Politique Internationale - Madame Radjavi, comment jugez-vous Mahmoud Ahmadinejad par rapport aux dirigeants iraniens précédents ? Est-il, à vos yeux, un adversaire plus coriace que son prédécesseur ?
Maryam Radjavi - Comme tous les présidents iraniens, Ahmadinejad est simplement chargé d'appliquer les directives du « Guide suprême », Ali Khamenei.
D'après l'article 110 de la Constitution, le pouvoir est concentré de manière absolue entre les mains du « Guide » religieux. C'est lui qui définit les grandes lignes du régime. En tant que commandant en chef des forces armées, il désigne les chefs militaires, les chefs de la police et des gardiens de la révolution (les Pasdaran), ainsi que la plus haute autorité judiciaire du pays. Il nomme également le directeur de la radio et de la télévision et les mollahs membres du conseil de surveillance. Sacré « chef suprême » de tous les musulmans du monde par cette même Constitution, c'est une sorte de despote digne du Moyen-Âge.
La seule différence que je vois entre Ahmadinejad et ses prédécesseurs, c'est qu'il est encore beaucoup plus soumis à Khamenei ! C'est d'ailleurs la raison pour laquelle ce dernier s'est arrangé pour qu'il soit élu lors de la mascarade électorale de 2005. Il s'est servi des gardiens de la révolution et des miliciens du Bassidj (1) pour orienter le résultat en sa faveur.
P. I. - Comment interprétez-vous son élection ?
M. R. - Ahmadinejad symbolise la militarisation du système. Il est issu des rangs des forces spéciales des Pasdaran. Son ascension parachève l'hégémonie de ce corps d'élite sur l'exécutif et sur une large partie de l'économie du pays. Au moins quatorze de ses ministres, un grand nombre de ses vice-présidents et de ses conseillers, ainsi que des ambassadeurs et des gouverneurs viennent, eux aussi, des Pasdaran.
En 2005, j'avais déclaré que l'arrivée d'Ahmadinejad au pouvoir était une véritable déclaration de guerre contre le peuple iranien et la communauté internationale, et qu'il s'agissait d'une menace pour la paix dans la région. À l'époque, beaucoup ont considéré que cette mise en garde était exagérée. Il aura pourtant fallu peu de temps pour que les ingérences du régime en Irak atteignent les dimensions gigantesques que l'on connaît aujourd'hui. Un an après, en juillet 2006, il provoquait la guerre au Liban et, l'année suivante, la bande de Gaza se séparait des autres territoires palestiniens pour passer sous le contrôle des agents de Téhéran. Au Liban, le régime iranien a dévoilé son caractère agressif par Hezbollah interposé. Sur le nucléaire, inutile de vous rappeler son intransigeance.
Aux législatives de 2008, Khamenei a achevé ce qu'il avait commencé, en 2005, avec Ahmadinejad. Il a impitoyablement éliminé toutes les bandes rivales, avec la complicité de son président, pour composer un Parlement à sa botte.
Il ne faut pas perdre de vue que toutes ces manoeuvres traduisent avant tout une faiblesse alarmante des dirigeants iraniens. L'ampleur du mécontentement populaire et la fragilité du régime à l'intérieur comme à l'extérieur le rendent incapable de la moindre souplesse ou du …
Maryam Radjavi - Comme tous les présidents iraniens, Ahmadinejad est simplement chargé d'appliquer les directives du « Guide suprême », Ali Khamenei.
D'après l'article 110 de la Constitution, le pouvoir est concentré de manière absolue entre les mains du « Guide » religieux. C'est lui qui définit les grandes lignes du régime. En tant que commandant en chef des forces armées, il désigne les chefs militaires, les chefs de la police et des gardiens de la révolution (les Pasdaran), ainsi que la plus haute autorité judiciaire du pays. Il nomme également le directeur de la radio et de la télévision et les mollahs membres du conseil de surveillance. Sacré « chef suprême » de tous les musulmans du monde par cette même Constitution, c'est une sorte de despote digne du Moyen-Âge.
La seule différence que je vois entre Ahmadinejad et ses prédécesseurs, c'est qu'il est encore beaucoup plus soumis à Khamenei ! C'est d'ailleurs la raison pour laquelle ce dernier s'est arrangé pour qu'il soit élu lors de la mascarade électorale de 2005. Il s'est servi des gardiens de la révolution et des miliciens du Bassidj (1) pour orienter le résultat en sa faveur.
P. I. - Comment interprétez-vous son élection ?
M. R. - Ahmadinejad symbolise la militarisation du système. Il est issu des rangs des forces spéciales des Pasdaran. Son ascension parachève l'hégémonie de ce corps d'élite sur l'exécutif et sur une large partie de l'économie du pays. Au moins quatorze de ses ministres, un grand nombre de ses vice-présidents et de ses conseillers, ainsi que des ambassadeurs et des gouverneurs viennent, eux aussi, des Pasdaran.
En 2005, j'avais déclaré que l'arrivée d'Ahmadinejad au pouvoir était une véritable déclaration de guerre contre le peuple iranien et la communauté internationale, et qu'il s'agissait d'une menace pour la paix dans la région. À l'époque, beaucoup ont considéré que cette mise en garde était exagérée. Il aura pourtant fallu peu de temps pour que les ingérences du régime en Irak atteignent les dimensions gigantesques que l'on connaît aujourd'hui. Un an après, en juillet 2006, il provoquait la guerre au Liban et, l'année suivante, la bande de Gaza se séparait des autres territoires palestiniens pour passer sous le contrôle des agents de Téhéran. Au Liban, le régime iranien a dévoilé son caractère agressif par Hezbollah interposé. Sur le nucléaire, inutile de vous rappeler son intransigeance.
Aux législatives de 2008, Khamenei a achevé ce qu'il avait commencé, en 2005, avec Ahmadinejad. Il a impitoyablement éliminé toutes les bandes rivales, avec la complicité de son président, pour composer un Parlement à sa botte.
Il ne faut pas perdre de vue que toutes ces manoeuvres traduisent avant tout une faiblesse alarmante des dirigeants iraniens. L'ampleur du mécontentement populaire et la fragilité du régime à l'intérieur comme à l'extérieur le rendent incapable de la moindre souplesse ou du …
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