Le 30 avril dernier, Gianfranco Fini était élu président de la Chambre des députés italienne. Quelques jours plus tard, par « devoir institutionnel », il renonçait à présider l'Alliance Nationale qu'il avait fondée en 1995. En quelques années, il a réussi à transformer ce groupuscule néo-fasciste en parti nationaliste de droite pleinement inséré dans le panorama politique.C'est cet itinéraire original que ce leader de 56 ans originaire de Bologne retrace ici, quelques semaines après les élections des 13 et 14 avril qui ont marqué la victoire éclatante de Silvio Berlusconi, après deux ans d'un gouvernement bancal dirigé par Romano Prodi.
Forza Italia (le parti du Cavaliere) et l'Alliance Nationale se sont présentés aux électeurs sous une même bannière, celle du « Peuple de la Liberté » (PdL) - préfiguration du parti unique de la droite qui devrait voir le jour au début de l'an prochain.
Il a fallu beaucoup d'habileté à Gianfranco Fini pour parvenir à ses fins. Devenir l'un des meilleurs amis d'Israël en Europe après avoir dirigé un parti néo-fasciste, répudier l'héritage du Duce et condamner sans réserve les lois raciales de 1939, se recueillir à Jérusalem devant le mémorial Yad Vashem dédié à l'Holocauste : autant de gestes courageux qui traduisent une profonde réflexion politique.
R. H Richard Heuzé - Comment interprétez-vous la victoire de la droite italienne aux élections des 13 et 14 avril ? Comme un désaveu du gouvernement Prodi et de la politique menée ces dernières années ? Ou comme l'expression d'une tendance générale en Europe ?
Gianfranco Fini - Il est incontestable que l'axe de la politique européenne se déplace vers la droite. Le dernier signe de cette tendance a été enregistré en Grande-Bretagne, avec la déroute électorale du Labour aux élections locales du 1er mai. Je ne suis pas persuadé, pour autant, que la performance du centre-droit italien s'inscrive dans ce vaste mouvement. Si nous l'avons emporté, c'est grâce à nos propres mérites et à notre programme de gouvernement, qui a su convaincre une large majorité d'électeurs. L'impopularité du gouvernement Prodi et les contradictions politiques du Parti démocrate ont fait le reste.
Mais à quoi bon s'interroger sans fin sur les facteurs qui ont contribué à notre victoire ? C'est un peu comme au football, où les experts se demandent si une équipe a gagné parce qu'elle était la plus forte ou parce que son adversaire n'était pas à la hauteur. Disons simplement que l'équipe du Peuple de la Liberté s'est imposée parce qu'elle avait les tactiques de jeu les plus modernes et les hommes les plus en forme. Disons aussi qu'avec la victoire du PdL l'Italie pourra tenir son rang dans le championnat européen...
R. H. - Que peut-on attendre de ce nouveau gouvernement Berlusconi ? Aura-t-il les coudées plus franches que ses prédécesseurs pour mettre en oeuvre les réformes annoncées ?
G. F. - La modernisation du pays est un enjeu central. Si l'on veut enrayer la perte de compétitivité de l'Italie sur les marchés européens et mondiaux, il n'y a plus de temps à perdre. Il s'agit non seulement de réaliser des infrastructures dans les secteurs de l'énergie et des communications, mais aussi de débroussailler la jungle législative, bureaucratique et fiscale qui freine les initiatives économiques et empêche les capitaux étrangers de venir s'investir dans notre pays. Je crois que les conditions sont aujourd'hui réunies pour réaliser les réformes nécessaires. La majorité est forte, cohérente et déterminée à mettre en oeuvre les promesses faites aux électeurs. Elle gouvernera cinq ans.
R. H. - Comment mettre en oeuvre ces réformes ?
G. F. - L'objectif est d'aller vite sans risquer de se heurter au veto de petits partis fortement idéologisés. Pour cela, il faut nous doter d'institutions plus souples et plus efficaces. Au cours de la législature précédente, la Commission des Affaires constitutionnelles de la Chambre des députés avait planché sur la question. Elle avait proposé d'aménager le système parlementaire bicaméral actuellement en vigueur et de renforcer le rôle de l'exécutif (2). J'espère qu'il sera possible de repartir sur ces bases. Sur la nécessité des réformes, j'ai l'impression que la majorité et l'opposition sont sur la même longueur d'onde. Il est primordial que, sur ce dossier qui engage l'avenir, nous avancions main dans la main. Nous verrons bien si Walter …
Forza Italia (le parti du Cavaliere) et l'Alliance Nationale se sont présentés aux électeurs sous une même bannière, celle du « Peuple de la Liberté » (PdL) - préfiguration du parti unique de la droite qui devrait voir le jour au début de l'an prochain.
Il a fallu beaucoup d'habileté à Gianfranco Fini pour parvenir à ses fins. Devenir l'un des meilleurs amis d'Israël en Europe après avoir dirigé un parti néo-fasciste, répudier l'héritage du Duce et condamner sans réserve les lois raciales de 1939, se recueillir à Jérusalem devant le mémorial Yad Vashem dédié à l'Holocauste : autant de gestes courageux qui traduisent une profonde réflexion politique.
R. H Richard Heuzé - Comment interprétez-vous la victoire de la droite italienne aux élections des 13 et 14 avril ? Comme un désaveu du gouvernement Prodi et de la politique menée ces dernières années ? Ou comme l'expression d'une tendance générale en Europe ?
Gianfranco Fini - Il est incontestable que l'axe de la politique européenne se déplace vers la droite. Le dernier signe de cette tendance a été enregistré en Grande-Bretagne, avec la déroute électorale du Labour aux élections locales du 1er mai. Je ne suis pas persuadé, pour autant, que la performance du centre-droit italien s'inscrive dans ce vaste mouvement. Si nous l'avons emporté, c'est grâce à nos propres mérites et à notre programme de gouvernement, qui a su convaincre une large majorité d'électeurs. L'impopularité du gouvernement Prodi et les contradictions politiques du Parti démocrate ont fait le reste.
Mais à quoi bon s'interroger sans fin sur les facteurs qui ont contribué à notre victoire ? C'est un peu comme au football, où les experts se demandent si une équipe a gagné parce qu'elle était la plus forte ou parce que son adversaire n'était pas à la hauteur. Disons simplement que l'équipe du Peuple de la Liberté s'est imposée parce qu'elle avait les tactiques de jeu les plus modernes et les hommes les plus en forme. Disons aussi qu'avec la victoire du PdL l'Italie pourra tenir son rang dans le championnat européen...
R. H. - Que peut-on attendre de ce nouveau gouvernement Berlusconi ? Aura-t-il les coudées plus franches que ses prédécesseurs pour mettre en oeuvre les réformes annoncées ?
G. F. - La modernisation du pays est un enjeu central. Si l'on veut enrayer la perte de compétitivité de l'Italie sur les marchés européens et mondiaux, il n'y a plus de temps à perdre. Il s'agit non seulement de réaliser des infrastructures dans les secteurs de l'énergie et des communications, mais aussi de débroussailler la jungle législative, bureaucratique et fiscale qui freine les initiatives économiques et empêche les capitaux étrangers de venir s'investir dans notre pays. Je crois que les conditions sont aujourd'hui réunies pour réaliser les réformes nécessaires. La majorité est forte, cohérente et déterminée à mettre en oeuvre les promesses faites aux électeurs. Elle gouvernera cinq ans.
R. H. - Comment mettre en oeuvre ces réformes ?
G. F. - L'objectif est d'aller vite sans risquer de se heurter au veto de petits partis fortement idéologisés. Pour cela, il faut nous doter d'institutions plus souples et plus efficaces. Au cours de la législature précédente, la Commission des Affaires constitutionnelles de la Chambre des députés avait planché sur la question. Elle avait proposé d'aménager le système parlementaire bicaméral actuellement en vigueur et de renforcer le rôle de l'exécutif (2). J'espère qu'il sera possible de repartir sur ces bases. Sur la nécessité des réformes, j'ai l'impression que la majorité et l'opposition sont sur la même longueur d'onde. Il est primordial que, sur ce dossier qui engage l'avenir, nous avancions main dans la main. Nous verrons bien si Walter …
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