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Dossiers spéciaux : n° 149 : Énergie et climat

Politique Internationale - Comment est né le concept de covoiturage ? Est-il commun à de nombreux pays ou fait-il au contraire intervenir des spécificités domestiques ?
Frédéric Mazzella - Tout commence aux États-Unis dans les années 1970. La crise pétrolière fait sentir ses effets et une réflexion s'amorce autour des attitudes qui favorisent les économies de carburant. Dès cette époque, le covoiturage renvoie à deux segments bien identifiés : d'une part, les trajets courts et réguliers ; d'autre part, les déplacements plus longs et exceptionnels. Sans doute l'autostop est-il déjà un outil de covoiturage, mais il ne brille pas par sa fiabilité : sauf exception, on ne sait ni quand on part ni quand on arrive. Et encore moins avec qui. Dans le cas de BlaBlaCar, qui s'est spécialisé sur les trajets longs - plus de 300 kilomètres en moyenne - et occasionnels, la précision et la confiance sont au contraire les maîtres mots : nos membres disposent, en amont, de nombreuses informations sur le trajet - heure et lieu de départ et d'arrivée, coût, photo de la voiture... -, mais aussi sur les autres covoitureurs à bord - photo, âge, biographie, avis des membres... Tout est fait pour savoir avec qui l'on part et pour organiser au mieux ses déplacements.
En France, le covoiturage a pris son essor grâce aux nouvelles technologies (smartphones, réseaux sociaux, Internet haut débit...) qui ont facilité la mise en réseau des individus et permis aux conducteurs et aux passagers d'entrer en relation plus rapidement. Il faut aussi souligner, bien entendu, le travail de BlaBlaCar qui, depuis de nombreuses années, s'efforce de créer une communauté de confiance, de bâtir une plate-forme ergonomique, robuste et fiable, et de sensibiliser les Français aux vertus du covoiturage. Aujourd'hui, la France est le pays où ce mode de déplacement se développe le plus vite, avec un très fort taux de pénétration, notamment chez les 18-25 ans (plus de 35 %).
P. I. - Êtes-vous en mesure de calculer les gains réalisés par votre activité en termes d'empreinte écologique ?
F. M. - Avant toute chose, permettez-moi de vous raconter la naissance de notre aventure. C'était il y a quelques années, au moment des fêtes de fin d'année : faute de pouvoir rallier la Vendée, où réside ma famille, en train - les rames étaient entièrement réservées -, ma soeur et moi sommes descendus en voiture de Paris. Sur l'autoroute, j'ai été frappé de constater à quel point les gens seuls au volant étaient nombreux. J'ai immédiatement pensé à ce gâchis économique mais également écologique, surtout quand il s'agit d'une grosse cylindrée ou d'un véhicule pesant près d'une tonne. En Europe, le taux d'occupation moyen pour un trajet longue distance est de 1,6 personne par voiture. Il est de 1,7 en France, alors qu'il grimpe à 2,8 personnes dans le véhicule d'un membre de BlaBlaCar. Le covoiturage est donc clairement une façon d'optimiser les ressources existantes.
Calculer l'empreinte environnementale exacte est un exercice délicat car plusieurs critères et plusieurs méthodes …