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Égypte : la boîte de Pandore

L'Égypte sous le feu des projecteurs
Depuis plusieurs années, on s'était habitué à ne guère entendre parler de l'Égypte, sinon de loin en loin, à l'occasion d'une conférence internationale orchestrée par Le Caire ou d'une médiation égyptienne dans l'une des grandes crises régionales. Tout semblait y aller pour le mieux dans le meilleur des mondes et le pays pouvait passer pour un pôle de stabilité dans l'océan tourmenté du Moyen-Orient. Mais depuis environ deux ans, des doutes, des interrogations et des événements plus ou moins graves sont venus altérer cette impression rassurante.
Les deux accidents de santé qu'a connus le président Hosni Moubarak (1) - âgé tout de même de 77 ans - ont rappelé l'inéluctabilité de la succession et suscité spéculations et rumeurs. Des manifestations populaires initialement suscitées par des événements extérieurs - déclenchement de la seconde Intifada à l'automne 2000 et perspective d'une offensive américaine contre l'Irak au printemps 2003 - ont dégénéré en mise en cause du régime et, plus explicitement, du président et de son fils cadet Gamal, soupçonné de briguer le pouvoir suprême. S'il succédait un jour à son père, l'Égypte serait vouée à suivre la voie d'autres pays arabes et à évoluer vers un système dynastique (comme hier la Syrie et demain, peut-être, la Libye).
À la suite de la guerre en Irak, la politique américaine en faveur d'un grand Moyen-Orient (dite BMENA : Broader Middle East and North Africa Initiative) a accru la pression sur les régimes arabes, dont Washington exige désormais qu'ils procèdent à des réformes en profondeur. L'allié égyptien n'a pas été épargné. Naturellement, les aspirations au changement de la population s'en sont trouvées encouragées, d'autant que la chute rapide de Saddam Hussein vient de prouver par l'exemple que les pires tyrans pouvaient se révéler des colosses aux pieds d'argile... Une opposition libérale et composite a vu le jour, regroupée sous le nom de Kefaya (" Ça suffit "). Ses exigences ? Une transition démocratique, le respect des libertés publiques et l'instauration de l'État de droit. Contrairement aux Frères musulmans, souvent perçus comme une menace, cette nouvelle contestation qui emprunte son discours et ses valeurs à l'Occident est parvenue à attirer l'attention et la sympathie des médias étrangers. L'absence de pluralisme politique, la dérive policière et les atteintes aux droits de l'homme récurrentes dans le pays ont été dévoilées au grand jour.
Dans le même temps, l'Égypte a renoué avec l'horreur du terrorisme islamiste, un fléau dont elle se croyait à l'abri depuis 1998. Cette année-là, après le sanglant attentat de Louxor (2), les groupes locaux les plus importants - la Gamaat islamiyya et le Jihad islamique - avaient conclu une trêve avec le pouvoir. Mais en octobre 2004 et en juillet 2005, deux attentats de grande envergure ont frappé des installations touristiques dans le Sinaï (3) ; et au printemps dernier, au Caire, deux opérations isolées, plus artisanales, ont également fait quelques victimes (4).
Visage dual que celui de cette Égypte de la fin 2005. D'une part, un pouvoir accroché …