C'est à Moscou, en effet, qu'il faut chercher les principales clés de la première intervention militaire russe en territoire étranger depuis l'invasion de l'Afghanistan en 1979. Le Kremlin voulait la guerre, les experts indépendants s'accordent sur ce point (1). Il s'y préparait au moins depuis avril 2008 : c'est alors, après avoir annoncé que la reconnaissance par la communauté internationale de l'indépendance du Kosovo allait créer un précédent, que Vladimir Poutine, encore président, signe un décret établissant des relations officielles avec les deux régions séparatistes géorgiennes, l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie. Dans la foulée, la Russie augmente son contingent de maintien de la paix déployé en Abkhazie depuis une quinzaine d'années sous mandat de la Communauté des États indépendants et avec l'aval de l'ONU. Fin mai, elle procède à la restauration du chemin de fer reliant Sotchi à la ville abkhaze d'Otchamtchira (lors du conflit du mois d'août, c'est cette voie qui acheminera les 9 000 soldats russes dépêchés en Abkhazie). Enfin, à la fin du mois de juillet, son armée se livre à des exercices militaires à quelques kilomètres de la frontière séparant la Russie de l'Ossétie du Sud. Moscou n'attendait qu'un prétexte pour passer à l'action, et les Géorgiens ont raison de dire que s'ils n'avaient pas répondu aux provocations russes et ossètes (plusieurs villages peuplés de Géorgiens situés en Ossétie avaient été pilonnés), il est fort probable qu'il y en aurait eu d'autres. Il ne faut pas oublier, cependant, que la responsabilité des Américains - qui ont armé les Géorgiens - est également engagée, et que de nombreuses questions demeurent quant au rôle que Washington a joué dans le déclenchement des hostilités.
On aurait tort, toutefois, de n'analyser cette crise qu'en fonction des intérêts des « grands acteurs » et de négliger les processus internes à la Géorgie. Car le conflit est également le produit des orientations décidées par les dirigeants de Tbilissi. Des orientations qui prennent leur source à la fois dans l'histoire longue de la région et dans l'évolution que celle-ci a connue au cours des quinze dernières années.
La « guerre des …