Lorsque l'on parle de l'" Occident ", il convient de faire une différence entre l'Europe et les États-Unis. En effet, les conceptions et les positions européennes se définissent de plus en plus par rapport à Washington. C'était déjà très largement le cas avant l'effondrement de l'Union soviétique ; c'est encore plus vrai depuis la fin de la guerre froide. La cause de cette affirmation des États-Unis en tant que point de référence principal et quasi exclusif est bien connue : il s'agit de l'émergence de l'Amérique comme unique superpuissance mondiale - une puissance qui domine toutes les autres aux niveaux économique et politique et qui est seule capable d'intervenir militairement sur n'importe quel point du globe. Il en résulte, par exemple, que l'attitude des autres pays envers le monde arabe, l'Amérique latine ou la Chine est avant tout inspirée par la préoccupation de se situer vis-à-vis de la diplomatie ou de la stratégie américaines - soit pour s'y rallier, soit pour s'en distinguer, voire pour s'y opposer. La question est de savoir si cet unique levier, au demeurant presque toujours mû par l'hostilité envers Washington, suffit à définir et à construire une diplomatie, une stratégie, une politique originales, sur le plan des relations internationales.
La responsabilité de l'Europe
C'est ici qu'intervient une certaine insuffisance de l'analyse intellectuelle et historique. Les Européens qui se plaignent de l'hyperpuissance américaine et de son " unilatéralisme " ont-ils réfléchi à la genèse de cette situation ? Rappelons que, jusqu'en 1914, l'Europe était le continent qui comptait le plus de grandes puissances à rayonnement mondial. Comment a-t-elle perdu cette position pour ne plus comporter que des puissances moyennes, du moins en comparaison avec le géant d'outre-Atlantique ? Cette régression est d'abord due au fait que l'Europe est responsable d'avoir déclenché deux guerres mondiales au XXe siècle, la première l'ayant laissée passablement amoindrie et la seconde complètement ruinée. Au cours et à la suite de ces deux guerres, ce sont les Américains qui ont sauvé les Européens, d'abord militairement, puis économiquement. En 1919 et surtout en 1945, les États-Unis ont été les inspirateurs et les artisans suprêmes des conditions de la paix et les distributeurs des moyens de reconstruire l'Europe. Après la Seconde Guerre mondiale, ils se sont révélés la seule puissance capable de mettre sur pied une alliance destinée à protéger l'Europe occidentale de l'impérialisme soviétique. Et l'on peut considérer qu'ils ont également gagné la troisième guerre mondiale en réussissant à éliminer l'Union soviétique et à en provoquer la décomposition.
Outre ces trois guerres mondiales, il existe une autre cause majeure de la décadence européenne : le communisme. Le coup d'État de Lénine en 1917 - alors que les bolcheviks étaient minoritaires à la Douma - a donné le signal du déclin économique et même, peut-on dire, de la tiers-mondisation de la Russie. Car il ne faut pas oublier que, contrairement aux mensonges assénés par la propagande communiste tout au long du XXe siècle, la Russie se trouvait, à la veille de la Première Guerre …
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