De qui s'agit-il ?
Un homme nouveau
Barack Hussein Obama est né dans la conscience de l'Amérique lors de la convention du Parti démocrate à Boston en août 2004. Jusque-là, il était inconnu de tous ou presque, un métis que les Noirs américains trouvaient un peu trop blanc et à la marge de leur expérience tandis que les autres le trouvaient un peu trop différent de nom et d'apparence.En France et ailleurs, il fut découvert plus tard comme une espèce d'« étranger » camusien, un Meursault apparemment indifférent aux foules qui l'applaudissaient pour ce qu'il incarnait plus que pour ce qu'il pourrait devenir - un destin auquel il n'était pas tout à fait possible de croire. Mais aux États-Unis, où les références littéraires sont différentes, il rappelait plutôt l'« homme invisible » de Ralph Ellison, le fameux romancier noir du début des années 1950 : « invisible » parce que ignoré au sein d'une société traitant encore « ses » Noirs au passé composé (à savoir comme les esclaves qu'ils avaient été) plutôt qu'au temps présent (à savoir en vertu de ce qu'ils sont devenus dans une émancipation vécue au ralenti).
Ralph Ellison, successeur de Richard Wright et précurseur de James Baldwin, ne laissait son héros découvrir les « possibilités infinies » qui lui étaient ouvertes que tard dans sa pénible existence - bien trop tard pour qu'il puisse les explorer. Bénéficiant des progrès d'une société qui s'était ouverte depuis sa naissance en 1961, Obama, lui, comprenait mieux ses « possibilités » ; surtout, il était mieux à même de les vivre pleinement, dans l'équilibre des particularités qui en faisaient un Afro-Américain à part entière puisque né Américain d'un père africain. Personnage de roman à auteurs multiples, Obama faisait de nous des « juges pénitents » chargés de se prononcer sur son authenticité américaine et sur ses racines multiculturelles - le « melting-pot » dans toute sa plénitude. « J'ai des frères, des soeurs, des nièces, des neveux, des oncles et des cousins de chaque race, disséminés sur trois continents », aimait-il expliquer. Et d'insister : « Mon histoire ne serait possible dans aucun autre pays », avant de conclure, à Paris, le 25 juillet 2008 : « Je suis un fier citoyen américain, mais également un citoyen du monde. » En bref, yes I can.
En prononçant son verdict, en novembre 2008, une Amérique pénitente, consciente d'un passé somme toute honteux, demandait, par son vote, que Barack libère le pays de son histoire en faisant de « ce » Noir « son » président pour « l'Amérique d'après ». Une Amérique pardonnée pour son péché originel (l'esclavage), mais aussi pour le président sortant, George W. Bush le mal-aimé, condamné à perpétuité en raison des erreurs et des excès de son administration. Obama, disait Axel Poniatowski, alors président de la Commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale, est le « candidat porteur d'espoir et ouvert sur le monde » dont la vision présente une « occasion magnifique » de mettre …
Un homme nouveau
Barack Hussein Obama est né dans la conscience de l'Amérique lors de la convention du Parti démocrate à Boston en août 2004. Jusque-là, il était inconnu de tous ou presque, un métis que les Noirs américains trouvaient un peu trop blanc et à la marge de leur expérience tandis que les autres le trouvaient un peu trop différent de nom et d'apparence.En France et ailleurs, il fut découvert plus tard comme une espèce d'« étranger » camusien, un Meursault apparemment indifférent aux foules qui l'applaudissaient pour ce qu'il incarnait plus que pour ce qu'il pourrait devenir - un destin auquel il n'était pas tout à fait possible de croire. Mais aux États-Unis, où les références littéraires sont différentes, il rappelait plutôt l'« homme invisible » de Ralph Ellison, le fameux romancier noir du début des années 1950 : « invisible » parce que ignoré au sein d'une société traitant encore « ses » Noirs au passé composé (à savoir comme les esclaves qu'ils avaient été) plutôt qu'au temps présent (à savoir en vertu de ce qu'ils sont devenus dans une émancipation vécue au ralenti).
Ralph Ellison, successeur de Richard Wright et précurseur de James Baldwin, ne laissait son héros découvrir les « possibilités infinies » qui lui étaient ouvertes que tard dans sa pénible existence - bien trop tard pour qu'il puisse les explorer. Bénéficiant des progrès d'une société qui s'était ouverte depuis sa naissance en 1961, Obama, lui, comprenait mieux ses « possibilités » ; surtout, il était mieux à même de les vivre pleinement, dans l'équilibre des particularités qui en faisaient un Afro-Américain à part entière puisque né Américain d'un père africain. Personnage de roman à auteurs multiples, Obama faisait de nous des « juges pénitents » chargés de se prononcer sur son authenticité américaine et sur ses racines multiculturelles - le « melting-pot » dans toute sa plénitude. « J'ai des frères, des soeurs, des nièces, des neveux, des oncles et des cousins de chaque race, disséminés sur trois continents », aimait-il expliquer. Et d'insister : « Mon histoire ne serait possible dans aucun autre pays », avant de conclure, à Paris, le 25 juillet 2008 : « Je suis un fier citoyen américain, mais également un citoyen du monde. » En bref, yes I can.
En prononçant son verdict, en novembre 2008, une Amérique pénitente, consciente d'un passé somme toute honteux, demandait, par son vote, que Barack libère le pays de son histoire en faisant de « ce » Noir « son » président pour « l'Amérique d'après ». Une Amérique pardonnée pour son péché originel (l'esclavage), mais aussi pour le président sortant, George W. Bush le mal-aimé, condamné à perpétuité en raison des erreurs et des excès de son administration. Obama, disait Axel Poniatowski, alors président de la Commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale, est le « candidat porteur d'espoir et ouvert sur le monde » dont la vision présente une « occasion magnifique » de mettre …
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