2017 marque un anniversaire important pour le Kazakhstan : il y a 25 ans, notre pays est devenu un membre de plein droit de l'ONU. C'est à partir de ce moment-là qu'a réellement démarré l'histoire moderne du développement de la diplomatie kazakhstanaise.
Aujourd'hui, on peut dire de manière certaine que, depuis son indépendance, malgré les difficultés qu'il a connues au cours de la formation et du développement de son jeune État, le Kazakhstan a enregistré des succès importants tant en matière de développement économique, politique, social et culturel que dans le domaine de la diplomatie internationale.
À présent, il ne s'agit plus seulement, pour notre pays, de détenir un siège au sein des Nations unies, mais aussi de participer activement à la gestion de divers complexes processus politiques internationaux. En juin 2016, par une majorité écrasante des voix, l'Assemblée générale a élu le Kazakhstan en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité de l'ONU pour les années 2017-2018. C'est la première fois que la région de l'Asie centrale est représentée au sein de cette instance.
Ce statut offre au Kazakhstan de nouvelles opportunités pour établir un vaste et fructueux développement de sa coopération avec les membres du Conseil de sécurité et, au-delà, avec tous les pays membres de l'ONU. Il permettra à notre État de renforcer ses relations avec ses partenaires traditionnels et, aussi, avec des régions nouvelles pour lui comme l'Afrique, l'Amérique latine, l'Océanie et les Caraïbes.
Bien entendu, pour le Kazakhstan, siéger au Conseil de sécurité n'est pas seulement une prestigieuse mission internationale. C'est aussi une haute responsabilité vis-à-vis de la communauté internationale et une grande épreuve pour la diplomatie de notre pays. C'est pourquoi nous avons la ferme intention de faire tout notre possible pour améliorer l'efficacité de l'activité du Conseil de sécurité et, en premier lieu, pour renforcer la stabilité et la sécurité planétaires.
Au moment où ces lignes sont écrites, il est possible de dresser un premier bilan du travail que nous avons effectué au cours de nos six premiers mois au Conseil de sécurité. Il est incontestable que le Kazakhstan a jusqu'ici assumé avec succès les responsabilités qui lui ont été confiées à ce poste si important.
Le Kazakhstan examine impartialement toutes les questions soulevées au Conseil de sécurité des Nations unies, y compris celles relatives à la non-prolifération, à la prévention des conflits et à la consolidation de la paix après les conflits. Sur tous ces grands sujets, notre pays a élaboré des plans clairs et précis pour les deux années de son mandat.
En janvier dernier, j'ai eu l'honneur, en ma qualité de ministre des Affaires étrangères, de participer aux débats publics du CS de l'ONU consacrés au thème « Prévention des conflits et pérennisation de la paix ». Au cours de cette réunion, j'ai présenté l'Adresse politique du président Noursoultan Nazarbaïev au CS de l'ONU, un texte rédigé à l'occasion de l'entrée en vigueur du mandat du Kazakhstan en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité.
Cette Adresse est devenue l'un des documents de référence lors des discussions tenues à ce moment-là au CS de l'ONU sur la diplomatie préventive et la consolidation de la paix. Elle englobe sept priorités saluées par les pays membres de l'ONU :
1. instauration d'un monde exempt d'armes nucléaires ;
2. prévention et élimination totale de la menace d'une guerre globale à travers la diminution du degré de la confrontation militaire aux niveaux mondial et régional ;
3. création d'un modèle régional de paix, de sécurité, de coopération et de développement en Asie centrale ;
4. lutte contre le terrorisme et l'extrémisme internationaux ;
5. renforcement des mesures de réconciliation et de rétablissement de la paix sur le continent africain ;
6. actions conjointes pour la prévention des guerres et des conflits, la protection des droits de l'homme, la mise en place des Objectifs de développement durable et la lutte contre les changements climatiques ;
7. intensification des efforts pour l'élargissement de la coopération entre toutes les organisations régionales de sécurité collective d'Europe, d'Amérique, d'Asie et d'Afrique.
En se fondant sur ces priorités, le Kazakhstan a l'intention de soulever les problématiques importantes pour l'Asie centrale, y compris les questions de sécurité régionale.
À cet égard, la régularisation politique et l'amélioration de la situation sociale et économique en Afghanistan constituent à nos yeux une clé pour la stabilité et la sécurité de la région. L'objectif principal du Kazakhstan est la transformation de cette région en une « zone de paix, de coopération et de sécurité ».
Dans ce contexte, le Kazakhstan souhaite initier l'adoption d'une résolution du CS de l'ONU concernant la situation en Asie centrale et en Afghanistan. Nous allons profiter de la plateforme du Conseil de sécurité pour impliquer les pays donateurs et les organisations internationales dans la mise en oeuvre de projets communs en Afghanistan et dans les pays d'Asie centrale.
Du fait de la connaissance des spécificités régionales que possède notre pays et des liens bilatéraux étroits qu'il entretient avec tous les acteurs concernés, le Kazakhstan a été nommé à la tête du Comité du Conseil de sécurité consacré à l'Afghanistan et aux Talibans (dit Comité 1988 car il a été mis en place conformément à la résolution 1988).
Le Kazakhstan préside également le Comité Daech et Al-Qaïda (dit Comité 1267/1989/2253) et le Comité Somalie/Érythrée (dit Comité 751/1907).
Le Kazakhstan a annoncé sa décision de contribuer à hauteur de 300 000 dollars au Fonds d'affectation spéciale des Nations unies pour la lutte contre le terrorisme. Ces fonds seront destinés à la mise en place de la Stratégie globale contre le terrorisme, notamment de la troisième phase de ce projet, dénommée « Appui à la mise en oeuvre de la Stratégie mondiale antiterroriste des Nations unies en Asie centrale ». La République du Kazakhstan est devenue le premier pays donateur de ce programme : elle finance son budget à plus de 10 %.
En tant que membre du CS de l'ONU, le Kazakhstan a participé activement et de manière constructive à plus de 150 réunions (y compris les débats publics et les briefings), environ 60 consultations, 10 rencontres du Groupe E-10 qui regroupe les membres non permanents et 5 déplacements des États membres du CS (dans le bassin du lac Tchad en Afrique ; à Washington pour rencontrer le président, le secrétaire d'État et les membres du Congrès des États-Unis ; dans la ville de Manhasset à l'occasion d'une réunion avec le secrétaire général de l'ONU, ainsi qu'en Colombie et en Haïti).
Lors desdites manifestations, la délégation kazakhstanaise a toujours soulevé les questions prioritaires pour le Kazakhstan telles que la diplomatie préventive, le renforcement des mesures de confiance, la non-prolifération nucléaire, la régulation des conflits, la lutte contre le terrorisme international et autres. Le Kazakhstan se présente comme un médiateur impartial et juste.
En particulier, en ayant à l'esprit nos priorités concernant l'Afghanistan et l'Asie centrale, nous avons activement participé à la rédaction de la résolution 2344 sur l'Afghanistan, approuvée par le Conseil de sécurité le 17 mars dernier. Grâce à nos efforts, le texte a été enrichi par des éléments importants qui soulignent l'existence des menaces que représentent pour les pays d'Asie centrale les organisations terroristes utilisant le territoire de l'Afghanistan.
Nous coopérons avec nos voisins de la région pour prendre en compte leurs priorités en vue de la rédaction d'un document du Conseil au sujet des menaces pesant sur l'Asie centrale et l'Afghanistan. Il conviendra ensuite d'élaborer un consensus sur le texte définitif avec nos partenaires au Conseil de sécurité.
Par ailleurs, le Kazakhstan a largement contribué à la rédaction de la résolution 2347 consacrée à la lutte contre la destruction et le commerce du patrimoine culturel par des groupes terroristes et en cas de conflit armé. Il s'est également engagé dans la rédaction de la résolution 2354, dont le texte a été préparé par le Comité de lutte contre le terrorisme du CS. Cette résolution, qui encourage la résistance aux discours légitimant les actes terroristes, possède une portée universelle.
En tant qu'observateur auprès de l'Union africaine et président du Comité sur la Somalie et l'Érythrée, le Kazakhstan apporte sa contribution aux efforts internationaux pour la réconciliation nationale et le rétablissement de la paix sur le continent africain. Il a, notamment, activement participé à la rédaction et à l'adoption des résolutions 2346 et 2355 sur la Somalie.
Il convient de noter que notre pays, qui a volontairement fermé le deuxième plus grand polygone d'essais nucléaires au monde et a renoncé au quatrième plus puissant arsenal nucléaire, se présente traditionnellement comme l'un des principaux acteurs dans les domaines de la non-prolifération et du désarmement. En tant que président du Code de conduite de La Haye contre la prolifération des missiles balistiques et coprésident (avec le Japon) de la Conférence en vue de faciliter l'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, le Kazakhstan a énormément contribué à la préparation et à l'adoption de la résolution 2345 sur la Corée du Nord.
Grâce à la confiance dont nous avons bénéficié de la part des parties au conflit syrien, Astana héberge des pourparlers entre divers acteurs de la crise syrienne, qui complètent ceux conduits à Genève sous l'égide de l'ONU.
Il faut souligner que les dimensions politiques et humanitaires du conflit syrien sont prioritaires pour le Kazakhstan. Tout aussi importante est à nos yeux l'utilisation d'armes chimiques sur laquelle enquêtent l'ONU et l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques. Beaucoup dépendra de l'impartialité et de l'efficacité du travail de ces organisations en la matière. Leur enquête peut aussi bien aggraver la crise syrienne que l'apaiser.
Lors des négociations des 3 et 4 mai dernier à Astana, l'accent a été mis sur la vérification du respect du cessez-le-feu par les parties au conflit et de la réalité des échanges de prisonniers. Les pays garants ont adopté un Mémorandum sur la création en Syrie de quatre zones de sécurité dans lesquelles tous les combats entre les troupes gouvernementales et les forces de l'opposition doivent cesser. Au fil du temps, le degré de belligérance dans ces zones a considérablement diminué.
Pendant la préparation des pourparlers syriens, une attention particulière a été portée à la création d'un processus inclusif destiné à permettre aux représentants du gouvernement et aux groupes d'opposition d'entamer le dialogue.
Grâce à la participation de l'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, les premiers pourparlers de l'opposition avec les autorités syriennes ont été productifs.
Aujourd'hui, nous continuons d'inviter aux négociations d'Astana tous ceux qui représentent l'opposition armée sur le terrain et souhaitent s'associer au régime du cessez-le-feu initié par les pays garants, à savoir la Russie, la Turquie et l'Iran. Les efforts du Kazakhstan dans ce sens correspondent pleinement aux objectifs du CS de l'ONU qui exige que les pays garants et les autres intermédiaires fassent en sorte que l'opposition syrienne soit présente autour de la table des négociations.
La question de la consolidation de la paix est directement liée à l'activité du Conseil de sécurité. Depuis 2014, le Kazakhstan a envoyé ses observateurs militaires prendre part aux missions des Nations unies en Côte d'Ivoire et suivre le référendum au Sahara occidental. Onze officiers kazakhstanais sont rentrés au Kazakhstan après avoir achevé leurs missions. Plusieurs d'entre eux ont reçu des médailles et des lettres de remerciements de l'ONU pour leur professionnalisme. L'ONU et les chefs des missions de pacification soulignent le haut niveau de préparation et de responsabilité de nos militaires. La promotion d'officiers kazakhstanais à des postes de commandement en est une autre illustration.
À l'heure actuelle, quatre observateurs militaires kazakhstanais sont présents au sein de la mission de l'ONU pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental.
Le Kazakhstan souhaite approfondir sa participation aux missions de l'ONU en envoyant sur le terrain son propre contingent. L'unité de pacification « Kazbat » a déjà obtenu l'agrément des experts onusiens. Actuellement, nous examinons les modalités de la participation de nos militaires à diverses missions et opérations de maintien de la paix de l'ONU conduites dans d'autres zones géographiques.
L'une des priorités de notre activité au sein du Conseil de sécurité est la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme. En septembre 2015, le président Nazarbaïev a présenté devant l'Assemblée générale de l'ONU plusieurs initiatives dans ce domaine.
Comme chacun sait, l'ordre du jour du CS de l'ONU porte aujourd'hui pour plus de 65 % sur les conflits en cours en Afrique. Au cours des six premiers mois pendant lesquels le Kazakhstan a siégé au Conseil de sécurité, plus de 80 réunions et consultations ont été organisées sur les dossiers africains. Les plus urgents sont les conflits prolongés et connaissant régulièrement des phases d'aggravation qui affectent certains pays.
Les réunions du Conseil de sécurité sur la situation dans ces pays peuvent être convoquées plusieurs fois par mois. Elles s'accompagnent de longues consultations consacrées à la validation des documents officiels du Conseil de sécurité : les résolutions, les déclarations du président du Conseil et les communiqués de presse.
Malgré l'éloignement géographique de la région africaine, la délégation du Kazakhstan participe activement à toutes les réunions du CS de l'ONU relatives à ces questions. Par exemple, en mars dernier, le représentant permanent de la République du Kazakhstan auprès de l'ONU a participé au déplacement des membres du Conseil de sécurité dans le bassin du lac Tchad (Cameroun, Tchad, Niger et Nigeria). Par la suite, avec la participation directe des experts kazakhstanais, le Conseil de sécurité a adopté une résolution appropriée qui appelle à la solution des problèmes régionaux.
Cette participation active aux dossiers africains relève de nos priorités fondamentales dans le cadre de notre mandat au Conseil de sécurité, exprimées dans l'Adresse politique du président Nazarbaïev au Conseil de sécurité de l'ONU, à savoir la réconciliation et le rétablissement de la paix sur le continent africain.
Il est à noter que la plupart des questions les plus urgentes en Afrique sont très similaires à celles de la région de l'Asie centrale et de l'Afghanistan : lutte contre le terrorisme international et le séparatisme, développement et aide humanitaire, respect des droits de l'homme et suprématie de la loi, emploi, lutte contre le changement climatique et bien d'autres. La résolution de ces problèmes est possible à condition que l'ensemble des pays membres et des agences onusiennes adoptent une approche commune. L'expérience positive accumulée par le Kazakhstan depuis qu'il participe à différents forums et plateformes internationaux favorise la résolution de ces difficultés, non seulement dans notre région, mais aussi dans d'autres parties du monde.
Le climat, la salubrité de l'eau, la coopération avec les organisations internationales et les donateurs pour la réhabilitation des territoires de l'ancien polygone nucléaire de Semipalatinsk et la mer d'Aral comptent également parmi les priorités de la politique étrangère du Kazakhstan. Notre pays emploie tous les instruments de la politique extérieure pour résoudre les questions environnementales et climatiques et pour promouvoir l'utilisation rationnelle, le rétablissement et la préservation de l'eau.
Le Kazakhstan a initié la création, dans le cadre de l'Organisation de la coopération islamique, d'une Organisation islamique pour la sécurité alimentaire qui a pour objectif de favoriser la coordination de l'action des pays membres en matière de développement de l'agriculture et de lutte contre la faim. Nous envisageons de soumettre au Conseil de sécurité des propositions supplémentaires dans le domaine de la lutte contre la faim.
Par ailleurs, la république du Kazakhstan a adopté une loi spéciale sur l'aide au développement qui sera mise en oeuvre par l'agence gouvernementale KazAID. Elle va aider les pays en développement à relever les défis humanitaires. Notre pays est un donateur important d'aide humanitaire et alimentaire. Nous avons alloué, notamment, 100 millions de dollars à la résolution des problèmes d'infrastructure en Asie centrale.
Le Kazakhstan a non seulement contribué au maintien des Forces internationales d'assistance en Afghanistan à travers le transit des frets militaires sur son territoire, mais il a aussi livré de l'aide humanitaire au peuple afghan et organisé des sessions de formation destinées aux spécialistes originaires de ce pays. Ainsi, 50 millions de dollars ont été dépensés pour permettre à de nombreux jeunes Afghans d'effectuer tout ou partie de leurs études dans les universités du Kazakhstan. Par ailleurs, le Kazakhstan alloue constamment des fonds aux pays en développement d'Asie et d'Afrique à travers les organisations internationales qui y sont présentes.
Le Conseil de sécurité de l'ONU est une plateforme globale qui nous permet de promouvoir notre vision de la paix et de la sécurité. Si nous parvenons, conjointement avec les autres membres du CS, à mettre en oeuvre les initiatives que nous proposons, l'ensemble de la communauté internationale en bénéficiera à long terme.