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L'EUROPE DU NORD GAGNEE PAR LE POPULISME DE DROITE

Réputée raisonnable et consensuelle, l'Europe du Nord n'est pas pour autant exempte de crispations ni de frustrations qui favorisent l'émergence de formations extrémistes à la droite de la droite traditionnelle. En Norvège et au Danemark, des partis populistes véhiculant des idées islamophobes se sont hissés, respectivement, au deuxième et au troisième rang sur l'échiquier politique national : le Parti du progrès (FrP), qui a recueilli 22,9 % des voix aux élections législatives norvégiennes de septembre 2009 ; et le Parti du peuple danois (DF), qui a réalisé un score de 13,9 % en novembre 2007. En Suède, une telle force populiste n'existe pas, mais un parti xénophobe, directement issu de la mouvance nazie, a de fortes chances de faire son entrée au Parlement à l'occasion des législatives du 19 septembre prochain. Une telle percée constituerait une première dans le royaume depuis les années 1930. Quant à la Finlande, traditionnellement moins ouverte aux étrangers, elle voit à son tour l'immigration s'installer parmi par les questions les plus débattues, à l'instigation d'un parti qui joue sur la méfiance à l'encontre des musulmans.Comme ailleurs sur le continent, les sociétés nordiques - longtemps restées homogènes - sont désormais confrontées aux thèmes de l'identité nationale, de la place à accorder aux immigrés et aux religions qu'ils pratiquent. Après tout, ce n'est pas un hasard si c'est au Danemark qu'ont été publiées les caricatures du prophète Mahomet, à l'origine en 2006 d'une polémique quasi planétaire dont les conséquences se font encore ressentir aujourd'hui. Comment ce courant de pensée a-t-il réussi à s'imposer dans ce bastion de la tolérance qu'était l'Europe du Nord ? Sur quelles idées et quelles méthodes les partis populistes se sont-ils appuyés pour percer au Danemark et en Norvège ? Pourquoi n'existe-t-il pas, comme dans ces deux pays, une vraie force populiste de droite en Suède ? A contrario, comment expliquer que des groupuscules néonazis aient mieux réussi à s'implanter dans ce royaume que chez ses voisins ? Autant de questions qui nous ramènent au passé.
Dans les années 1930, les pays nordiques ne passèrent pas sous la coupe de gouvernements autoritaires comme il en fleurissait ailleurs en Europe. Les partis directement influencés par le national-socialisme allemand ne connurent un succès électoral que très minime dans des sociétés déjà dominées, dans les pays scandinaves (Danemark, Norvège, Suède), par un courant social-démocrate fort. Le Danemark éprouvait une méfiance certaine à l'égard de tout ce qui était allemand, après avoir dû céder les deux cinquièmes de son territoire à la Prusse et à l'Autriche en 1864. Quant à la Norvège, indépendante depuis 1905, elle traversait encore une phase de consolidation nationale.
L'admiration pour l'Allemagne
Finalement, du trio scandinave, c'est la Suède qui se révéla être la moins insensible aux thèses nazies. De longue date, elle avait développé des liens particuliers avec l'Allemagne. Protestante comme elle, la patrie de Goethe fascinait par son riche patrimoine culturel et son sens de la discipline. Sur le plan commercial, aussi, les relations étaient prospères. Aussi, lorsque Hitler accéda au …