L'année 2008 aura donné lieu à d'innombrables commentaires sur ce que fut et devint, durant ses soixante années d'existence, l'État d'Israël. Bien plus rares furent les analyses prospectives : vers quoi s'orientera l'État hébreu dans les six prochaines décennies ou, pour rester prudent, dans les prochaines années ? Quels seront - outre la paix avec les Palestiniens - ses défis sécuritaires, ses réformes institutionnelles ? Pour tenter de répondre à cette question, nous privilégierons ici des thèmes souvent jugés - à tort - secondaires, peu traités et qui présentent pourtant toutes les caractéristiques d'enjeux majeurs pour Israël, sa prospérité, voire sa survie. On peut regrouper ces défis et perspectives en trois catégories. L'institutionnel
La priorité accordée à la dimension institutionnelle d'Israël par rapport à la sacro-sainte dimension stratégique pourra surprendre. Or les années 2006-2008, qui correspondent à la mandature d'Ehoud Olmert, ont démontré l'urgence que revêtait à maints égards une réforme en profondeur.
En finir avec un mode de scrutin calamiteux
Avec un mode de scrutin antédiluvien digne de la ive République française, que n'appliquent plus que de rares États et entités infra-étatiques, Israël pâtit depuis sa création d'une instabilité politique chronique. Le système peut être résumé de la façon suivante : une chambre unique (la Knesset) ; un scrutin de liste à la proportionnelle intégrale à un tour dans une circonscription unique (le pays) ; un seuil d'éligibilité très bas (2 % des suffrages exprimés) ; et un premier ministre (en principe tête de la liste ayant remporté le plus grand nombre des suffrages) qui sera responsable devant l'Assemblée. En réalité, jamais un premier ministre n'acheva son mandat, et les Knesset élues depuis la constituante de janvier 1949 ont généralement été dissoutes ou auto-dissoutes avant d'avoir terminé leur mandature de quatre ans.
Au commencement, du temps du Yishouv (foyer national juif avant l'Indépendance), il s'agissait de représenter fidèlement tous les courants d'opinion et d'appartenance socioculturelle d'une diaspora juive extrêmement disparate. Le chef de l'exécutif sioniste, David Ben Gourion, porté par le prestige de sa proclamation d'indépendance (14 mai 1948) puis des victoires militaires de 1948-1949 et 1956, se garda bien de modifier un système qui ne le desservait pas. Mais les temps ont changé : à la domination sans partage de la gauche travailliste ont succédé l'équilibre avec le Likoud (années 1980-1990) et, surtout, l'émiettement dramatique du spectre représentatif (années 1990-2000). En 1999, sur les trente-quatre partis politiques ayant constitué une liste, seize se partagèrent finalement les 120 sièges de la Knesset ; le plus important - le parti travailliste - en obtint seulement 26 ! À la tête d'une coalition ultra-hétéroclite, Ehoud Barak chuta après seulement dix-huit mois d'exercice du pouvoir, au lendemain de l'échec de Camp David II et en pleine seconde Intifada. Plus récemment, Ehoud Olmert fut contraint de nommer le chef du parti travailliste Amir Peretz (arrivé deuxième en nombre de voix et donc arithmétiquement incontournable) au poste qu'il exigeait : la Défense. Or, inexpérimenté, le leader syndicaliste, dont on disait qu'il confondait régiment et …
La priorité accordée à la dimension institutionnelle d'Israël par rapport à la sacro-sainte dimension stratégique pourra surprendre. Or les années 2006-2008, qui correspondent à la mandature d'Ehoud Olmert, ont démontré l'urgence que revêtait à maints égards une réforme en profondeur.
En finir avec un mode de scrutin calamiteux
Avec un mode de scrutin antédiluvien digne de la ive République française, que n'appliquent plus que de rares États et entités infra-étatiques, Israël pâtit depuis sa création d'une instabilité politique chronique. Le système peut être résumé de la façon suivante : une chambre unique (la Knesset) ; un scrutin de liste à la proportionnelle intégrale à un tour dans une circonscription unique (le pays) ; un seuil d'éligibilité très bas (2 % des suffrages exprimés) ; et un premier ministre (en principe tête de la liste ayant remporté le plus grand nombre des suffrages) qui sera responsable devant l'Assemblée. En réalité, jamais un premier ministre n'acheva son mandat, et les Knesset élues depuis la constituante de janvier 1949 ont généralement été dissoutes ou auto-dissoutes avant d'avoir terminé leur mandature de quatre ans.
Au commencement, du temps du Yishouv (foyer national juif avant l'Indépendance), il s'agissait de représenter fidèlement tous les courants d'opinion et d'appartenance socioculturelle d'une diaspora juive extrêmement disparate. Le chef de l'exécutif sioniste, David Ben Gourion, porté par le prestige de sa proclamation d'indépendance (14 mai 1948) puis des victoires militaires de 1948-1949 et 1956, se garda bien de modifier un système qui ne le desservait pas. Mais les temps ont changé : à la domination sans partage de la gauche travailliste ont succédé l'équilibre avec le Likoud (années 1980-1990) et, surtout, l'émiettement dramatique du spectre représentatif (années 1990-2000). En 1999, sur les trente-quatre partis politiques ayant constitué une liste, seize se partagèrent finalement les 120 sièges de la Knesset ; le plus important - le parti travailliste - en obtint seulement 26 ! À la tête d'une coalition ultra-hétéroclite, Ehoud Barak chuta après seulement dix-huit mois d'exercice du pouvoir, au lendemain de l'échec de Camp David II et en pleine seconde Intifada. Plus récemment, Ehoud Olmert fut contraint de nommer le chef du parti travailliste Amir Peretz (arrivé deuxième en nombre de voix et donc arithmétiquement incontournable) au poste qu'il exigeait : la Défense. Or, inexpérimenté, le leader syndicaliste, dont on disait qu'il confondait régiment et …
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