Quant aux fonds souverains, à l'instar du singapourien Temasek qui a ouvert des bureaux au Brésil et au Mexique en 2008, ou du chinois CIC qui a multiplié les acquisitions en 2009 en Asie centrale, en Indonésie ou à Hong Kong (plus de 4 milliards de dollars rien qu'en septembre 2009), ils regardent de plus en plus en direction des autres pays émergents, n'en déplaise aux banques anglo-saxonnes en mal de capitaux. Preuve s'il en fallait de cet appétit pour de nouveaux espaces d'investissements : l'autre fonds souverain de Singapour, GIC, a créé en septembre 2009 deux nouvelles antennes : la première établie à Londres pour appuyer le déploiement en Europe mais aussi en Asie centrale, en Afrique et au Moyen-Orient ; la deuxième basée à New York afin de développer les activités de GIC non seulement dans la partie nord des Amériques mais aussi, et surtout, dans la partie sud.
Une crise cognitive
La crise aura donc remis en cause des vérités que l'on croyait sacro-saintes. La légitimité de l'Occident à se pavaner avec ses certitudes, ses modèles et ses « meilleures pratiques » a été durablement ébranlée par cette crise globale. Une crise qui est à la fois financière, économique et cognitive. Toutes les sphères, y compris celle de la connaissance, sont touchées.
Depuis des décennies, les marchés OCDE étaient réputés être « low risk, low return » et les marchés émergents « high risk, high return ». Or investir aux États-Unis ou en Islande s'est révélé extrêmement téméraire et coûteux. A contrario, investir au Brésil ou en Inde s'est révélé beaucoup plus rentable et, en prime, moins risqué ! Conséquence : les marchés émergents …