Au cours des années 1990, les divergences entre pays européens, très sensibles au début, sont peu à peu surmontées. Les États-Unis, eux aussi, mènent leur action en coordination avec l'Europe. L'" Occident " apparaît ainsi, aux yeux des peuples d'Europe de l'Est et des Balkans, comme un seul ensemble. Il représente l'antithèse à la fois de la dictature disparue et des horreurs guerrières en cours, du communisme et du nationalisme. Il signifie démocratie et non dictature d'un parti, liberté et non oppression, prospérité et non pénurie, paix et non conflits. Les principes qu'il proclame sont acceptés en parole par tous, même si chaque peuple balkanique a tendance à croire que lui-même les respecte, et que seuls ses voisins les violent.
En gros, les pays occidentaux œuvrent tous ensemble au respect de ces principes. Les États-Unis peuvent donner ou retirer leur aide financière, et disposent de la puissance militaire. L'Union européenne (UE), que tous les pays des Balkans souhaitent intégrer, peut à tout moment accélérer ou retarder cette adhésion, qu'elle fait miroiter dans un avenir plus ou moins lointain. L'intégration à l'Europe paraît complémentaire de l'adhésion à l'Otan. En 2000, le ministre des Affaires étrangères slovène, Dimitrij Rupel, n'hésitait pas à déclarer : " Le chemin de l'UE passe par les États-Unis et l'Otan " (2). Les anciens pays communistes sont dits " en transition ", ce qui implique que l'on sait vers quoi ils transitent : vers la démocratie à l'occidentale, avec extinction des rivalités nationales.
Après la mort de Franjo Tudjman (décembre 1999) et la défaite électorale de Slobodan Milosevic (octobre 2000), la Croatie et la Serbie sont gouvernées par des hommes nouveaux qui tournent le dos aux excès nationalistes : à Zagreb, le président indépendant et très hostile à son prédécesseur, Stipe Mesic, et le premier ministre socialiste, Ivica Racan ; à Belgrade, la coalition DOS (Opposition démocratique de Serbie) et le premier ministre démocrate Zoran Djindjic. Même en Bosnie, dans les deux entités, les partis non nationalistes obtiennent quelques succès. La voie de la démocratie et de la concorde, que prêchent l'" Occident " et l'" Europe " et dont ils sont supposés donner l'exemple, semble aussi ouverte aux ex-belligérants.
En mars 2005 encore, le ministre des Affaires étrangères du Monténégro, Miodrag Vlahovic, prononçait à Paris une conférence intitulée " Le Monténégro vers l'intégration euro-atlantique ". Mais ce terme composite a-t-il encore un sens, et l'orateur n'est-il pas en retard sur l'événement ? Le XXIe siècle naissant a, en effet, déjà connu deux " grands schismes d'Occident ". On cherchera ici à les analyser et à en montrer l'incidence sur les pays balkaniques, même si ceux-ci n'en sont pas toujours conscients.
Les deux schismes du XXIe siècle
Le siècle nouveau s'ouvre par un coup de tonnerre : les attentats du 11 septembre 2001, qui dans un premier temps semblent resserrer les liens de la " communauté internationale " à direction " occidentale ". L'indignation est unanime, la solidarité affichée avec l'Amérique aussi. Dans la lutte commune contre …
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