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COLOMBIE: LE CREPUSCULE DES FARC

La Colombie, doyenne de la démocratie en Amérique latine, est en passe d'extirper l'un des cancers qui la rongent depuis un demi-siècle : la guérilla la plus vieille du monde. Ce bras armé du Parti communiste colombien - une formation politique créée en 1928 et toujours en activité en 2008 - a provoqué plus de 200 000 morts en 44 ans d'existence.Les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), fondées en 1964, sont devenues un empire du crime dirigé par une gérontocratie de type stalinien. Leur chef, Manuel Marulanda, aurait eu 78 ans le 12 mai 2008, mais il est mort avant de célébrer cet anniversaire. Son décès, qui remonte au 26 mars dernier, a été annoncé par les FARC le 25 mai. Pendant des décennies, les FARC ont pu compter sur l'aide de l'Union soviétique et de Cuba ; mais suite à l'effondrement de l'URSS, Moscou a naturellement coupé les ponts et La Havane a relâché son appui internationaliste, faute de moyens permettant de perpétuer un soutien qui relevait de la même logique que celui que le régime castriste a apporté dans les années 1970 aux rebelles d'Angola et d'Éthiopie.
La guérilla tire à présent ses ressources du trafic de drogue et du rançonnement de ses otages, et n'hésite pas à prendre pour cible une population civile sans défense. L'idéologie n'est plus qu'une façade. La dialectique marxiste a été rangée au magasin des accessoires.
Sous la présidence d'Alvaro Uribe - un homme à poigne élu et réélu au premier tour en 2002 (53 % des suffrages) et en 2006 (62 %) -, les militaires ont porté des coups décisifs à cette organisation que l'Union européenne, les États-Unis et le Canada qualifient officiellement, depuis 2002, de « terroriste ». L'actuel chef de l'État colombien a longtemps appartenu au Parti libéral (1) avant d'entrer en dissidence à la veille de la présidentielle de 2002, à laquelle il s'est présenté en candidat indépendant. Son programme, intitulé « Main de fer avec un grand coeur », promettait d'éliminer la terreur rebelle après des années de laxisme au plus haut niveau de l'État.
Depuis l'arrivée au pouvoir d'Alvaro Uribe et, spécialement, ces derniers mois, la guérilla a subi des pertes sévères. Le 1er mars 2008, le numéro 2 des FARC, Raul Reyes, a été tué lors d'un bombardement aérien visant son camp retranché situé dans le sud du pays, à la frontière équatorienne (où je l'avais rencontré en 2004 pendant 48 heures). Une semaine plus tard, Ivan Rios - un autre membre de la direction rebelle dont le gouvernement avait mis la tête à prix - a été abattu par son propre garde du corps. Ce dernier a rapidement touché la prime promise pour son élimination. La débandade s'est poursuivie le 19 mai avec la désertion de Nelly Avila, alias Karina, la sanguinaire chef du 47e front des FARC. Les blessures au combat l'ont rendue borgne et ne lui ont laissé qu'un seul sein. Elle a appelé ses compagnons de lutte à déposer les armes, …