Politique Internationale - Monsieur le Président, au moment où la France prend la présidence de l'Union européenne, comment voyez-vous le rôle de l'Europe dans le monde ?
Nicolas Sarkozy - Je crois profondément que, si les Européens en ont la volonté, le XXIe siècle peut être le siècle de l'Europe. Pour deux raisons :
D'abord, nous sommes entrés, pour plusieurs décennies, dans une ère de « puissance relative ». Après la glaciation du monde bipolaire de 1945 à 1990, après la décennie du « moment unipolaire » de 1991 à 2001, nous voici au seuil d'une configuration nouvelle, dont nous n'avons pas encore pris toute la mesure.
L'émergence économique et politique de la Chine, de l'Inde, du Brésil, ainsi que le retour de la Russie créent les conditions objectives d'un nouveau concert des grandes puissances. Avec une situation nouvelle : aucun pays n'est plus en mesure d'imposer seul sa vision des choses. Pour traiter les problèmes du monde, la coopération est indispensable.
Mais - et c'est mon deuxième point - il nous reste à inventer les relations et les institutions qui permettront aux grandes puissances du XXIe siècle d'agir efficacement pour le bien commun de l'humanité. Et c'est dans ce domaine que l'Union européenne peut apporter une contribution irremplaçable.
P. I. - Pour quelle raison ?
N. S. - Tout simplement parce que, depuis cinq décennies, les Européens ont appris à pratiquer entre eux cette nécessaire coopération entre « puissances relatives » qui est la base de la construction européenne. Il faut maintenant la transposer et la mettre en place au niveau mondial. Bâtir ensemble, rechercher chaque jour des solutions qui prennent en compte les intérêts de chacun pour les dépasser dans une action collective est devenu une seconde nature chez les Européens. C'est ainsi que nous avons établi le marché unique, créé l'euro, négocié le traité simplifié.
Je crois qu'il revient aux Européens de proposer au monde cette démarche coopérative. Au XXIe siècle, les notions d'ennemi ou d'adversaire n'ont plus cours entre les grandes puissances. Toute la question est de savoir s'il est possible de faire prévaloir sur les idées de concurrence et de rivalité celle de partenariat responsable.
Pouvons-nous bâtir pour le XXIe siècle un ordre nouveau, mieux adapté à notre monde globalisé, où tous les États, grands et petits, auront le sentiment que leurs intérêts sont équitablement respectés ? C'est ce que nous faisons chaque jour au sein de l'Union européenne. C'est ce que l'Europe devrait proposer au reste de la planète.
Je suis frappé de voir que ma proposition de transformation progressive du G8 en G13 reçoit le soutien du Royaume-Uni et de l'Allemagne, alors qu'elle suscite des réserves au Japon et aux États-Unis. De même, en ce qui concerne la réforme du Conseil de sécurité de l'ONU, la France et la Grande-Bretagne sont, parmi les membres permanents, ceux qui sont les plus en pointe.
P. I. - L'Europe a-t-elle vraiment la capacité et la volonté d'entraîner, de montrer le chemin au reste du monde ? …
Nicolas Sarkozy - Je crois profondément que, si les Européens en ont la volonté, le XXIe siècle peut être le siècle de l'Europe. Pour deux raisons :
D'abord, nous sommes entrés, pour plusieurs décennies, dans une ère de « puissance relative ». Après la glaciation du monde bipolaire de 1945 à 1990, après la décennie du « moment unipolaire » de 1991 à 2001, nous voici au seuil d'une configuration nouvelle, dont nous n'avons pas encore pris toute la mesure.
L'émergence économique et politique de la Chine, de l'Inde, du Brésil, ainsi que le retour de la Russie créent les conditions objectives d'un nouveau concert des grandes puissances. Avec une situation nouvelle : aucun pays n'est plus en mesure d'imposer seul sa vision des choses. Pour traiter les problèmes du monde, la coopération est indispensable.
Mais - et c'est mon deuxième point - il nous reste à inventer les relations et les institutions qui permettront aux grandes puissances du XXIe siècle d'agir efficacement pour le bien commun de l'humanité. Et c'est dans ce domaine que l'Union européenne peut apporter une contribution irremplaçable.
P. I. - Pour quelle raison ?
N. S. - Tout simplement parce que, depuis cinq décennies, les Européens ont appris à pratiquer entre eux cette nécessaire coopération entre « puissances relatives » qui est la base de la construction européenne. Il faut maintenant la transposer et la mettre en place au niveau mondial. Bâtir ensemble, rechercher chaque jour des solutions qui prennent en compte les intérêts de chacun pour les dépasser dans une action collective est devenu une seconde nature chez les Européens. C'est ainsi que nous avons établi le marché unique, créé l'euro, négocié le traité simplifié.
Je crois qu'il revient aux Européens de proposer au monde cette démarche coopérative. Au XXIe siècle, les notions d'ennemi ou d'adversaire n'ont plus cours entre les grandes puissances. Toute la question est de savoir s'il est possible de faire prévaloir sur les idées de concurrence et de rivalité celle de partenariat responsable.
Pouvons-nous bâtir pour le XXIe siècle un ordre nouveau, mieux adapté à notre monde globalisé, où tous les États, grands et petits, auront le sentiment que leurs intérêts sont équitablement respectés ? C'est ce que nous faisons chaque jour au sein de l'Union européenne. C'est ce que l'Europe devrait proposer au reste de la planète.
Je suis frappé de voir que ma proposition de transformation progressive du G8 en G13 reçoit le soutien du Royaume-Uni et de l'Allemagne, alors qu'elle suscite des réserves au Japon et aux États-Unis. De même, en ce qui concerne la réforme du Conseil de sécurité de l'ONU, la France et la Grande-Bretagne sont, parmi les membres permanents, ceux qui sont les plus en pointe.
P. I. - L'Europe a-t-elle vraiment la capacité et la volonté d'entraîner, de montrer le chemin au reste du monde ? …
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