Les missiles balistiques et les missiles de croisière occupent une place de plus en plus importante dans les conflits armés. Ils supplantent progressivement les avions de combat et tendent à rendre obsolètes les doctrines militaires et les politiques d'armement conventionnelles. La Chine se dote d'un arsenal de plus en plus important de missiles anti-navires qui remettent en cause la domination de la marine américaine dans le Pacifique ; pendant la guerre du Liban, en 2006, le Hezbollah a lancé un très grand nombre de roquettes contre lesquelles aucune défense n'était possible ; la Russie a employé des missiles balistiques tactiques de haute précision pendant la courte campagne de Géorgie, à l'été 2008. Autant d'illustrations du poids croissant des missiles dans les affaires militaires contemporaines.Cette nouvelle supériorité de la puissance de feu sur la manoeuvre modifie les équilibres militaires et stratégiques sans même avoir à recourir aux armes nucléaires. Pourtant, en raison de la progression imperceptible de ce phénomène, de la préoccupation traditionnelle des militaires pour les batailles de manoeuvres et de la crainte qu'inspirent les armes nucléaires au grand public, cette révolution militaire n'a pas été suffisamment prise en compte par les états-majors occidentaux.
Alors que les combattants non occidentaux - de Kaboul à Téhéran, Beyrouth ou Gaza - s'efforcent de contrer la puissance de feu aérienne de leurs adversaires en optant pour une puissance asymétrique (celle des roquettes et/ou des missiles), les doctrines militaires en vigueur en Occident continuent, elles, de voir dans l'aviation l'arme indispensable de première frappe. En fait, ces doctrines n'ont pas changé depuis l'âge d'or de l'aviation, pendant la Seconde Guerre mondiale. L'incapacité à percevoir le potentiel décisif des missiles et des roquettes est manifeste dans l'attitude occidentale à l'égard de la défense antimissile : les gouvernements occidentaux n'investissent dans ce genre de défense qu'avec la plus grande réticence. La politique hésitante des États-Unis sur le déploiement d'un système de défense antimissile en Europe illustre à merveille cet état d'esprit ambivalent.
Le constat vaut pour l'Occident en général et pour Israël en particulier. C'est très largement grâce à son aviation que l'État hébreu a livré et gagné les guerres de 1948, 1967 et, surtout, 1982. Avec le recul, on s'aperçoit que ce recours massif à l'aviation a eu deux conséquences : les vaincus se sont adaptés à la situation en développant des armes et des doctrines asymétriques afin de contrer la supériorité aérienne des vainqueurs... tandis que ces derniers sont demeurés obnubilés par leur puissance aérienne. Il n'y a là rien de neuf. L'histoire militaire regorge d'exemples de vainqueurs agrippés obstinément à des armes et à des doctrines obsolètes, et de vaincus adoptant des mesures novatrices destinées à tirer les leçons de leurs échecs passés. Qu'on se remette en mémoire le Blitzkrieg employé par l'Allemagne en 1940 : cette doctrine avait été élaborée à la suite de la défaite de 1918. Pendant ce temps, la France ne changeait rien au système statique qui lui avait permis de remporter la victoire dans ce conflit. Ces deux …
Alors que les combattants non occidentaux - de Kaboul à Téhéran, Beyrouth ou Gaza - s'efforcent de contrer la puissance de feu aérienne de leurs adversaires en optant pour une puissance asymétrique (celle des roquettes et/ou des missiles), les doctrines militaires en vigueur en Occident continuent, elles, de voir dans l'aviation l'arme indispensable de première frappe. En fait, ces doctrines n'ont pas changé depuis l'âge d'or de l'aviation, pendant la Seconde Guerre mondiale. L'incapacité à percevoir le potentiel décisif des missiles et des roquettes est manifeste dans l'attitude occidentale à l'égard de la défense antimissile : les gouvernements occidentaux n'investissent dans ce genre de défense qu'avec la plus grande réticence. La politique hésitante des États-Unis sur le déploiement d'un système de défense antimissile en Europe illustre à merveille cet état d'esprit ambivalent.
Le constat vaut pour l'Occident en général et pour Israël en particulier. C'est très largement grâce à son aviation que l'État hébreu a livré et gagné les guerres de 1948, 1967 et, surtout, 1982. Avec le recul, on s'aperçoit que ce recours massif à l'aviation a eu deux conséquences : les vaincus se sont adaptés à la situation en développant des armes et des doctrines asymétriques afin de contrer la supériorité aérienne des vainqueurs... tandis que ces derniers sont demeurés obnubilés par leur puissance aérienne. Il n'y a là rien de neuf. L'histoire militaire regorge d'exemples de vainqueurs agrippés obstinément à des armes et à des doctrines obsolètes, et de vaincus adoptant des mesures novatrices destinées à tirer les leçons de leurs échecs passés. Qu'on se remette en mémoire le Blitzkrieg employé par l'Allemagne en 1940 : cette doctrine avait été élaborée à la suite de la défaite de 1918. Pendant ce temps, la France ne changeait rien au système statique qui lui avait permis de remporter la victoire dans ce conflit. Ces deux …
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