Les Grands de ce monde s'expriment dans

Monaco et les organisations internationales

L'année 2013 marque la célébration du vingtième anniversaire de l'admission de Monaco à l'ONU, élu par ailleurs à la vice-présidence de la 68e session de l'Assemblée générale des Nations unies.
Cet article est pour moi l'occasion de rappeler, à la lumière de plus de sept siècles d'histoire, et plus particulièrement au travers de ces deux dernières décennies, l'attachement de Monaco au droit international et aux institutions qui ont vu le jour pour le garantir.
Comme je le rappelais à la tribune de l'Assemblée générale des Nations unies, à l'occasion de l'admission de Monaco à l'organisation, en 1993, « une paix ne peut être seulement le silence des armes ». La nécessité impérieuse de poursuivre cet objectif de paix se double plus que jamais d'une mission vitale : comment garantir la pérennité et la diversité du monde que nous connaissons pour le transmettre aux générations futures ?
Cette idée de durabilité a toujours guidé les actions de Monaco au niveau national et dans le cadre de sa politique internationale.
La sécurité, les droits de l'homme, la santé, la préservation des milieux naturels, la gestion durable des ressources, la lutte contre la pauvreté et l'exclusion, sont autant de droits et de devoirs qui constituent les Objectifs du Millénaire pour le développement.
Ces valeurs humanistes ont profondément marqué les règnes des Souverains de la Principauté de Monaco et conduisent mon action quotidienne.
Bien avant son admission en tant qu'État membre de l'ONU, Monaco a toujours été actif au niveau des relations internationales.


Un acteur engagé


État neutre, Monaco s'est engagé en faveur de la paix. En témoignent la création par mon trisaïeul le Prince Albert Ier, en 1903, de l'Institut de droit international pour la paix, lequel préfigurait les organisations internationales qui verront le jour après les conflits mondiaux, et l'accueil régulier à Monaco des réunions de l'Académie de la paix et de la sécurité internationale.
État peu industrialisé mais tourné vers la science, Monaco s'est très tôt impliqué au sein des institutions spécialisées des Nations unies, telles que l'Union internationale des télécommunications (UIT), l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ou l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) auxquelles la Principauté a respectivement adhéré en 1908, 1948 et 1949.
État souverain sur le continent européen, la Principauté est membre des principales organisations européennes, en particulier le Conseil de l'Europe et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), dont Monaco assurera la présidence du Forum pour la coopération en matière de sécurité (FCS) au cours du dernier trimestre 2014.
État responsable, la Principauté de Monaco s'est engagée activement dans la construction d'une vision partagée du développement. En 2000, en signant la Déclaration du Millénaire, la Principauté s'est associée à la communauté internationale pour faire de la lutte contre la pauvreté l'objectif et le point de convergence de tous les efforts en faveur du développement. Sur cette base, Monaco a joué la carte de l'efficacité, en ciblant son action en matière environnementale et en orientant sa politique de coopération humanitaire en faveur de la santé, de l'éducation et de la sécurité alimentaire, secteurs prioritaires des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
État engagé en faveur du développement durable, Monaco est une terre d'accueil naturelle pour les mécanismes internationaux dédiés à la science et à la protection de l'environnement. La Principauté accueille ainsi le siège du secrétariat exécutif de l'accord RAMOGE, l'Organisation hydrographique internationale, les laboratoires de l'environnement de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), le secrétariat permanent d'ACCOBAMS (Accord sur la conservation des cétacés de la mer Noire, de la Méditerranée et de la zone atlantique adjacente) ou encore la Commission internationale pour l'exploration scientifique de la Méditerranée (CIESM).


Priorité à l'environnement


Cette question de l'environnement est centrale. À titre personnel, j'ai décidé de créer, dès 2006, une Fondation dédiée à la protection de l'environnement et au développement durable. Il s'agit d'un défi planétaire qui demande des actions urgentes et concrètes, en réponse à trois grands enjeux environnementaux : le changement climatique, la biodiversité et l'eau.
Ainsi, lors de la Conférence Rio+20, en juin 2012, j'ai souligné qu'il n'était aujourd'hui plus admissible que les océans soient pillés, pollués, surexploités, sans mesurer les conséquences de cette situation qui compromet à la fois leur capacité à être l'une des principales sources de nourriture, leur valeur économique et leur rôle précieux de régulateur environnemental.
Au travers de cet engagement public et personnel, je m'inscris dans la lignée de l'action des Princes de Monaco.
Dans son discours devant l'Académie des sciences américaines le 25 avril 1921, le Prince Albert Ier s'interrogeait déjà sur les effets du développement rapide de la pêche industrielle, constatait la nécessité d'une régulation forte de ce secteur et envisageait alors tout l'intérêt des aires marines protégées.
Lors du Sommet de la Terre de Rio, en 1992, le Prince Rainier III, mon père, avait souligné l'urgence de réponses aux défis auxquels l'humanité devait faire face : la surexploitation des ressources naturelles, les pollutions, les changements climatiques, l'érosion et la désertification des terres, les réfugiés environnementaux, les inégalités croissantes et, déjà, la dégradation des mers et des océans.
À cet égard, la Principauté agit concrètement pour poursuivre ces objectifs, en matière environnementale :
Monaco agit dans le cadre de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction), en faveur de la préservation des espèces, notamment des espèces marines menacées d'extinction du fait de leur surexploitation, comme le thon rouge de Méditerranée, les requins, certains cétacés ou les coraux rouges de Méditerranée.
Des plateformes de rencontres sont organisées, comme l'Atelier d'experts de haut niveau sur le thème de la « gestion durable des océans dans le contexte d'une économie verte et de l'éradication de la pauvreté » qui a eu lieu en novembre 2011 et dont les conclusions constituent le « Message de Monaco », contribution de la Principauté au processus préparatoire de la Conférence Rio+20.
Monaco a été l'un des premiers signataires de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer avec une attention particulière aux besoins de son environnement marin immédiat, la Méditerranée. Dans cette optique, Monaco a été à l'initiative, avec la France et l'Italie, de la création du sanctuaire PELAGOS pour la protection des mammifères marins de Méditerranée, la première aire marine protégée en haute mer.
Monaco porte également une attention particulière à la lutte contre le changement climatique, en adhérant au Protocole de Kyoto, et à l'équilibre menacé de certaines régions du globe, telles que l'Antarctique.


Protéger les droits de l'enfant et de la femme


Je souhaite par ailleurs souligner l'engagement de Monaco dans les domaines de la promotion et de la protection des droits de l'homme, par le biais tant de sa participation aux travaux des organisations internationales que de sa politique de coopération internationale, en portant une attention toute particulière aux droits de l'enfant et de la femme.
Monaco s'investit, politiquement et financièrement, avec ses représentations permanentes, dans la lutte contre les violences faites aux femmes et la promotion de leur rôle dans la société, au sein de toutes les instances internationales qui constituent une tribune en faveur de cette priorité et au travers des campagnes menées. Ainsi, depuis la ratification en 2005 de la Convention des Nations unies sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, la Principauté contribue aux travaux de la Commission de la condition de la femme des Nations unies et co-parraine régulièrement les résolutions relatives à la violence faite aux femmes. Au sein du Conseil de l'Europe, la Principauté participe aux travaux de la Commission pour l'égalité entre les femmes et les hommes et au Comité ad hoc pour prévenir et combattre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique (CAHVIO). De même, Monaco a signé, le 20 septembre 2012, la Convention sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique.
Cette mobilisation du réseau diplomatique monégasque et des représentations permanentes auprès des organisations internationales s'inscrit dans une volonté de partage des expériences, de renforcement des compétences et, plus généralement, de sensibilisation.
En ce sens, la Principauté participe activement et régulièrement aux réunions et aux conférences internationales et régionales, comme la troisième réunion ministérielle de l'Union pour la Méditerranée (UpM) du 12 septembre 2013 à Paris, sur le renforcement du rôle des femmes dans la société. Autre exemple, l'organisation les 28 et 29 octobre 2013 en Principauté de la Conférence méditerranéenne de l'OSCE sur le thème « Renforcement du rôle des femmes dans la vie publique, politique et économique ».
Dans le domaine de la protection des droits de l'enfant, la Principauté est également un acteur engagé et reconnu.
À cet égard, un expert monégasque, Bernard Gastaud, siège actuellement au Comité des droits de l'enfant en charge de surveiller l'application de la Convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant. Après l'admission à l'ONU, c'est ainsi un second anniversaire que célébrera la Principauté en 2013, celui-ci reflétant les vingt années de son implication en faveur des droits de l'enfant. Pour cette occasion, une conférence sur le thème « Regards croisés sur deux décennies d'application de la Convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant au nord et au sud de la Méditerranée » sera organisée le 21 novembre 2013, à Monaco. Par ailleurs, toujours dans ce domaine d'action prioritaire de sa politique internationale, Monaco a joué un rôle important au sein du Conseil de l'Europe, d'abord dans la mise en oeuvre du programme « Construire une Europe pour et avec les enfants », qui a été lancé à Monaco en 2006 puis a été suivi de l'accueil, cinq ans après, de la Conférence intitulée « Construire une Europe adaptée aux enfants : changer une vision en réalité », destinée à évaluer les progrès réalisés au cours de cette période et à définir les priorités de la prochaine Stratégie du programme (pour les années 2012 à 2015).


Faire reculer la pauvreté


Je voudrais, pour terminer ce tour d'horizon, rappeler l'importance toute particulière que j'attache à la mise en oeuvre des huit Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) adoptés par les Nations unies en 2000.
Dans ce contexte, j'ai demandé à mon gouvernement, qui mène cette politique de coopération internationale depuis plus de vingt ans, de faire de la lutte contre la pauvreté sa priorité d'intervention, notamment dans les domaines de la santé maternelle et infantile, de la lutte contre les pandémies et les maladies négligées, de la sécurité alimentaire, de l'éducation, de l'égalité des sexes et de l'environnement durable.
La création d'un dispositif chargé de la coopération internationale pour l'environnement et le développement, en 1990, a posé les bases d'une réelle stratégie de coopération bilatérale et multilatérale ainsi que de la réalisation de programmes de plus grande envergure.
En 2003, le redéploiement du dispositif a été l'occasion de mettre davantage l'accent sur des thématiques liées aux problèmes de développement (santé et éducation) et de contribuer plus efficacement aux OMD. C'est ainsi qu'un Bureau de la coopération internationale a été mis en place en Principauté, avant de devenir la Direction de la coopération internationale, placée sous l'autorité de mon gouvernement.
La Principauté a choisi de s'associer avec les organisations internationales dont le mandat était principalement dédié aux OMD, au plus près des besoins des populations vulnérables. Ces partenariats, pour lesquels la Principauté mobilise des moyens politiques (ambassadeurs et délégations), financiers (contributions obligatoires et volontaires) et humains (programmes de volontaires expatriés au sein d'organisations internationales), doivent permettre de conjuguer les efforts et de créer un effet de levier pour rendre l'aide internationale plus efficace.
Dans le domaine de la santé, la Principauté a noué des partenariats avec les grandes agences onusiennes telles que l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'Onusida, le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), mandatées pour faire face aux défis liés à la sécurité alimentaire, à la lutte contre les maladies (VIH/sida, paludisme, poliomyélite...), à l'accès aux soins et au renforcement des systèmes de santé qui constituent le coeur de l'action monégasque. D'autres partenariats, plus spécifiques, ont été mis en place, par exemple avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) dans le domaine de la lutte contre le cancer, ou avec l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) pour la jeunesse et l'accès à la culture.
Par ailleurs, en complément de son action en faveur du développement social et humain, la Principauté de Monaco vise à favoriser le développement économique dans les zones marginalisées (zones rurales, camps de réfugiés...). Pour ce faire, elle trouve auprès d'organisations comme le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) un appui pour renforcer, dans ces poches de pauvreté, la formation professionnelle, la création d'emplois et l'insertion sociale.
Ces populations vulnérables sont les premières touchées en cas de crises politiques ou de catastrophes naturelles. Ainsi, l'aide humanitaire d'urgence constitue un axe complémentaire de la coopération monégasque. Lors de conflits, tels que ceux qui frappent actuellement la Syrie et le Mali, la Principauté s'appuie sur les organisations internationales chargées de porter assistance aux victimes : le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ou la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR). Elle s'appuie également sur d'autres organisations, comme l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) ou encore le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) pour faire face aux situations humanitaires alarmantes que peuvent vivre les réfugiés.
Face à des situations de grande précarité, qui favorisent l'émergence de nombreux trafics, la Principauté participe aux efforts internationaux de lutte contre la traite des êtres humains en soutenant l'action de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC) et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). La Principauté vise à la pérennité d'actions concrètes de terrain, en particulier dans les Pays les moins avancés, qui concentrent 70 % de ses financements au titre de l'aide publique au développement. C'est la raison pour laquelle la Principauté soutient ces organisations internationales dans leur processus de réforme visant à améliorer le caractère opérationnel et l'efficacité des missions.
En 2015, la Principauté participera à la revue des résultats sur les Objectifs du Millénaire pour le développement. Le bilan et les enseignements des années passées ne pourront que souligner l'ampleur de la tâche qui se présente aux nations du monde. Parmi celles-ci, Monaco continuera de promouvoir une coopération au service des plus vulnérables, tout en soutenant l'objectif commun d'un développement durable. Les objectifs de développement durable devraient prendre en compte ces résultats et remplacer les OMD pour le cadre global de développement post-2015.
Pour conclure cette évocation du rôle de la Principauté au sein des institutions onusiennes et internationales, permettez-moi de retenir l'une des phrases de Son Excellence Monsieur Ban Ki-moon, prononcée à l'occasion d'un discours marquant le vingtième anniversaire de l'admission de Monaco à l'ONU et qui m'a particulièrement touché : « Monaco est un petit pays... au grand coeur. » Cette visite officielle en avril dernier - une première en Principauté - a été pour moi l'occasion de m'entretenir avec le secrétaire général de l'ONU autour des priorités d'action communes et de l'agenda des Nations unies, notamment en matière de droits de l'homme et de développement durable, piliers de la politique internationale de la Principauté.
Des engagements que la Principauté continuera de tenir avec conviction pour relever les défis auxquels nous devons aujourd'hui faire face.
S.A.S. le Prince Albert II de Monaco