La guérilla tire à présent ses ressources du trafic de drogue et du rançonnement de ses otages, et n'hésite pas à prendre pour cible une population civile sans défense. L'idéologie n'est plus qu'une façade. La dialectique marxiste a été rangée au magasin des accessoires.
Sous la présidence d'Alvaro Uribe - un homme à poigne élu et réélu au premier tour en 2002 (53 % des suffrages) et en 2006 (62 %) -, les militaires ont porté des coups décisifs à cette organisation que l'Union européenne, les États-Unis et le Canada qualifient officiellement, depuis 2002, de « terroriste ». L'actuel chef de l'État colombien a longtemps appartenu au Parti libéral (1) avant d'entrer en dissidence à la veille de la présidentielle de 2002, à laquelle il s'est présenté en candidat indépendant. Son programme, intitulé « Main de fer avec un grand coeur », promettait d'éliminer la terreur rebelle après des années de laxisme au plus haut niveau de l'État.
Depuis l'arrivée au pouvoir d'Alvaro Uribe et, spécialement, ces derniers mois, la guérilla a subi des pertes sévères. Le 1er mars 2008, le numéro 2 des FARC, Raul Reyes, a été tué lors d'un bombardement aérien visant son camp retranché situé dans le sud du pays, à la frontière équatorienne (où je l'avais rencontré en 2004 pendant 48 heures). Une semaine plus tard, Ivan Rios - un autre membre de la direction rebelle dont le gouvernement avait mis la tête à prix - a été abattu par son propre garde du corps. Ce dernier a rapidement touché la prime promise pour son élimination. La débandade s'est poursuivie le 19 mai avec la désertion de Nelly Avila, alias Karina, la sanguinaire chef du 47e front des FARC. Les blessures au combat l'ont rendue borgne et ne lui ont laissé qu'un seul sein. Elle a appelé ses compagnons de lutte à déposer les armes, …