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Monaco, un modèle unique et pérenne

« Quel est le secret de Monaco ? » Avec un optimisme sans doute un peu présomptueux sur la capacité d'un ministre d'État à détenir des réponses sur tous les sujets, de nombreux visiteurs nous interrogent régulièrement sur ce point. La Principauté ne laisse personne indifférent, mais ses réussites sont trop peu motivées dans l'imaginaire collectif. Ni secrets ni mystères : il suffit d'observer le pays et d'écouter sa communauté pour en déceler quelques « recettes ». Au final, on pourra en conclure que Monaco est un modèle unique et pérenne. La première clef, évidente mais pas toujours bien comprise, repose sur le fait que Monaco est un « État souverain et indépendant », dans le cadre des principes généraux du droit international et des conventions particulières avec la France.

Un État indépendant et souverain

La Constitution promulguée le 17 décembre 1962 est la Loi fondamentale de l'État. Elle en fixe l'organisation générale, définit ses institutions et en règle le fonctionnement. Elle scelle également l'union des Princes et des Monégasques, union qui garantit l'avenir de la Principauté et en explique l'histoire comme indiqué par Thomas Fouilleron dans son article. Le principe du gouvernement est la monarchie héréditaire et constitutionnelle, et la Principauté est un État de droit attaché au respect des libertés et des droits fondamentaux.

En application de ces dispositions, la Principauté de Monaco :

- est incarnée, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, par le Prince qui, de par son statut monarchique et héréditaire, assure la pérennité du pays et de sa politique grâce à la continuité dynastique et aux importants pouvoirs constitutionnels conférés au chef de l'État ;

- est membre des principaux organismes internationaux (ONU, Unesco, OMS, AIEA, FAO, OMT...) et entretient des relations diplomatiques et/ou consulaires avec aujourd'hui 129 pays à travers le monde ;

- est caractérisée par le fait que le pouvoir exécutif relève de la haute autorité du Prince ;

- est caractérisée par la séparation des fonctions administrative (qui relève de la haute autorité du Prince), législative (exercée par le Prince et par le Conseil national) et judiciaire (qui appartient au Prince qui en délègue le plein exercice aux cours et tribunaux), mais également par la recherche permanente du meilleur consensus ;

- est dotée d'un gouvernement composé du ministre d'État (qui représente le chef de l'État et dirige les services exécutifs) et de 5 conseillers de gouvernement, nommés par le Prince et responsables seulement devant ce dernier ;

- dispose d'une Assemblée (le Conseil national) de 24 membres élus pour 5 ans, qui est seule habilitée à voter les lois et plus particulièrement le budget annuel de l'État ;

- est composée d'une commune administrée par un Conseil municipal présidé par le maire qui est à la fois un agent de la commune et un agent de l'État ;

- comprend divers organismes consultatifs (Conseil de la couronne, Conseil d'État, Conseil économique et social) qui donnent des avis au gouvernement ;

- accorde une grande importance aux libertés et aux droits fondamentaux, importance attestée par l'ampleur et par la protection dont ils font l'objet au sein même des différents articles de la Constitution.

Ces institutions, qui ont relativement peu évolué au cours du règne du Prince Rainier III puis, depuis 2005, du Prince Albert II ne sont pas remises en cause. Elles fondent un consensus solide défendu par la communauté monégasque, les enfants du pays (étrangers ayant de très fortes attaches avec la Principauté) et ceux qui ne résident sur le territoire monégasque que depuis quelques années.

Les différentes composantes de la population de Monaco vouent ainsi une fidélité et un attachement particuliers au Prince et à sa famille. Sept siècles d'histoire expliquent l'évolution progressive de ces institutions dans le cadre d'une monarchie héréditaire, devenue constitutionnelle en 1911 et ayant toujours prôné la neutralité, notamment au niveau des accords internationaux signés. Cette première dimension, qui fonde la souveraineté de l'État monégasque, ne suffit pas à expliquer sa réussite. La Principauté de Monaco bénéficie en effet, outre ces institutions stables et équilibrées, d'une situation privilégiée qu'elle a su valoriser.

Des atouts incomparables

Sa position géographique est enviée, en bordure maritime sud de l'Europe occidentale, dans une enclave des Alpes-Maritimes, à proximité de la frontière italienne et au bas de la chaîne montagneuse des Alpes. Cette situation garantit un environnement naturel et climatique particulièremement apprécié tout au long de l'année. Cette position est servie par une excellente accessibilité, aussi bien par voie terrestre (autoroute et chemin de fer), aérienne (proximité de l'aéroport international de Nice et de liaisons permanentes par hélicoptère) que maritime. Signalons à ce propos que l'État est engagé dans une politique de mobilité ambitieuse. Celle-ci se traduit par le développement des moyens de transports alternatifs et collectifs, mais également par des investissements constants pour améliorer la circulation (tunnels, parkings, réseaux de transports, ascenseurs publics...).

La mobilité n'est que l'un des volets d'une priorité portée par S.A.S. le Prince Albert II depuis son avènement autour des enjeux du développement durable au service de la planète. Cet engagement, qui rencontre un écho international considérable, trouve son prolongement quotidien à Monaco, dans un contexte urbain particulièrement dense, comme Louis Nègre le montre dans son texte sur les énergies renouvelables.

Si un pays se fixe l'ambition d'être un « modèle », son organisation collective, au sens de « service public », doit viser l'exemplarité. J'ai l'honneur de diriger une Administration de très haute qualité, qui sait se moderniser en poursuivant la mise en place de politiques publiques ambitieuses, économes des finances de l'État et efficaces au service de chacun.

Parmi ces politiques, la garantie du maintien du niveau de sécurité des personnes et des biens n'est pas étrangère à la réputation de « tranquillité » de Monaco. Peu de pays ou de villes au monde disposent de tels moyens au kilomètre carré : plus de 250 policiers et plus de 300 caméras de télésurveillance publique. Une expertise reconnue sur le plan international dans le cadre des relations entre services de police, dans des domaines qui touchent aussi bien à la petite qu'à la grande criminalité.

De manière plus large, et sous l'autorité du gouvernement organisé en différents départements qui couvrent toute l'activité publique, nous ne pouvons que nous réjouir d'un certain nombre d'éléments qui ne sont pas des « opinions », mais bien des faits :

- le système éducatif est l'un des plus performants parmi les pays développés ;

- l'accompagnement social et le système de soins sont parmi les plus avancés. D'une manière générale, les diverses mesures sociales existant à Monaco - notamment les aides aux personnes âgées et les aides à la famille - sont particulièrement favorables. De même, l'État a consenti des efforts très importants pour permettre aux Monégasques de se loger dans de bonnes conditions malgré des loyers très élevés dans le secteur privé. La politique de santé publique, sur le plan tant de la prévention que de l'organisation des soins, n'est pas étrangère au fait que Monaco détient un record parmi les pays de l'OCDE : celui de l'espérance de vie de ses habitants.

La qualité des aménagements et des équipements publics est une priorité du gouvernement princier avec une programmation de grands travaux d'intérêt public (qui représentent 25 à 30 % de l'ensemble des dépenses de l'État) dans le cadre d'un savant compromis entre densité urbaine, présence d'espaces verts (20 % du territoire), limitation des nuisances, projets ambitieux (en sous-sol mais aussi en mer et en hauteur)... et sagesse budgétaire.

Des finances saines

Cet aspect est l'un des secrets les moins bien gardés de la Principauté : nos finances sont saines ! (cf. Mathieu Laine dans son article sur la stratégie économique de Monaco). C'est même l'un des très rares pays à n'avoir pas un centime de dette publique, ce qui est évidemment un gage d'indépendance et qui rassure tous les candidats à l'installation. Tout en maintenant un haut niveau d'investissement, les dépenses de fonctionnement ont été contenues ces dernières années. Ces efforts ont été poursuivis sans s'endetter, sans toucher au FRC (Fonds de réserve constitutionnel), gage de sagesse alors que l'Europe traversait l'une des pires crises économiques de son histoire.

Dans le même temps, les recettes publiques ont augmenté, en particulier grâce aux « produits et revenus du domaine de l'État ». Cette précision nous permet d'aborder l'un des points les plus commentés (et souvent de manière imprécise) de l'attractivité monégasque : sa fiscalité. Monaco a ainsi optimisé ses recettes tout en maîtrisant ses dépenses, avec un budget à l'équilibre. Alors qu'avec la crise en 2008 nos finances ont accusé un déficit qui pouvait être préoccupant, la politique de mon gouvernement est claire : aucune dette souveraine, pas de déficit budgétaire.

La fiscalité monégasque tient compte de nombreux paramètres. Monaco vit de l'impôt. À travers son interview, Pierre-André Chiappori apporte un éclairage très intéressant et inédit sur les particularismes de l'économie monégasque.

Les recettes fiscales représentent environ 70 % des recettes totales de l'État et proviennent essentiellement de la TVA, dont les taux sont les mêmes qu'en France. Les loyers très élevés du secteur privé sont compensés par une taxation directe réduite. Le seul impôt direct perçu en Principauté est l'impôt sur les bénéfices des activités industrielles et commerciales. Les Monégasques et les résidents étrangers (à l'exception des nationaux français et américains) ne sont pas soumis à un impôt sur le revenu (cela ne concerne, bien entendu, que les activités ou les personnes établies réellement sur le territoire monégasque et n'ayant pas de biens ou de revenus à l'étranger). Les droits de succession ou de donation s'appliquent aux biens situés en Principauté ou qui y ont leur assiette, quels que soient le domicile, la résidence ou la nationalité du défunt ou du donateur.

En ce qui concerne la fiscalité des entreprises, il convient de noter que les sociétés qui exercent une activité industrielle ou commerciale et qui réalisent plus de 25 % de leur chiffre d'affaires en dehors de Monaco sont imposables à l'ISB (impôt sur les bénéfices des personnes morales) avec les mêmes taux qu'en France. C'est la nature de l'activité et de la localisation qui détermine l'assujettissement.

Les entreprises créées en Principauté qui entrent dans le champ d'application de l'impôt sur les bénéfices et développent une activité réellement nouvelle sont exonérées de cet impôt pendant les deux premières années et bénéficient d'un régime de faveur au cours des trois années suivantes.

Les droits d'enregistrement sont perçus à l'occasion de la formalité relative aux actes publics des notaires et des huissiers. Depuis le 1er janvier 1993, le régime général applicable aux échanges intra-communautaires de produits soumis à accises est en vigueur en Principauté.

Sur le plan international, il est important de souligner que Monaco respecte les exigences en matière de transparence fiscale formulées par l'OCDE et a poursuivi les négociations engagées dès 2009 en vue de la conclusion de conventions de non-double imposition ou bien d'accords en termes d'échanges d'informations fiscales. La Principauté se conforme ainsi aux engagements pris auprès des instances internationales (cf. le texte de Jacques-Henri David sur la vie financière).

On peut donc convenir que Monaco dispose, grâce à sa situation, à l'engagement séculaire de sa famille princière et à la mise en place par ses gouvernements d'une politique publique raisonnée, d'arguments qui peuvent expliquer la pérennité du modèle monégasque. Cependant, ce serait passer à côté d'un maillon essentiel de la réussite de notre pays : l'activité humaine, la création, le sport, la culture, le tourisme, la recherche... Et cette touche de « magie » traverse notre pays, sensible pour tout visiteur qui le découvre (à lire, sur ce sujet, l'article de S.A.R. la Princesse de Hanovre).

Les clés de l'attractivité

Monaco ne doit pas seulement rester « attirant », mais devenir chaque jour un peu plus « attractif ». Sous l'impulsion du Prince souverain, j'ai ainsi mis en place avec le gouvernement et tous les acteurs de la Principauté une démarche ambitieuse d'« attractivité ». Cette démarche vise à développer l'activité économique en valorisant les atouts de Monaco et en facilitant l'installation de nouvelles entreprises. La politique économique menée depuis le début des années 1950, et qui doit être prolongée, a été marquée par une croissance ininterrompue qui a concerné la plupart des principaux secteurs d'activité : immobilier, commerce et trading, banque, shipping, travaux publics, télécommunications, hôtellerie et restauration, professions libérales...

Pour valoriser les atouts de Monaco, le gouvernement ne se contente pas d'optimiser ses attributs régaliens afin d'offrir un service public de qualité. Il intervient directement pour soutenir de grandes entités culturelles (ballets, orchestre philarmonique, opéra, théâtres, musées...) qui participent au rayonnement de Monaco et stimulent le tourisme. Elles offrent les meilleures conditions à l'organisation d'événements à portée mondiale. Le Grand Prix de Formule 1 (lire aussi l'interview de Jacky Ickx sur ce sujet) est le troisième spectacle télévisuel mondial (après les Jeux Olympiques et la Coupe du monde de football) et le Monaco Yacht Show est devenu la première manifestation internationale du genre. Quant au nombre de congrès, il dépasse un total de 600 par an. L'État est l'actionnaire majoritaire de la Société des Bains de Mer, entreprise emblématique de Monte-Carlo, au niveau tant des casinos que des hôtels et restaurants, mais aussi des nombreux spectacles de gala de prestige et de quelques événements d'exception. Dans un autre domaine qui concourt au rayonnement de Monaco, citons les activités scientifiques, illustrées par le Musée océanographique et son histoire, mais aussi par les activités du Centre scientifique et par l'implantation en Principauté du Bureau hydrographique international et du Laboratoire de radioactivité marine de l'AIEA, sans oublier le rôle joué par la CIESM (Commission internationale d'exploration scientifique de la Méditerranée) et par l'accord RAMOGE (collaboration italo-franco-monégasque dans le domaine maritime).

Pour faciliter l'installation de nouvelles activités, le gouvernement princier développe un certain nombre d'initiatives avec le concours de tous les acteurs concernés.

L'économie monégasque est historiquement solide et tournée vers le développement international. Monaco est une place bancaire de grande qualité, disposant notamment de personnels hautement qualifiés et de structures modernes (favorisant, par exemple, le développement de la gestion de patrimoine et des family offices). En dehors de l'activité bancaire, l'économie reste très diversifiée, s'appuyant sur plusieurs secteurs de pointe et s'adaptant aux spécificités du pays mais aussi à l'évolution du monde d'aujourd'hui. Selon l'IMSEE (Institut monégasque de la statistique et des études économiques), huit secteurs pèsent entre 6 et 10 % du PIB. Monaco est une destination privilégiée pour les investisseurs, selon un modèle « onshore » favorisé par un mécanisme fiscal privilégiant les activités en Principauté. La pratique de la langue anglaise (en plus de l'italien et surtout du français) est courante dans le monde des affaires... comme au quotidien.

Solide et internationale, l'économie monégasque ne pouvait rester imperméable à la conjoncture internationale. Il fallait donc compenser les effets probables d'une crise par un surcroît de volume d'affaires, en particulier par l'émergence de nouvelles activités et l'installation d'entreprises.

Cette démarche d'attractivité est transversale à l'ensemble de la société monégasque. Chacun sent, dans son domaine, qu'il participe à rendre le pays plus ouvert, plus accueillant. Au centre de ce mouvement, le gouvernement princier a cherché à associer tous les acteurs économiques en créant, en 2011, le Conseil stratégique pour l'attractivité (CSA) et à mettre en place une collaboration encore plus étroite entre le secteur public et le secteur privé (initiatives communes, contacts établis avec le Club des résidents étrangers de Monaco, mise en place d'un label « Monaco Welcome »...). Le CSA, composé majoritairement de personnalités du secteur privé, est chargé de réfléchir à toutes les questions économiques relatives à l'avenir de la Principauté et de présenter au gouvernement des suggestions et des propositions, notamment en matière de prospective.

Plusieurs actions, dont beaucoup trouvent leur inspiration dans les travaux du CSA, ont été mises en place. La Chambre de développement économique, qui regroupe plus de 400 entreprises, mène régulièrement des opérations à l'étranger, anime la vie économique monégasque et oriente les investisseurs potentiels vers les partenaires utiles en Principauté. Les rapports avec les administrations et le circuit des contacts entre elles et les usagers ont été repensés, allégés, adaptés à l'ère numérique. Le gouvernement a souhaité que les investisseurs étrangers à haut potentiel désireux de s'installer sur le territoire monégasque puissent être accueillis et assistés au sein de l'administration afin de faciliter et d'accélérer leurs démarches (établissement à titre personnel ou d'une société). Dans cette optique a été créée la Monaco Private Label Card, sorte de conciergerie de luxe destinée aux étrangers sélectionnés par le corps diplomatique et consulaire de la Principauté à l'étranger et désireux de se rendre à Monaco ou de bénéficier d'un accueil haut de gamme à leur arrivée.

Le gouvernement a décidé depuis deux ans de réserver un accueil spécifique aux entrepreneurs et de créer le Monaco Welcome and Business Office chargé d'être à l'écoute des professionnels (mais aussi des personnes venant de s'installer à Monaco), de faciliter les contacts et d'apporter une assistance dans les démarches administratives. Des démarches qui bénéficient des mesures liées à la modernisation des procédures administratives (simplification, réduction des délais d'instruction des dossiers, amélioration des conditions de réception du public...). Initiative plus récente directement inspirée des travaux du CSA, un plan « Accueil » va fédérer l'ensemble des acteurs privés et publics en vue de renforcer encore davantage la qualité de l'accueil et du service sur l'ensemble du territoire monégasque.

L'importance du facteur humain

Monaco, pays attirant, attractif, disposant d'une économie saine, a de solides perspectives de développement. Ces éléments sont vitaux pour envisager l'avenir, en particulier dans une conjoncture incertaine. Cela suffit-il à faire de Monaco un État modèle ? Sans doute serait-ce passer à côté de qualités qui touchent à la dimension humaine de la Principauté et à son rôle.

Cette fibre humaine est palpable pour le visiteur dès son arrivée. Unie derrière la famille princière, la communauté monégasque est souvent considérée, en elle-même, comme une famille. On se connaît, on prend des nouvelles de l'autre, et la solidarité est appuyée par une politique sociale assumée au service des plus fragiles. Pourtant, loin d'être repliée sur elle-même, la communauté monégasque est un modèle d'ouverture illustré par l'harmonie qui se dégage entre plus de 130 nationalités se côtoyant sans problème de race ou de religion, ni de clivage particulier. Nous parlons bien de communauté, la part des nationaux (8 600 personnes) étant minoritaire. Aujourd'hui, Monaco compte une population de 36 000 habitants pour 55 000 emplois (dont un peu plus de 49 000 dans le secteur privé et 6 300 dans le secteur public). Les salariés travaillent dans plus de 5 000 entreprises et dans les différentes entités du secteur public.

Ainsi, et cela touche au rôle de Monaco (illustré par une campagne de communication internationale), la Principauté est utile aux pays voisins. En une quinzaine d'années, 20 000 emplois ont ainsi été créés. Les trois quarts contribuent à l'économie de la région PACA. Si tous les jours environ 30 000 Français viennent travailler en Principauté, il est évident que cet apport de main-d'oeuvre est essentiel au pays qui le reçoit mais constitue un poumon indispensable pour les Alpes-Maritimes qui bénéficient, par ailleurs, de nombreuses autres retombées grâce aux résultats économiques de Monaco (PIB, salaires, pensions de retraite, événements de toute nature, congrès, passagers à l'aéroport...).

Les communes limitrophes sont les premières concernées, car plus de la moitié des salariés habitant ces villes viennent travailler à Monaco. La Principauté constitue ainsi le bassin d'emploi d'une partie du département voisin.

Les infrastrutures des services publics profitent également à toutes les communes, y compris celles situées à moins de trente kilomètres de Monaco : dans le secteur hospitalier, par exemple, une grande partie des patients soignés au Centre hospitalier Princesse Grace (dont la maternité est aussi celle de plusieurs villes situées à proximité de Monaco) résident dans l'est des Alpes-Maritimes. D'une manière générale, les pôles d'excellence de la Principauté sont régulièrement utilisés par nos voisins français ou italiens, que ce soit au quotidien, dans des secteurs bien définis (culture, par exemple) ou lors des grands événements (sportifs, mondains...). De son côté, Monaco bénéficie des équipements des communes avoisinantes mais a participé - et continue à le faire - au financement de certaines opérations (aile de l'aéroport de Nice, tunnels, rames de TER...). La Côte d'Azur profite donc de la notoriété internationale de Monaco et de son Prince ainsi que de l'attractivité de ce petit territoire qui rayonne largement au-delà de ses frontières.

Le rayonnement international

Comment évaluer le rôle de Monaco au-delà des frontières de ces pays voisins ? Monaco n'est pas membre de l'Union européenne ni de l'espace Schengen (seulement un point d'entrée), mais fait partie de la zone euro et est dans le périmètre de l'Espace douanier européen. Membre du Conseil de l'Europe depuis 2004, la Principauté témoigne de sa volonté de conformer le droit monégasque aux normes qui touchent aux droits de l'homme et aux libertés individuelles, tout en respectant ses spécificités qui contribuent à unir sa communauté. De même, Monaco dispose d'un modèle de développement économique qui respecte les exigences internationales, en particulier en matière de transparence. La Principauté, de par son statut d'État souverain et indépendant, bénéficie d'une reconnaissance internationale totale et a une place à part dans le concert des nations. Certes, elle se caractérise par sa neutralité qui implique discrétion et humilité. Mais Monaco sait se distinguer dans quelques domaines bien précis, dans lesquels sa notoriété et son rôle sont indiscutables, notamment grâce à l'action de ses Princes.

Le Prince Albert Ier a mis à son époque la science et plus particulièrement l'océanographie à l'honneur, et a favorisé et encouragé un certain nombre d'inventions au début du XXe siècle. Le Prince Rainier III a eu une image de chef d'État bâtisseur et a développé plusieurs facettes de la réalité de Monaco : un pays moderne, une économie diversifiée et en expansion (malgré la taille du territoire) et un savant dosage entre tradition et innovation, entre rêve et activité s'apparentant à celle d'une entreprise très performante. Le Prince Albert II perpétue les objectifs et les valeurs de son père en ajoutant trois grands axes prioritaires.

La protection de l'environnement et de la biodiversité et l'ensemble des actions qui concernent ce secteur. La création de sa Fondation illustre cette vocation. Aujourd'hui le chef de l'État monégasque est sans doute l'une des personnalités mondiales les plus connues pour son engagement et ses convictions en matière d'environnement. Le texte de Michel Rocard illustre parfaitement ce propos. Ses nombreuses actions à l'étranger (participation à des colloques et à d'importantes réunions internationales) et ses initiatives à l'intérieur comme à l'extérieur du territoire monégasque sont très appréciées et donnent à la Principauté une image forte et reconnue dans ce domaine qui prend de plus en plus d'importance.

Le sport est la deuxième passion du Prince Albert II qui est l'un des plus anciens membres du Comité international olympique et qui bénéficie d'une aura indiscutable et respectée dans ce secteur médiatisé et influent. Non seulement le Prince a participé en tant qu'athlète à cinq éditions des Jeux Olympiques, mais il témoigne un grand intérêt au développement de toutes les disciplines sportives et a présidé, il y a quelques années, à la création de l'association Peace & Sport dont il est le président d'honneur, organisatrice d'un forum au renom international et destinée à rapprocher les peuples et les ethnies grâce au sport, à sa pratique et à sa philosophie.

L'action humanitaire peut être considérée comme la troisième priorité du Prince Albert II. Président de la Croix-Rouge monégasque depuis plus de trente ans, le chef de l'État monégasque s'est toujours intéressé aux actions de bienfaisance, notamment celles à dimension internationale. Il a toujours encouragé les nombreuses associations de la Principauté oeuvrant dans ce domaine et a décidé, depuis son avènement, d'augmenter le budget de l'État en matière de coopération internationale de manière conséquente. Par ailleurs S.A.S. le Prince se rend régulièrement sur le terrain (notamment en Afrique, en Asie et en Océanie) pour encourager les actions menées et pour se rendre compte des premiers résultats obtenus (cf. la contribution de Jacques Attali).

L'apport de Monaco à l'Europe et au reste du monde demeure certes limité, mais est caractérisé par le fait que ce petit pays constitue une sorte de « laboratoire » (terme employé par le Prince souverain en 2005 lors de son discours d'avènement) dans la mesure où la taille de l'entité monégasque permet de faire des expériences et de tester certaines initiatives économiques ou sociales, qu'il serait difficile ou impossible de tenter à une autre échelle. La Principauté est aussi un modèle de société. Ses institutions, sa neutralité, sa gestion saine des finances publiques, son équilibre économico-social, son cadre de vie, son rayonnement et, d'une manière générale, la stabilité politique, sociale et financière qui caractérise le pays ne peuvent que susciter de l'intérêt.

Ce modèle, qui est à la fois unique et qui s'est avéré pérenne jusqu'à présent, illustre l'esprit visionnaire des Princes qui se sont succédé, en particulier leurs facultés d'adaptation et l'importance accordée aux grands travaux d'intérêt public. Après le défi de la construction d'un quartier entier sur la mer, Fontvieille, dans les années 1970, S.A.S. le Prince Albert II a annoncé sa décision de lancer un nouveau projet d'extension sur la mer, au droit de l'Anse du Portier. Ce projet, qui fera grandement appel aux entreprises locales, permettra la réalisation de logements haut de gamme et d'équipements publics. Évidemment, ce projet, qui devrait se déployer sur plus de vingt ans, sera un modèle de responsabilité environnementale, tant pour le respect des réserves marines proches que pour la gestion durable des ressources et des déchets.

Monaco, un modèle ? Maintenant que vous en connaissez quelques « secrets », nous vous en laissons juges...