L'Occident a un problème russe. Mais nous sommes seulement en train d'en prendre conscience. Derrière le conflit osséto-géorgien - réel, mais insuffisant à expliquer l'embrasement qu'a connu la Transcaucasie au mois d'août -, c'est un conflit russo-géorgien dont l'enjeu n'est pas local mais bien global qui a brusquement surgi sur l'écran radar de dirigeants occidentaux assoupis par la vision trompeuse qu'ils s'étaient forgée de la Russie poutinienne. Loin de se contenter, comme elle l'avait initialement annoncé, de « forcer la Géorgie à la paix » en répondant militairement à l'attaque - irresponsable ? désespérée ? - lancée par le président Mikhaïl Saakachvili pour reprendre le contrôle de l'enclave séparatiste sud-ossète, la Russie a largement débordé en terre géorgienne, envoyant ses avions bombarder des objectifs civils et militaires à travers tout le territoire de son petit voisin caucasien. En quelques jours, près de 20 000 hommes et de plusieurs centaines de chars ont passé la chaîne du Caucase par le nord. L'aéroport international de Tbilissi a été touché à plusieurs reprises. Des troupes russes ont marché vers la ville géorgienne de Gori (noeud vital sur la grande artère commerciale qui relie l'est et l'ouest du pays) mais aussi vers le port de Poti, vers la ville de Zougdidi et vers la base militaire de Senaki.Au bout d'une semaine, malgré l'ordre donné par Saakachvili à ses soldats de cesser les combats et de rentrer dans les casernes, les chars russes poursuivaient leur avancée et campaient à 35 kilomètres de Tbilissi, les soldats creusant des tranchées, installant des check-points et exigeant des accréditations estampillées par Moscou pour laisser passer les journalistes étrangers, comme s'ils se trouvaient en Russie...
La marche vers la capitale géorgienne, maintes fois annoncée d'un ton bravache par les militaires russes aux reporters, n'a, semble-t-il, été arrêtée qu'au prix de la rapide négociation de crise menée à Moscou sur le fil du rasoir par Nicolas Sarkozy, président en exercice de l'Union européenne. Et si, au terme d'un accord conclu avec le chef de l'État français en septembre, la Russie a accepté de se retirer du territoire géorgien (hormis les deux enclaves), elle s'est empressée de conforter son occupation militaire en reconnaissant l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, où elle a l'intention d'installer des bases militaires permanentes et un contingent de quelque 7 600 hommes... Son but affiché - empêcher « pour toujours » l'entrée dans l'Otan d'une Géorgie dont elle estime qu'elle appartient à son espace d'influence légitime - est intact. De même que son désir ardent et très irrationnel de voir le président Saakachvili chassé du pouvoir à Tbilissi. Dans une démarche qui rappelle étrangement l'époque de la doctrine de la « souveraineté limitée » chère à Brejnev, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est même allé jusqu'à évoquer au plus fort de la crise cette question en tête à tête avec la secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice. Cette dernière a immédiatement rendu publique la teneur de cette conversation afin de marquer son opposition à …
La marche vers la capitale géorgienne, maintes fois annoncée d'un ton bravache par les militaires russes aux reporters, n'a, semble-t-il, été arrêtée qu'au prix de la rapide négociation de crise menée à Moscou sur le fil du rasoir par Nicolas Sarkozy, président en exercice de l'Union européenne. Et si, au terme d'un accord conclu avec le chef de l'État français en septembre, la Russie a accepté de se retirer du territoire géorgien (hormis les deux enclaves), elle s'est empressée de conforter son occupation militaire en reconnaissant l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, où elle a l'intention d'installer des bases militaires permanentes et un contingent de quelque 7 600 hommes... Son but affiché - empêcher « pour toujours » l'entrée dans l'Otan d'une Géorgie dont elle estime qu'elle appartient à son espace d'influence légitime - est intact. De même que son désir ardent et très irrationnel de voir le président Saakachvili chassé du pouvoir à Tbilissi. Dans une démarche qui rappelle étrangement l'époque de la doctrine de la « souveraineté limitée » chère à Brejnev, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est même allé jusqu'à évoquer au plus fort de la crise cette question en tête à tête avec la secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice. Cette dernière a immédiatement rendu publique la teneur de cette conversation afin de marquer son opposition à …
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