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Israël : terroriser les terroristes

Uri Dan - En votre qualité de chef d'état-major général des armées, vous avez dirigé pendant trois ans la lutte contre les attentats-suicides palestiniens. Jusque-là, aucune autre société démocratique n'avait connu ce genre d'offensive. Quels sont les secrets de votre contre-offensive, qui semble avoir entraîné pour l'instant une accalmie relative ?

Moshé Yaalon - C'est un secret de Polichinelle : l'attaque reste toujours la meilleure défense. Nous avons déplacé la guerre qui se déroulait aux abords de nos autobus, de nos restaurants et de nos centres commerciaux jusqu'aux repaires des terroristes. Dans le même temps, notre capacité opérationnelle s'est développée et, surtout, au printemps 2002, le gouvernement nous a accordé une plus grande liberté d'action en déclenchant l'opération " Bouclier défensif ". La conjugaison de tous ces facteurs a permis de procéder à des milliers d'arrestations de terroristes. Nous les avons littéralement cueillis dans leurs lits ou dans leurs cachettes. Bien sûr, nos succès s'expliquent également par l'amélioration de nos capacités défensives : construction d'obstacles comme la clôture de sécurité (1) ; contrôles de sécurité renforcés dans les moyens de transport et les lieux publics ; et surveillance accrue du territoire par tous les moyens disponibles. Mais le facteur déterminant dans cette lutte de tous les instants est bel et bien notre capacité offensive. Au niveau opérationnel, la décision politique que je viens d'évoquer et qui a suivi l'attentat meurtrier de mars 2002 commis à l'hôtel Park de Netanya, la veille de Pessah (30 morts et des dizaines de blessés), a déclenché le passage de la défense à l'attaque (2). Dans ce dernier domaine, tout repose sur la supériorité du renseignement, sur l'efficacité de la localisation des terroristes en temps réel et sur une capacité d'intervention souple et extrêmement rapide. Les terroristes, on le sait bien, se dissimulent au sein de la population civile. Il faut donc les prendre par surprise ou bien, lorsque ce n'est pas possible, recourir à des attaques ciblées comme nous l'avons fait dans la bande de Gaza.
U. D. - Vous faites sans doute référence aux liquidations, survenues au printemps 2004, de Cheikh Yassin, le chef historique du Hamas, et de son successeur Abdel-Aziz al-Rantissi...

M. Y. - Non, cette expression - liquidation - ne convient pas. Comprenez-moi bien : dans la lutte contre le terrorisme, j'ai toujours privilégié l'arrestation des suspects, plutôt que leur mort. Notre souplesse opérationnelle nous permet régulièrement de procéder à de telles captures. Auparavant, seules certaines de nos unités, qualifiées de " spéciales ", avaient la capacité de réaliser ce genre d'interventions. À présent, toutes les brigades de Tsahal sont des unités spéciales capables d'effectuer des opérations militaires en procédure de combat rapide - c'est-à-dire de parvenir jusqu'à la maison d'un terroriste en pleine zone habitée sans se faire repérer, de le surprendre et de réussir à l'arrêter. C'est seulement s'il résiste et qu'il ouvre le feu, ou si l'unité est détectée, que l'homme est tué. J'insiste sur le fait que l'efficacité du renseignement doit nécessairement aller de pair avec …