Politique Internationale - Comment une fédération professionnelle comme GasNaturally, chargée de défendre les intérêts du gaz via le regroupement de plusieurs associations, peut-elle participer à la lutte contre le réchauffement climatique ?
François-Régis Mouton - Vous l'avez dit, GasNaturally regroupe l'industrie gazière européenne via six associations professionnelles qui représentent 150 entreprises, dont de très grandes comme Engie (ex-GDF Suez) ou Total. Et vous l'avez dit aussi, nous sommes activement engagés dans la lutte contre le réchauffement climatique. Il n'y a aucune contradiction dans cette démarche, sinon je ne pourrais l'accepter en tant que président et en tant que citoyen européen. Bien au contraire, je suis convaincu que l'industrie du gaz peut apporter une réponse cohérente au défi du réchauffement climatique : dans les différents secteurs - chauffage, production d'électricité, transport -, le remplacement d'autres combustibles par le gaz permettrait en effet de réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre tout en accompagnant le développement des énergies renouvelables. D'ailleurs, la plupart des observateurs et des acteurs du débat énergétique européen s'accordent à penser que le gaz jouera un rôle majeur dans la transition énergétique.
P. I. - Croyez-vous à une coexistence harmonieuse entre fossile et renouvelable ?
F.-R. M. - J'ai coutume de répondre à cette question que le gaz naturel n'est pas une « énergie fossile ». C'est évidemment un clin d'oeil, mais j'y crois, en ce sens que le gaz est très différent des autres énergies fossiles, en particulier du charbon. Chez GasNaturally, nous avons mis en place plusieurs groupes de travail, dont l'un est chargé d'établir un véritable dialogue avec les associations professionnelles représentant les énergies renouvelables. L'objectif de ce dialogue est de dégager des positions communes en vue d'établir un nouveau « design » du marché électrique en Europe, aujourd'hui en proie à quelques paradoxes inquiétants. L'Allemagne en fournit un bon exemple : d'un côté, ce pays a accordé en 2014 plus de 24 milliards d'euros de subventions aux énergies renouvelables, soit plus des trois quarts du budget français de la défense ; de l'autre, ses centrales à charbon - et pire, au lignite - tournent à plein régime pour pallier le retrait progressif du nucléaire d'ici à 2022. Cette situation n'est plus tenable : les émissions de carbone ne diminuent pas, le prix de l'électricité augmente et la sécurité d'approvisionnement n'est plus assurée. Autant dire un fiasco. A contrario, le duo gaz-renouvelables offre des perspectives prometteuses : les centrales à gaz sont celles qui répondent le plus rapidement aux variations de la demande en produisant de l'électricité en quelques dizaines de minutes, ce qui complète très utilement la production d'électricité à partir d'énergies éolienne ou photovoltaïque, par définition intermittentes. Le renouvelable est aujourd'hui en plein essor, mais sa nature incontrôlable - quand il n'y a pas de vent ou de soleil, l'électricité n'est pas produite - pèse sur sa fiabilité. La combinaison gaz-énergies renouvelables garantit la sécurité d'approvisionnement d'un marché de l'électricité à la fois efficace et respectueux de l'environnement.
P. I. - …
Ce site est en accès libre. Pour lire la suite, il vous suffit de vous inscrire.
J'ai déjà un compte
M'inscrire
Celui-ci sera votre espace privilégié où vous pourrez consulter à tout moment :
- Historiques de commandes
- Liens vers les revues, articles ou entretiens achetés
- Informations personnelles