Les Grands de ce monde s'expriment dans

POUR UNE FINANCE DURABLE

Special report: Towards sustainable finance
Et maintenant ? Une fois passée l'onde de choc violente de la crise financière, une fois mis sur les rails le cortège de mesures correctrices prises par les autorités politiques et financières mondiales, la planète panse ses plaies et s'interroge sur son avenir. Certes, quelques voix dissonantes, principalement aux États-Unis, se font toujours entendre ; mais, dans leur grande majorité, les observateurs s'accordent à penser qu'avant de retrouver une croissance mondiale équilibrée et pérenne il faut au préalable parvenir à une meilleure maîtrise de cet étrange univers financier qui a tant péché en privilégiant sa folle autonomie au détriment de sa mission naturelle de facilitateur de croissance. Le système a fini par imploser, tel un gigantesque trou noir qui fut à deux doigts d'engloutir l'économie réelle. À croissance durable, finance durable ? Incontournable... C'est en tout cas ce que nous disent les auteurs réunis dans ce Dossier spécial.
C'est à travers un enchaînement d'évidences, largement connues, que se dessinent les conditions de la croissance future. Par exemple : en faisant de la stabilité monétaire le seul socle possible d'une expansion durable ; en articulant soigneusement financements de court terme et de long terme ; en coordonnant plus efficacement décisions politiques et coopérations économiques ; en améliorant la transparence des marchés financiers ; ou encore en bannissant, autant que faire se peut, ces « shadow banking systems » qui sont à l'origine de montagnes de crédits et de dettes cachées, dangereusement désolidarisées de l'économie réelle. C'est aussi au nom d'un élémentaire principe de réalité que doivent être appréciées les bonnes postures politiques et économiques susceptibles de faciliter - comme le réclame le prix Nobel d'économie Edmund Phelps - la relance d'un capitalisme industriel aux États-Unis, ainsi que la consolidation de l'édifice européen.
C'est maintenant qu'il est vital de réévaluer les fondements de notre croissance afin de la rendre plus performante et plus écologique. Les nouvelles contraintes environnementales et énergétiques sont telles, en effet, qu'il faut par exemple repenser notre modèle de civilisation urbaine, exagérément fondé sur les déplacements automobiles.
Ce n'est pas d'une simple crise de croissance qu'a souffert le monde ces deux dernières années, mais des effets d'une hystérie financière incroyable. Ce que suggèrent aussi les contributions que l'on trouvera dans ce Dossier spécial, c'est que, dans l'univers complexe qui se dessine, la fameuse « main invisible » ne suffit plus à réguler les marchés. C'est plutôt d'une « main courante » que ces derniers ont besoin. Autrement dit, de davantage de stabilité monétaire et de financements longs.