Allégeance et unité
Les caciques régionaux de la CDU dont plus d'un, pourtant, nourrissait des ambitions gouvernementales, ont prêté allégeance à Angela Merkel, à commencer par le Bavarois Edmund Stoiber devant lequel elle s'était effacée lors des législatives de 2002. C'est même lui qui a présenté la candidate aux médias, geste de solidarité très remarqué dans l'opinion et apprécié dans les rangs de la CDU. Ils resteront soudés autour d'elle jusqu'au scrutin par un pacte de non-agression en bonne et due forme. Mme Merkel avait parfois eu du mal à s'imposer, par exemple contre l'expert économique et financier de la CDU, le sémillant Friedrich Merz, qui a quitté le directoire du parti pour retourner à son cabinet d'avocat. Mais les têtes pensantes de l'opposition ont compris qu'il fallait cette fois saisir l'occasion au vol. Le présidium élargi de la CDU-CSU a désigné la candidate par acclamation, procédure tout à fait inhabituelle qui parle en sa faveur. " Est-ce que ces messieurs vous laisseront passer ? " (1), demandait George W. Bush, dubitatif, à Mme Merkel lors de sa récente visite en Allemagne. C'est chose faite, contre toute attente.
Roland Koch, ministre-président CDU de la Hesse, son concurrent le plus sérieux, lui avait téléphoné le soir même de la lourde défaite des sociaux-démocrates aux régionales de Rhénanie-Westphalie, le 22 mai, pour l'assurer de son soutien. L'heureux vainqueur de cette élection, Jürgen Rüttger, lui aussi ancien ministre de Kohl, a trop à faire dans son Land rhénan pour lui contester la palme de leader de la droite. Il en va de même pour le ministre-président de la Basse-Saxe qui l'avait un temps distancée dans les sondages : Christian Wulff. Quant à Peter Müller, le Sarrois, elle envisage de lui confier un portefeuille dans son gouvernement. Angela Merkel sera donc la première femme candidate à la chancellerie, la première femme dans l'Histoire à la tête de l'Allemagne si elle remporte cette élection.
Gerhard Schröder avait pourtant tenté de lui ravir la vedette par un de ces coups de théâtre dont il est coutumier en annonçant des élections anticipées, le soir même de son échec en Rhénanie-Westphalie. Fief socialiste SPD inexpugnable depuis trente-neuf ans, le Land le plus peuplé et le plus industrialisé d'Allemagne, où battait le " cœur rouge " du pays (la Ruhr), venait d'infliger une cuisante défaite au parti du chancelier. La dernière coalition régionale " rouge-verte " d'Allemagne, copie conforme du tandem Schröder-Fischer, était balayée du gouvernement régional. Jamais le SPD n'avait obtenu un score aussi faible sur les bords du Rhin (2).
Plutôt que de laisser pourrir la situation et d'être la cible des quolibets, l'" excellent communicateur " Schröder opta séance tenante pour la fuite en avant, déjouant, selon le magazine Der Spiegel, une tentative de putsch au sein de son propre parti. Il est probable qu'il y a été poussé par son ami Müntefering, le président du SPD, qui est d'ailleurs venu le premier exposer cette décision à la presse. La feuille de route de ces élections …
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