De leur côté, les eurosceptiques et les turco-sceptiques n'hésitent pas à instrumentaliser le thème de la candidature turque pour forger la représentation diamétralement opposée : l'intégration de la Turquie dans l'Union européenne serait la conséquence de " pressions américano-atlantistes " visant à transformer l'Europe en " protectorat américain " et en zone de libre-échange " atlantico-eurasienne ". Cette entité aurait vocation à contrôler, pour le compte de Washington, les routes du pétrole et du gaz puis à édifier, via la Turquie, une tête de pont occidentalo-américaine au sein du " Grand Moyen-Orient " cher aux néo-conservateurs américains (1).
Parallèlement, les révolutions démocratiques pacifiques en Ukraine et en Géorgie (2) ont été perçues à Moscou comme des entreprises de déstabilisation de l'" étranger proche " russe. Avec le traitement médiatique occidental de l'" affaire Youkos ", elles ont contribué à réactiver entre les pays membres de l'Otan et les États-Unis d'une part, et la Russie d'autre part, les vieux réflexes de la guerre froide et les représentations géopolitiques de l'avant-11 Septembre. Il est vrai que, à la veille de la célébration du 60e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, organisée à Moscou le 9 mai 2005, le président américain George Bush, de passage en Lettonie, n'a pas hésité à dénoncer publiquement " l'occupation et l'oppression communistes dans les pays Baltes " (3).
Condoleezza Rice, la secrétaire d'État américaine, définissait l'alliée proche de Moscou, la Biélorussie, comme la " dernière dictature d'Europe " (4) et expliquait " qu'il ne devrait pas y avoir une telle concentration de pouvoirs entre les mains du président " (5) Vladimir Poutine... Deux jours plus tard, George Bush effectuait en Géorgie la première visite officielle d'un président américain dans le Caucase, et appelait à soutenir sans équivoque les réformes entreprises par Mikhaïl Saakachvili, le héros de la " révolution de la rose ", ainsi qu'à " résoudre les conflits gelés " (6) - remontrance à peine voilée contre Moscou qui entretient les séparatismes ossète et abkhaze. Le 4 avril, George Bush avait reçu à la Maison-Blanche le président ukrainien Viktor Iouchtchenko et avait salué " le courageux dirigeant d'une Ukraine libre, inspiration pour tous ceux qui aiment la liberté " (7). Traduisant une opinion fort répandue au sein de la population russe, un député du parti nationaliste Rodina (la Patrie) dénonçait " une tentative de l'Administration américaine de mettre de son côté les forces antirusses (...) en Europe orientale et chez les Baltes " (8). Nul doute que l'entente américano-russe de l'après-11 Septembre n'est plus à son zénith ! Les relents de guerre froide et de " néo-containment " sont de retour - même si Condoleezza Rice assure qu'isoler la Russie et menacer de l'exclure de plusieurs organisations " n'a vraiment pas de sens " (9).
Le néo-containment
Évoquons brièvement les principales pommes de discorde qui opposent aujourd'hui la Russie aux démocraties occidentales :
1°) les manquements aux droits de l'homme en Tchétchénie et en Russie ;
2°) le soutien sans réserve de Moscou …
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