Les Grands de ce monde s'expriment dans

UNE ALLEMAGNE SIGNEE MERKEL

La renommée internationale d'Angela Merkel n'est plus à faire. Encore peu connue hors d'Europe lors de sa première élection au poste de chancelière, en novembre 2005, l'ancienne petite fille modèle des gouvernements de Lothar de Maizière (1) puis de Helmut Kohl, a très vite éclipsé la sémillante image de son prédécesseur Gerhard Schröder. À preuve le titre de « femme la plus puissante au monde » que lui a décerné le magazine américain Forbes ; ou les nombreux prix d'excellence remis par diverses institutions, dont le prix Charlemagne d'Aix-la-Chapelle. Sans oublier les ovations prolongées qui l'accueillent lors des congrès de son parti - la CDU chrétienne-démocrate - ou à l'occasion de réunions tenues devant des parterres internationaux immensément prestigieux : la Conférence annuelle sur la sécurité à Munich, la Knesset israélienne, le Congrès américain et bien d'autres. À partir de 2007, Nicolas Sarkozy était venu lui ravir la vedette sur la scène européenne et internationale. Mais elle n'a pas tardé à rattraper le président français sur le terrain de la notoriété. Elle l'a eu au souffle. Elle a remis l'Europe à l'heure de Berlin. Ce qui n'empêche pas la chancelière Merkel de rester une personne toute simple qui écoute patiemment ses interlocuteurs et qui préfère habiter avec son époux dans un appartement privé plutôt que dans le logis de fonction qui lui est réservé à la chancellerie. Mère de la nation
D'où vient cette popularité ? Sans doute sa qualité de première femme appelée à gouverner l'Allemagne depuis que ce pays existe force-t-elle l'attention et lui vaut-elle certains privilèges. Mais sa réputation de sérieux et de solidité ne tient pas uniquement à ses yeux bleus ; ni à la manière dont elle conjugue, dans sa gestion des affaires, vertus féminines et méthodes viriles. Non, si la « gamine » de Helmut Kohl s'est muée en une sorte de « mère de la nation », elle le doit à un travail politique acharné.
Mme Merkel est une tacticienne, intuitive et réceptive, mais qui garde la tête froide et ne se berce pas d'illusions. Certes, entre le Rhin et l'Oder, sa cote s'était récemment un peu émoussée après un démarrage difficile de son deuxième gouvernement. Selon l'institut Infratest, elle avait reculé en ce début d'année 2010 de 70 % à 59 % d'opinions positives parmi ses compatriotes (2). En pleine crise économique et financière, maints leaders auraient pu lui envier un score aussi flatteur ! Mais la maestria avec laquelle elle a réussi à tirer son épingle du jeu au milieu des turbulences infligées à la zone euro par les déficits de la Grèce a redoré son blason aux yeux de ses compatriotes. « Madame Non », « Madame Nein », « La chancelière de fer », « La taulière de l'Europe », « Celle qui détient les clés » (3) : ces sobriquets que lui ont décernés les médias étrangers sont autant de lauriers qu'elle a ramenés chez elle. Cette Allemagne signée Merkel, première puissance économique européenne, deuxième puissance commerciale du …