Tout au long de la préparation des Jeux olympiques, la Chine a projeté dans le monde une image de force et de solidité. Mais le reflet est trompeur. La pression qui pèse sur la société chinoise, politiquement tenue d'une main de fer par le pouvoir, économiquement étranglée par une inflation de près de 10 %, devient explosive. Les JO ont un effet pervers : en véhiculant dans l'ensemble du pays un message de puissance et de prospérité, ils accélèrent la montée des revendications sociales. Vue de l'intérieur, la Chine est, plus que jamais, un empire de porcelaine. En cause, bien sûr, les écarts de richesses considérables (1) entre les diverses provinces, qui amplifient les égoïsmes des administrations et des populations locales, au point de créer des lignes de haute tension au sein de chaque région, et de fortes oppositions entre la périphérie et le centre. En cause, également, les attitudes mentales des leaders de la quatrième puissance économique mondiale : ils peinent à imaginer une modernisation effective de leur système politique et font montre, face à une société de plus en plus sophistiquée, d'une rigidité psychologique inquiétante.
La Chine, en pleine métamorphose, saura-t-elle adapter ses structures de pouvoir monolithiques aux exigences du « pays réel » ? Saura-t-elle imaginer, par exemple, un modèle de confédération qui serait capable de rassembler, autour de quelques valeurs communes, ses 22 provinces, aussi éloignées les unes des autres, sur tous les plans, que le Guangdong et le Tibet ?
La grave crise qui a éclaté ce printemps sur le « Toit du monde » a souligné l'acuité de la question, tant les disparités régionales de ce pays immense s'accommodent de plus en plus difficilement des discours unificateurs et simplificateurs de la propagande officielle. Elle a révélé l'incapacité du pouvoir chinois à accepter la diversité culturelle de ce pays-continent. Elle illustre, aussi, la façon dont une démarche obstinément centralisatrice, fondée sur quelques idées réductrices, a pu conduire à une impasse.
L'impasse tibétaine
Sur le Tibet, les chefs du Parti communiste chinois (PCC) raisonnent toujours selon les mêmes schémas, simplistes, qui n'ont pas varié depuis quarante ans. Il suffit, selon eux, d'appliquer à Lhassa le principe « kuai pi, kuai Zhua, kuai shen, kuai sha » (des décisions rapides, des arrestations rapides, des procès rapides, des exécutions rapides) à l'endroit des manifestants qui s'opposent à l'ordre nouveau. Et après la disparition du dalaï-lama, les problèmes de la région seront réglés. Pour les idéologues du PCC, le chef spirituel tibétain est « un loup déguisé en moine, un diable à face humaine » (2). Sa quête d'une autonomie culturelle n'est qu'une manoeuvre car, à terme, elle débouchera nécessairement sur une revendication d'indépendance. Pas question, donc, d'entamer le moindre dialogue sérieux avec ce personnage, présenté comme un « démon » à l'opinion publique chinoise.
Cette « analyse » plonge ses racines dans des préjugés anciens. Les Tibétains, avant d'être civilisés par le bouddhisme à partir du VIIe siècle, se montraient d'une sauvage cruauté : ils dévalaient les monts …
La Chine, en pleine métamorphose, saura-t-elle adapter ses structures de pouvoir monolithiques aux exigences du « pays réel » ? Saura-t-elle imaginer, par exemple, un modèle de confédération qui serait capable de rassembler, autour de quelques valeurs communes, ses 22 provinces, aussi éloignées les unes des autres, sur tous les plans, que le Guangdong et le Tibet ?
La grave crise qui a éclaté ce printemps sur le « Toit du monde » a souligné l'acuité de la question, tant les disparités régionales de ce pays immense s'accommodent de plus en plus difficilement des discours unificateurs et simplificateurs de la propagande officielle. Elle a révélé l'incapacité du pouvoir chinois à accepter la diversité culturelle de ce pays-continent. Elle illustre, aussi, la façon dont une démarche obstinément centralisatrice, fondée sur quelques idées réductrices, a pu conduire à une impasse.
L'impasse tibétaine
Sur le Tibet, les chefs du Parti communiste chinois (PCC) raisonnent toujours selon les mêmes schémas, simplistes, qui n'ont pas varié depuis quarante ans. Il suffit, selon eux, d'appliquer à Lhassa le principe « kuai pi, kuai Zhua, kuai shen, kuai sha » (des décisions rapides, des arrestations rapides, des procès rapides, des exécutions rapides) à l'endroit des manifestants qui s'opposent à l'ordre nouveau. Et après la disparition du dalaï-lama, les problèmes de la région seront réglés. Pour les idéologues du PCC, le chef spirituel tibétain est « un loup déguisé en moine, un diable à face humaine » (2). Sa quête d'une autonomie culturelle n'est qu'une manoeuvre car, à terme, elle débouchera nécessairement sur une revendication d'indépendance. Pas question, donc, d'entamer le moindre dialogue sérieux avec ce personnage, présenté comme un « démon » à l'opinion publique chinoise.
Cette « analyse » plonge ses racines dans des préjugés anciens. Les Tibétains, avant d'être civilisés par le bouddhisme à partir du VIIe siècle, se montraient d'une sauvage cruauté : ils dévalaient les monts …
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