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SAVOIR MAITRISER UNE URBANISATION EXPLOSIVE

La majorité de la population mondiale vit aujourd'hui dans des territoires urbanisés. Après le XIXe siècle qui a vu le développement industriel façonner les villes et le XXe siècle qui a construit l'espace métropolitain autour de la voiture individuelle, le XXIe siècle devra s'atteler au problème des mégapoles, vues à la fois comme une difficulté à résoudre et comme la source des inventions nécessaires au développement économique. La décision de la Banque mondiale d'inscrire les villes « au coeur de la croissance et du développement humain » montre bien que le XXIe siècle sera celui de la question urbaine.Les instruments de mesure et d'analyse dont on dispose sont étonnamment riches en données statistiques et en réflexions de toutes natures, mais on manque encore d'une véritable pensée du territoire et de ses mécanismes de formation. La pauvreté des programmes de recherche sur les questions spatiales des mégapoles se mesure à la pauvreté des investissements de recherche et développement dans ces domaines. Et pourtant, la révolution numérique a permis de mettre au point des instruments de saisie des territoires d'une puissance inégalée. N'importe quel internaute a désormais accès aux systèmes d'informations géographiques et aux innombrables photos qui le renseignent, en temps réel, sur l'état des mégapoles et les opportunités qu'elles offrent. L'inadéquation des instruments classiques de l'urbanisme et de l'aménagement des territoires est patente. Fondées sur le positivisme du XIXe siècle, ces disciplines continuent de reposer sur le principe d'une séparation des activités et sur la possibilité d'un plan régulateur. Or, loin d'être figées, les mégapoles sont des systèmes en transformation permanente, dont les mouvements, à l'instar de certains phénomènes météorologiques ou biologiques, pourraient se prêter à des modélisations mathématiques. Le constat d'inachèvement perpétuel doit donc accompagner la recherche de modes d'intervention et la formation d'outils opérationnels. L'urbanisation dite « explosive » ne saurait être considérée comme incontrôlable.
L'accessibilité aux lieux, aux connaissances et à l'eau
L'accessibilité aux lieux est inséparable de toute forme d'organisation urbaine. La démocratie athénienne a mis en lumière l'incontournable notion d'espace public comme la condition nécessaire du vivre ensemble. Plus prosaïquement, il ne peut y avoir de ville sans quelque chose qui s'apparente à une rue. Du sentier à l'autoroute, de l'âne ou de la bicyclette aux véhicules électriques mutualisés de demain, les questions de mobilité sont la cause et la conséquence de l'urbanisation. L'effort conceptuel et méthodologique doit porter sur le tressage et les conditions d'existence de toutes les formes de déplacements.
La ségrégation sociale est indissociable de la ségrégation spatiale. Qu'il s'agisse des favelas et des barrios d'Amérique latine, des grandes aires urbaines asiatiques ou africaines ou de la desserte des banlieues pavillonnaires du monde occidental, on retrouve les mêmes enchaînements de pratiques et de décisions, plus ou moins assumées, qui façonnent les conditions d'accessibilité.
La révolution numérique a accentué les capacités d'accès aux connaissances des pays riches, entraînant une autre forme de ségrégation qui se superpose à l'incapacité d'accéder aux lieux d'échanges et de production. Face à ce décalage entre les accessibilités matérielles et …