de rien n’était…

Le second facteur tient à notre histoire récente : la Russie et l’Union soviétique ont eu ensemble près de 100 millions de morts au cours du XXe siècle. Les mots choisis par Poutine pour justifier la lutte contre le nazisme et le fascisme se sont donc imprimés naturellement dans l’ADN et la mémoire collective des Russes.

En outre, la propagande d’État est omniprésente à la télévision et à la radio 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Elle est totale et monopolistique. La plupart des personnes du troisième âge sont laissées seules devant leur poste allumé en permanence. Cette exposition à la propagande a d’ailleurs entraîné une fracture générationnelle, les plus jeunes ayant accès à des médias alternatifs via VPN. Il apparaît même, selon des estimations du Kremlin, que 25 % de la population russe — soit environ 30 à 35 millions de citoyens — ne soutiennent pas « l’opération militaire spéciale » en Ukraine.

R. H. — D’autres facteurs ont-ils joué sur l’opinion ?

D. M. — Plus de 17 000 procédures pénales ont été engagées contre les partisans ou les défenseurs de la paix pour « diffusion de fausses nouvelles sur l’armée », une infraction punie de quinze ans de prison. Les leaders de l’opposition sont incarcérés. Les médias privés sont, de fait, complètement fermés (3). La répression politique et la terreur de rue sont réapparues. Soit dit en passant, je pense que les prochaines élections des gouverneurs de régions prévues à l’automne seront bientôt annulées (4).

La conséquence tragique de tout cela, c’est que des centaines de milliers de jeunes diplômés (programmateurs, chercheurs, scientifiques, intellectuels, militants des droits de l’homme, etc.) ont fui le pays pour échapper à la prison. Un tel exode a été observé pour la dernière fois il y a exactement cent ans, en 1922, lorsque Lénine a expulsé de nombreux intellectuels de Russie. Le « bateau des philosophes », qui avait à l’époque quitté Saint-Pétersbourg pour Stettin en Allemagne, a été remplacé aujourd’hui par l’« avion des journalistes ». C’est une métaphore pour dire que les journalistes quittent le pays en masse ! Qualifiés d’« agents de l’étranger », ce qui signifie en langage poutinien « ennemis du peuple », beaucoup de nos collègues ont perdu leur emploi. Certains sont privés de la possibilité de mener une vie normale pendant une période indéterminée, peut-être pour toujours.

R. H. — Depuis 1993, vous êtes parvenu à maintenir l’indépendance du journal que vous avez fondé avec le soutien de Mikhaïl Gorbatchev. Rien ne vous a été épargné : censure, menaces, assassinat de six journalistes dont Anna Politkovskaïa, célèbre pour sa couverture de la guerre en Tchétchénie. Comment avez-vous réussi à défendre votre indépendance ?

D. M. — Pourquoi être modeste ? Nous sommes appréciés et soutenus par les gens, par nos lecteurs. Nous avons mis en place un système de « crowdfunding » (financement participatif) grâce auquel des dizaines de milliers de personnes nous envoient chaque mois de petites sommes d’argent qui, ajoutées les unes aux autres, finissent par être très importantes. Avant de fermer le journal en mars, nous avions près de 30 millions de lecteurs, rien que sur les réseaux sociaux. C’est peut-être l’effet du hasard, mais ce chiffre coïncide exactement avec le nombre de partisans de la paix. Malheureusement, il y a une réalité moins réjouissante : comme vous le savez, de brillants reporters, chroniqueurs, journalistes d’investigation de notre journal sont tombés au combat. Ils ont payé de leur vie la liberté d’informer.

R. H. — Qu’est-ce qui a poussé Vladimir Poutine à passer à l’action le 24 février ?

D. M. — Je pense que les conseillers militaires et politiques du Kremlin ont réussi à endoctriner Poutine en lui faisant croire que le peuple ukrainien serait heureux de faire partie de la Russie, tout au moins dans l’est et le sud du pays. Ils lui ont dit ce qu’il voulait entendre, c’est ce qui a déclenché la tragédie. Et eux aussi ont fini par se persuader que ce qu’ils avaient inventé était vrai. Fatalement, la propagande rattrape ses auteurs. Il est évident que l’enlisement des accords de Minsk et l’impossibilité de trouver un compromis sur le Donbass ont également joué un rôle (9). Enfin, il ne faut pas sous-estimer l’influence du « lobby nucléaire », ces propagandistes du Kremlin qui ne cessent de brandir la menace de l’arme nucléaire pour conforter les ambitions guerrières de Poutine.

R. H. — Quels sont ses principaux adversaires ? Des opposants comme Alexeï Navalny ou Mikhaïl Khodorkovski ont-ils encore une influence ?

D. M. — Son principal adversaire est sans aucun doute l’Occident pris dans son ensemble. Le moteur de Poutine, c’est son ressentiment envers l’Occident, auquel il reproche d’avoir trahi ses promesses, en particulier celle de ne pas étendre l’Otan aux frontières de la Russie. Il a un profond manque de respect pour les hommes politiques occidentaux (6). Certains se sont laissé facilement acheter en échange d’un siège dans les conseils d’administration des grandes entreprises russes. Poutine est convaincu de l’hypocrisie de tous ces dirigeants, en Europe et aux États-Unis, qui n’ont que les « valeurs démocratiques » à la bouche. Ces mêmes dirigeants qui, malgré leurs beaux discours sur la liberté d’expression et le respect des droits de l’homme, se sont empressés de signer des accords pétroliers et gaziers avec Moscou…

Quant à Navalny, par son aura médiatique, il représente une vraie menace pour le monopole de l’État sur l’information. S’il était libre de s’exprimer, des dizaines de millions d’auditeurs et de téléspectateurs pourraient le suivre. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est aujourd’hui en prison.

R. H. — Les sanctions occidentales contre la Russie ont-elles un impact ? De son côté, le président français Emmanuel Macron a-t-il raison de chercher à maintenir un dialogue avec Vladimir Poutine ?

D. M. — Il est clair que les sanctions ont un impact négatif sur l’économie du pays. J’observe cependant qu’elles touchent plus les riches que les pauvres, ce qui est logique car l’élite a bien sûr plus de responsabilités dans la situation actuelle que le commun des mortels russes. Ce n’est pas à moi de me prononcer sur le bien-fondé de ces sanctions, mais elles ne devraient pas concerner les médicaments et obliger des gens à suspendre leur traitement ou à repousser des opérations chirurgicales. Les greffes de moelle osseuse, par exemple, sont en danger — faute de pouvoir être livrées par avion à temps. Quant au président Macron, il a raison. Chacun doit faire tout son possible pour obtenir un cessez-le-feu.

R. H. — L’éviction de Vladimir Poutine vous paraît-elle imaginable ? Pensez-vous que les oligarques qui l’entourent pourraient l’écarter du pouvoir ?

D. M. — Non, pas du tout. Les élites sont lâches. Le Kremlin est semblable à l’équipage d’un sous-marin. Il n’y a aucun moyen de s’en échapper. Personne ne peut quitter le navire. Et il n’y a pas de divisions au sein des élites. Tenter d’en créer et espérer un changement à ce niveau n’a absolument aucune chance de succès.

R. H. — Le 28 décembre 2021, la Cour suprême russe a dissous l’ONG Memorial, la plus connue des associations de défense des droits de l’homme, gardienne de la mémoire historique de la terreur stalinienne, au motif qu’elle « violait les droits humains ». Qu’est-ce qui a poussé le pouvoir russe à prendre cette décision ?

D. M. — Memorial a soulevé avec cohérence et rigueur la question de la responsabilité de l’État pour ses crimes passés. Créée par Andreï Sakharov, cette association n’était pas l’ennemi du peuple russe. L’un de ses objectifs était, notamment, la reconnaissance des victimes de la répression de Staline. Mais dans le mode de fonctionnement du gouvernement actuel, l’État a toujours raison. Tous ceux qui le critiquent sont des agents de l’étranger, donc des ennemis du peuple. Permettez-moi de le dire brutalement : d’une certaine manière, Staline est réhabilité.

R. H. — En quoi le fait d’avoir reçu le prix Nobel de la paix 2021 vous aide-t-il dans votre combat ? Vous le partagez avec Maria Ressa et, avez-vous dit à Oslo, avec tous les journalistes d’investigation. Qu’allez-vous en faire ?

D. M. — Lorsque vous vous sentez impuissant, vous devez aider ceux qui sont plus mal lotis que vous. Il y a près de 13 millions de réfugiés et de déplacés en Ukraine. Les rédacteurs de Novaïa Gazeta et moi-même avons décidé de lancer une « flash mob », afin que les gens, avec le soutien de l’UNICEF et de la société de vente aux enchères Heritage, puissent vendre des objets de famille au profit de ceux qui ont perdu leur maison et parfois dû quitter leur pays. Nous avons donc décidé de commencer la vente aux enchères par la médaille Nobel que j’ai reçue à Oslo. Ma décision a reçu le soutien du Comité Nobel. Et j’ai lancé, avec Maria Ressa, un appel pour que la Journée mondiale des réfugiés, le 20 juin 2022, suscite une grande vague de solidarité mondiale.

R. H. — Le 7 avril dernier, vous avez subi une agression dans le train qui vous conduisait de Moscou à Samara, dans le sud du pays. Vous avez été aspergé de peinture rouge au minium sans que personne ne s’interpose. Vous sentez-vous menacé physiquement ?

D. M. — En effet, des individus ont jeté de la peinture dans mon compartiment. Il y avait des caméras partout, mais personne n’a été arrêté alors que notre journal a réussi à identifier les agresseurs en moins de 24 heures. On a ainsi pu établir que ces gens font partie d’une société militaire privée qui emploie des mercenaires pour traquer la dissidence.

Peu de temps auparavant, un liquide toxique avait été répandu dans la salle de rédaction de notre journal. Et Alexeï Venediktov, le rédacteur en chef de la radio indépendante Écho de Moscou (fermée depuis le 3 mars) a trouvé une tête de porc devant son appartement et des graffitis antisémites peints sur sa porte. Il existe des dizaines d’attaques similaires en Russie. Je ne suis vraiment pas le seul. En ce qui me concerne, j’en ai tiré un certain avantage : les femmes de la rédaction de Novaïa Gazeta ont adoré ma barbe rouge !

 

(1) Une « attaque migratoire» de la Biélorussie contre l’Union européenne : l’expression est du secrétaire d’État français Clément Beaune pour dénoncer l’acheminement par la Biélorussie, à l’automne 2021, de milliers de migrants d’Afrique et du Proche- Orient munis d’un visa de transit aux frontières de la Pologne et des États baltes. L’opération fut un échec pour Minsk, contraint d’éloigner les migrants de la frontière. À partir du 11 novembre, 4 000 Irakiens ont été rapatriés par avions charter à Bagdad.

(2) Né le 19 octobre 1918 à Ekaterinovslav (Dnipro en Ukraine), Alexander Ivanovich Galich était un dramaturge, poète et auteur compositeur interprète russe. Obligé de s’exiler en 1972, il s’installe en 1974 à Paris où il donne de nombreux concerts et produit un disque à succès, The Silent Cry, stigmatisant ceux qui refusent d’élever leur voix contre les injustices. Il meurt accidentellement électrocuté en 1977 à l’âge de 59 ans. Sa dépouille repose au cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois.

(3) L’élection des gouverneurs ou présidents des 85 entités territoriales de la Fédération de Russie a été réintroduite en 2012. Aux dernières élections territoriales en 2018, le parti au pouvoir Russie Unie a enregistré un important recul.

(4) Cinquante-deux organes de presse libre ont été fermés en Russie en quelques mois. Le 3 mars 2022, Ekho Moskvy (Écho de Moscou), l’une des premières radios indépendantes qui avait commencé sa diffusion en 1990, a été contrainte de suspendre ses émissions.

(5) Après l’annexion de la Crimée par la Russie en mars 2014, un état de belligérance s’installe au Donbass (est de l’Ukraine) entre Ukrainiens et pro-russes. Il fera 14 000 victimes en huit ans. En juin 2014, une structure de dialogue se met en place entre la Russie et l’Ukraine en présence de la France et de l’Allemagne. Cette structure, appelée « format Normandie », aboutit aux deux « accords de Minsk » signés en septembre 2014 et février 2015 qui prévoyaient notamment un cessez-le- feu immédiat, le retrait des armes lourdes et l’interdiction de recourir à des milices étrangères. Kiev n’a jamais reconnu pleinement ces accords qui revenaient de fait à lui faire perdre sa souveraineté sur le Donbass. À noter, selon Muratov, le fait qu’après 2014 plusieurs pays d’Europe ont continué à vendre des armes à la Russie, pour 273 millions d’euros.

(6) Selon Muratov, au moins seize personnalités politiques parmi les plus en vue en Europe (anciens premiers ministres, ministres, députés) se sont vu offrir des sièges dans des conseils d’administration de consortiums d’État russes ou d’entreprises assimilées, moyennant une compensation de un à deux millions d’euros par an.

Le plus connu est l’ancien chancelier allemand Gerhard Schroeder pour ses responsabilités dans Rosneft (2e conglomérat pétrolier russe), Gazprom et le gazoduc Nord Stream 2 reliant la Russie à l’Allemagne. Le 19 mai dernier, le Parlement allemand lui a retiré l’usage de six bureaux au Bundestag et de sept collaborateurs — un avantage évalué à 407 000 euros par an. Menacé de sanctions financières au même titre que les oligarques russes, il a annoncé le lendemain 20 mai devoir renoncer à son poste au conseil de surveillance de Rosneft et à celui de président du comité des actionnaires de Gazprom.

Quant au Français François Fillon, dès le déclenchement des hostilités contre l’Ukraine, il a démissionné de ses postes dans le groupe russe de pétrochimie Sibur et dans celui d’hydrocarbures Zarubezhneft. « Quand on parle à Poutine des valeurs de l’Occident, cela le fait mourir de rire. Il croit au commerce. Pas aux valeurs », a commenté Muratov à Genève, ajoutant : « Je pourrais vous donner des noms, en Autriche, en Allemagne, en Finlande et même vous parler des parties de chasse au Kamtchatka de l’ex-procureur général de la Suisse. »