Les Grands de ce monde s'expriment dans

COP21 : le temps des décisions

Politique Internationale - Pourquoi une conférence comme la COP21 est-elle aussi importante ? Qu'apportera-t-elle de plus que les précédentes ?
Laurence Tubiana - Les négociations climatiques n'ont pas très bonne presse ; il faut bien reconnaître que la déception a malheureusement été la règle, et le succès l'exception. Les conférences se succèdent chaque année, et il peut être difficile, à l'oeil nu, de déceler les progrès qui sont accomplis même s'ils sont réels. Mais, cette fois-ci, les choses se présentent de manière différente, et cela à plusieurs titres. Premièrement, parce que 2015 correspond à la date butoir fixée par les États du monde entier pour parvenir à un accord universel et légalement contraignant sur le climat. Les « COP », c'est-à-dire les réunions des 195 États parties à la Convention-climat des Nations unies, se déroulent tous les ans, mais elles n'ont pas toutes la même importance stratégique. Certaines sont des conférences d'étape, où il faut avancer sur certains points et assurer la continuité du processus. Paris sera une conférence de décision : il faudra faire aboutir les discussions.
Deuxièmement, la COP21 se déroulera dans un contexte international favorable. En 2009, au moment de la conférence de Copenhague - notre première tentative pour obtenir un accord mondial -, le Brésil et la Chine disaient : « C'est trop tôt, nous ne sommes pas prêts. » Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Depuis cinq ans, les États ont fait un travail de préparation en interne : il y a aujourd'hui deux fois plus de législations nationales en vigueur au sujet du dérèglement climatique. L'économie bouge aussi ; le coût des technologies vertes a chuté rapidement : celui de l'énergie solaire a diminué de moitié, par exemple. Il y a donc des raisons d'être raisonnablement optimiste en vue de la COP21. Mais il ne faut pas non plus tout en attendre, ce ne sera pas le « grand soir » climatique. Copenhague avait été mille fois décrite comme la conférence de la dernière chance, celle qui allait tout changer ; le contrecoup n'en a été que plus dur. Pour Paris, il faut bien comprendre qu'on se situe dans une tendance de fond : celle d'une transition mondiale vers des sociétés résilientes et sobres en carbone, que la COP21 devrait contribuer à accélérer mais qui continuera de toute façon après elle. La COP21 est un début, elle permettra d'initier un véritable changement des mentalités et de nos sociétés.
P. I. - Les dernières grandes réunions internationales ont-elles fait progresser les négociations ?
L. T. - Les COP de Varsovie en 2013, puis de Lima en décembre dernier ont permis de définir le cadre d'un exercice important et novateur : la préparation des engagements des États en amont de la COP21, ce que l'on a appelé les « contributions nationales » ou INDC (leur acronyme en anglais). C'est un changement de méthode : cela signifie que les pays n'arriveront pas à Paris les mains vides, mais qu'ils auront préparé à l'avance un engagement qui correspond …