Depuis plus de soixante ans, nous avons bénéficié d'une croissance presque ininterrompue. Dans les économies développées, chaque génération a pu vivre avec la conviction que la suivante connaîtrait un niveau de vie plus élevé. Cette certitude est aujourd'hui ébranlée pour deux raisons. D'une part, la crise financière a engendré une forte récession et mis en lumière la fragilité de certains mécanismes économiques. D'autre part, la diminution des ressources naturelles semble poser des limites de plus en plus contraignantes à l'accroissement de notre prospérité. Afin de retrouver une croissance durable nous devons désormais surmonter deux défis : réduire l'instabilité financière et gérer la rareté de nos ressources. Je ne crois pas à la « décroissance » car nos sociétés disposent de réserves de dynamisme et d'innovation qui les aideront à surmonter ces défis. Il faudra pour cela investir, former les hommes et les femmes, choisir et développer les technologies appropriées. Dans cette nouvelle approche de la croissance, il est indispensable de penser et de décider en fonction du très long terme. Les économies de marché en sont capables. Mais, pour s'affranchir d'une approche à court terme, elles ont besoin de stabilité : stabilité des règles applicables aux divers acteurs ; stabilité relative des évolutions conjoncturelles ; enfin, et surtout, stabilité monétaire.
La monnaie, on le sait, remplit trois fonctions : c'est d'abord l'instrument des transactions, mais c'est aussi une unité de compte et une réserve de valeur. L'instabilité monétaire déforme les prix relatifs et fausse les décisions économiques. Or, pour allouer efficacement les ressources naturelles de plus en plus rares dont dispose la planète, pour effectuer en connaissance de cause les choix qui affecteront les générations futures, les agents économiques publics et privés doivent pouvoir compter dans une unité stable. Ils doivent aussi pouvoir « stocker » la valeur et la conserver sans perte dans le temps. À défaut, l'épargne sera insuffisante ou mal orientée. À ce double titre, la stabilité monétaire est une condition de la croissance durable.
Politique monétaire et croissance
Rappel des fondamentaux
Après la Seconde Guerre mondiale, la pensée et la politique économiques ont été dominées pendant plus de trois décennies par la recherche du meilleur arbitrage possible entre inflation et croissance. L'outil conceptuel fondamental était la fameuse « courbe de Philips » établissant une relation inverse entre les taux d'inflation et de chômage. Sur cette base, il apparaissait possible de stimuler la croissance par une politique monétaire appropriée, au prix d'une inflation certes plus élevée, mais toujours maîtrisable.
La forte inflation des décennies 1970 et 1980 a montré le caractère trompeur et dangereux de cette approche. En présence d'un « choc d'offre », tel que la forte hausse des prix pétroliers que nous avons connue durant cette période, l'inflation s'est accélérée alors que le chômage augmentait. Le fameux arbitrage avait disparu. En outre, ce sont les anticipations des agents économiques qui déterminent fondamentalement l'inflation et, si les autorités monétaires tentent durablement de stimuler la croissance au prix d'une inflation plus forte, ces anticipations se modifient profondément, …
La monnaie, on le sait, remplit trois fonctions : c'est d'abord l'instrument des transactions, mais c'est aussi une unité de compte et une réserve de valeur. L'instabilité monétaire déforme les prix relatifs et fausse les décisions économiques. Or, pour allouer efficacement les ressources naturelles de plus en plus rares dont dispose la planète, pour effectuer en connaissance de cause les choix qui affecteront les générations futures, les agents économiques publics et privés doivent pouvoir compter dans une unité stable. Ils doivent aussi pouvoir « stocker » la valeur et la conserver sans perte dans le temps. À défaut, l'épargne sera insuffisante ou mal orientée. À ce double titre, la stabilité monétaire est une condition de la croissance durable.
Politique monétaire et croissance
Rappel des fondamentaux
Après la Seconde Guerre mondiale, la pensée et la politique économiques ont été dominées pendant plus de trois décennies par la recherche du meilleur arbitrage possible entre inflation et croissance. L'outil conceptuel fondamental était la fameuse « courbe de Philips » établissant une relation inverse entre les taux d'inflation et de chômage. Sur cette base, il apparaissait possible de stimuler la croissance par une politique monétaire appropriée, au prix d'une inflation certes plus élevée, mais toujours maîtrisable.
La forte inflation des décennies 1970 et 1980 a montré le caractère trompeur et dangereux de cette approche. En présence d'un « choc d'offre », tel que la forte hausse des prix pétroliers que nous avons connue durant cette période, l'inflation s'est accélérée alors que le chômage augmentait. Le fameux arbitrage avait disparu. En outre, ce sont les anticipations des agents économiques qui déterminent fondamentalement l'inflation et, si les autorités monétaires tentent durablement de stimuler la croissance au prix d'une inflation plus forte, ces anticipations se modifient profondément, …
Ce site est en accès libre. Pour lire la suite, il vous suffit de vous inscrire.
J'ai déjà un compte
M'inscrire
Celui-ci sera votre espace privilégié où vous pourrez consulter à tout moment :
- Historiques de commandes
- Liens vers les revues, articles ou entretiens achetés
- Informations personnelles