Les Grands de ce monde s'expriment dans

Aramco : le pari de l'innovation

Politique Internationale - Comment, selon vous, évoluera la demande en énergie dans les années qui viennent, et quel rôle joueront le pétrole et le gaz ?
Ahmad O. Al-Khowaiter - En 2040, la population mondiale atteindra 9 milliards d'individus, soit 2 milliards de plus qu'aujourd'hui, des individus à qui il faudra fournir un travail et des conditions de vie décentes. Sous l'effet notamment de cette croissance démographique et du développement des économies émergentes, la demande mondiale en énergie devrait augmenter de 35 %. La demande mondiale en pétrole connaîtra à elle seule une hausse de plus de 10 % au cours des vingt prochaines années par rapport au niveau actuel de 94 millions de barils par jour.
Dans les décennies à venir, les énergies nouvelles joueront un rôle croissant bien qu'encore limité, d'une part, parce qu'elles partent de très bas et, d'autre part, parce qu'elles se heurtent encore à des obstacles d'ordre technique et économique, à des problèmes d'infrastructure et aux réticences des consommateurs.
À court et moyen terme, l'industrie du pétrole et du gaz continuera donc à occuper une place importante dans le mix énergétique mondial. Il est essentiel que, tout en répondant à la demande croissante en énergie, l'industrie du pétrole et du gaz s'investisse en faveur de l'efficacité énergétique et d'une meilleure gestion des émissions de gaz à effet de serre (GES).
P. I. - Quelle est la stratégie de Saudi Aramco en matière de gestion du carbone ?
A. O. A.-K. - Le changement climatique est aujourd'hui l'une des principales priorités de la communauté internationale. La part du pétrole et du gaz dans le mix énergétique mondial étant vouée à rester élevée dans les décennies à venir, Saudi Aramco s'est fixé comme objectif de réduire l'empreinte carbone de ces combustibles, en réponse aux préoccupations des consommateurs. Trois stratégies sont mises en oeuvre : 1) améliorer l'efficacité de l'usage de ces sources d'énergie ; 2) réduire les émissions de carbone liées à leur consommation ; 3) réduire les émissions générées par leur production.
Sur les deux premiers points, nous avons entrepris un important effort de recherche et développement pour améliorer l'efficacité énergétique et réduire les émissions. J'y reviendrai. Nous continuons également à optimiser notre mix énergétique domestique de manière à accroître l'efficacité des services d'utilité publique au Royaume de 25 % d'ici vingt ans.
S'agissant de la troisième stratégie, le Master Gas System que nous avons mis en place dans les années 1970 a permis de réduire très fortement les émissions de CO2. En quarante ans, notre empreinte carbone a été divisée par six et le torchage ne représente plus que moins de 1 % de notre production annuelle de gaz.
En 2014, nous avons équipé 432 puits de technologies « zéro rejet », soit une hausse de 4 % par rapport à 2013. Nous avons ainsi pu récupérer 2,6 milliards de pieds cubes standard de gaz (soit près de 74 millions de m3) et plus de 215 000 barils de brut sur l'année. Les émissions de …