Que se passe-t-il entre la Chine et l'Occident ? Telle est la question que posent les récents événements : d'abord les maladresses et les violences constatées au Tibet, puis le passage agité de la flamme olympique dans certains pays, et enfin la réaction puissante mais jalousement nationale des autorités de Pékin au séisme du Sichuan.Une colère anti-chinoise fort peu politique
Il faudra, un jour, établir une chronique précise de l'affolement qui semble s'être emparé des responsables chinois à mesure que se rapprochait l'échéance des Jeux olympiques d'août 2008. D'après la Fondation Duihua, le nombre d'arrestations politiques est brusquement monté à 742 pour l'année 2007, alors qu'il n'avait cessé de baisser au cours des années précédentes (1). L'année 2008 a commencé par des intempéries exceptionnelles qui ont empêché des millions de Chinois de fêter le Nouvel An en famille : à cette occasion, incapables d'assurer la circulation des trains, les pouvoirs publics ont paru défaillants. Dans la même période, le traitement des étrangers, en particulier des correspondants de presse, est devenu plus tatillon : contrôles d'identité plus rigoureux, rafles brutales dans les bars suivies d'heures de détention dans les locaux de police et de quelques expulsions. Enfin, au début mars, le responsable du Parti de la région du Xinjiang a fait savoir qu'il avait démantelé quelques mois auparavant un « réseau terroriste » ouïghour, sans doute pour faire comprendre qu'il était prêt à toute éventualité.
Pourquoi cette nervosité ? On se le demande, car la traditionnelle réunion du Comité central de février, destinée à préparer celles de l'Assemblée nationale et du Sénat, avait comme prévu détaillé les mesures adoptées lors du XVIIe Congrès du PCC tenu en octobre précédent. Elle avait, en particulier, confirmé l'ascension dans l'appareil d'État des deux « héritiers » du régime, Li Keqiang et Xi Jingping, et entériné une réforme globalement utile du dispositif ministériel, comprenant la création d'un ministère de l'Énergie (2). Il n'est pas impossible, toutefois, que soient apparus au sommet du pouvoir des désaccords portant sur ces mesures ou, plus probablement, sur la meilleure façon de combattre l'inflation (dont le rythme annuel s'élève désormais à 8 %) et de recadrer une croissance économique trop « chaude » et aveuglément orientée vers l'exportation. L'équipe dirigeante que conduit Hu Jintao demeure serrée de près par d'anciens collaborateurs de son prédécesseur Jiang Zemin, et son pouvoir sur les provinces est souvent contesté : cette relative faiblesse explique largement qu'elle soit aussi nerveusement appliquée à réussir les Jeux et qu'elle n'ait pas (ou pas encore) pris le risque d'innover dans l'affaire du Tibet.
Car ce sont, bien sûr, les événements de Lhassa qui ont, d'un coup, à partir du 10 mars, changé l'atmosphère à Pékin et détérioré les relations entre la Chine et une bonne partie de ses partenaires. La brutalité avec laquelle les émeutes tibétaines ont été réprimées a provoqué en Occident une explosion de colère anti-chinoise qui rappelait celle qu'avait suscitée le massacre du 4 juin 1989. Explosion remarquable par sa violence - les attaques contre …
Il faudra, un jour, établir une chronique précise de l'affolement qui semble s'être emparé des responsables chinois à mesure que se rapprochait l'échéance des Jeux olympiques d'août 2008. D'après la Fondation Duihua, le nombre d'arrestations politiques est brusquement monté à 742 pour l'année 2007, alors qu'il n'avait cessé de baisser au cours des années précédentes (1). L'année 2008 a commencé par des intempéries exceptionnelles qui ont empêché des millions de Chinois de fêter le Nouvel An en famille : à cette occasion, incapables d'assurer la circulation des trains, les pouvoirs publics ont paru défaillants. Dans la même période, le traitement des étrangers, en particulier des correspondants de presse, est devenu plus tatillon : contrôles d'identité plus rigoureux, rafles brutales dans les bars suivies d'heures de détention dans les locaux de police et de quelques expulsions. Enfin, au début mars, le responsable du Parti de la région du Xinjiang a fait savoir qu'il avait démantelé quelques mois auparavant un « réseau terroriste » ouïghour, sans doute pour faire comprendre qu'il était prêt à toute éventualité.
Pourquoi cette nervosité ? On se le demande, car la traditionnelle réunion du Comité central de février, destinée à préparer celles de l'Assemblée nationale et du Sénat, avait comme prévu détaillé les mesures adoptées lors du XVIIe Congrès du PCC tenu en octobre précédent. Elle avait, en particulier, confirmé l'ascension dans l'appareil d'État des deux « héritiers » du régime, Li Keqiang et Xi Jingping, et entériné une réforme globalement utile du dispositif ministériel, comprenant la création d'un ministère de l'Énergie (2). Il n'est pas impossible, toutefois, que soient apparus au sommet du pouvoir des désaccords portant sur ces mesures ou, plus probablement, sur la meilleure façon de combattre l'inflation (dont le rythme annuel s'élève désormais à 8 %) et de recadrer une croissance économique trop « chaude » et aveuglément orientée vers l'exportation. L'équipe dirigeante que conduit Hu Jintao demeure serrée de près par d'anciens collaborateurs de son prédécesseur Jiang Zemin, et son pouvoir sur les provinces est souvent contesté : cette relative faiblesse explique largement qu'elle soit aussi nerveusement appliquée à réussir les Jeux et qu'elle n'ait pas (ou pas encore) pris le risque d'innover dans l'affaire du Tibet.
Car ce sont, bien sûr, les événements de Lhassa qui ont, d'un coup, à partir du 10 mars, changé l'atmosphère à Pékin et détérioré les relations entre la Chine et une bonne partie de ses partenaires. La brutalité avec laquelle les émeutes tibétaines ont été réprimées a provoqué en Occident une explosion de colère anti-chinoise qui rappelait celle qu'avait suscitée le massacre du 4 juin 1989. Explosion remarquable par sa violence - les attaques contre …
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