Sebastián Piñera, nouveau président du Chili, s'adresse pour la première fois au public français. Ce riche et puissant entrepreneur, connu pour sa francophilie, libéral convaincu en matière économique, démontre qu'il peut y avoir au Chili une droite modérée et moderne qui n'a plus rien à voir avec le régime de Pinochet - une dictature que M. Piñera a toujours énergiquement combattue.En succédant à Michelle Bachelet, Sebastián Piñera a mis fin à vingt ans de domination du centre gauche sur la politique chilienne. Il dévoile ici ses projets et sa vision pour son pays. Son souhait : transformer le Chili en profondeur en l'espace d'un mandat présidentiel - et cela, malgré les conséquences du tremblement de terre dévastateur de février dernier.
P. W. Patrick Wajsman - Lorsqu'on est le premier président de droite élu à la loyale depuis plus d'un demi-siècle et le premier à interrompre vingt années de gouvernement de centre gauche, que ressent-on le soir de l'élection ? Quelle a été votre pensée le soir de la victoire ?
Sebastián Piñera - Ce fut une soirée formidable, pleine d'émotions. Nous nous sommes battus pendant deux décennies pour cette victoire. Personnellement, j'ai toujours été un libéral convaincu. J'ai lutté pour faire triompher la liberté politique et le système démocratique : vous savez que je n'ai jamais soutenu le régime militaire. Je me suis aussi battu pour la liberté économique et pour la liberté sociale, c'est-à-dire pour l'égalité des chances. Ce soir-là, j'ai pensé que, pour la première fois dans l'histoire du Chili, ces trois grandes libertés étaient rassemblées sous la bannière d'un seul et même gouvernement : le mien. J'ai ressenti un grand espoir... et la certitude que nous allions rendre justice à nos valeurs.
P. W. - Avant d'entrer en politique, vous avez été un universitaire puis un entrepreneur heureux. Vous définiriez-vous comme un « manager en politique » ?
S. P. - Je me définirais plutôt comme un battant : je me suis toujours battu de toutes mes forces pour donner corps à mes rêves. C'est cet état d'esprit qui m'a permis d'accomplir mes vocations - je dois le dire, avec un certain succès. Ma première carrière a été académique, à partir des années 1970 : après avoir obtenu un doctorat en économie à Harvard, j'ai enseigné dans différentes universités pendant une vingtaine d'années. À partir des années 1980, j'ai laissé libre cours à ma vocation d'entrepreneur en créant plusieurs entreprises dont certaines ont été de formidables réussites. À la fin des années 1980, à l'occasion du référendum de 1988 (1), je me suis rendu à l'évidence : ce que je désirais réellement, au plus profond de moi-même, c'était de me mettre au service de la société. J'ai alors rejoint les forces qui luttaient pour le retour de la démocratie. J'ai ensuite été sénateur pendant huit ans, puis président de mon parti pendant quatre ans. En 2005, je me suis présenté à l'élection présidentielle, que j'ai perdue de peu face à Michelle Bachelet. Je me suis présenté une nouvelle fois cette année... et j'ai gagné.
De fait, je ne me considère pas comme un manager. Beaucoup plus comme un battant armé d'une vision pour mon pays : faire en sorte que, avant la fin de cette décennie, le Chili devienne le premier pays d'Amérique latine ayant mis fin au sous-développement et à la pauvreté. Notre revenu par habitant est actuellement de 14 000 dollars par an. Le seuil généralement accepté pour intégrer le club des pays développés est de 22 000 dollars - le Portugal, par exemple, est encore en dessous de ce niveau. C'est mon but ultime et je me battrai pour y arriver, comme je me suis battu pour réaliser mes autres rêves.
P. W. - Sur un …
P. W. Patrick Wajsman - Lorsqu'on est le premier président de droite élu à la loyale depuis plus d'un demi-siècle et le premier à interrompre vingt années de gouvernement de centre gauche, que ressent-on le soir de l'élection ? Quelle a été votre pensée le soir de la victoire ?
Sebastián Piñera - Ce fut une soirée formidable, pleine d'émotions. Nous nous sommes battus pendant deux décennies pour cette victoire. Personnellement, j'ai toujours été un libéral convaincu. J'ai lutté pour faire triompher la liberté politique et le système démocratique : vous savez que je n'ai jamais soutenu le régime militaire. Je me suis aussi battu pour la liberté économique et pour la liberté sociale, c'est-à-dire pour l'égalité des chances. Ce soir-là, j'ai pensé que, pour la première fois dans l'histoire du Chili, ces trois grandes libertés étaient rassemblées sous la bannière d'un seul et même gouvernement : le mien. J'ai ressenti un grand espoir... et la certitude que nous allions rendre justice à nos valeurs.
P. W. - Avant d'entrer en politique, vous avez été un universitaire puis un entrepreneur heureux. Vous définiriez-vous comme un « manager en politique » ?
S. P. - Je me définirais plutôt comme un battant : je me suis toujours battu de toutes mes forces pour donner corps à mes rêves. C'est cet état d'esprit qui m'a permis d'accomplir mes vocations - je dois le dire, avec un certain succès. Ma première carrière a été académique, à partir des années 1970 : après avoir obtenu un doctorat en économie à Harvard, j'ai enseigné dans différentes universités pendant une vingtaine d'années. À partir des années 1980, j'ai laissé libre cours à ma vocation d'entrepreneur en créant plusieurs entreprises dont certaines ont été de formidables réussites. À la fin des années 1980, à l'occasion du référendum de 1988 (1), je me suis rendu à l'évidence : ce que je désirais réellement, au plus profond de moi-même, c'était de me mettre au service de la société. J'ai alors rejoint les forces qui luttaient pour le retour de la démocratie. J'ai ensuite été sénateur pendant huit ans, puis président de mon parti pendant quatre ans. En 2005, je me suis présenté à l'élection présidentielle, que j'ai perdue de peu face à Michelle Bachelet. Je me suis présenté une nouvelle fois cette année... et j'ai gagné.
De fait, je ne me considère pas comme un manager. Beaucoup plus comme un battant armé d'une vision pour mon pays : faire en sorte que, avant la fin de cette décennie, le Chili devienne le premier pays d'Amérique latine ayant mis fin au sous-développement et à la pauvreté. Notre revenu par habitant est actuellement de 14 000 dollars par an. Le seuil généralement accepté pour intégrer le club des pays développés est de 22 000 dollars - le Portugal, par exemple, est encore en dessous de ce niveau. C'est mon but ultime et je me battrai pour y arriver, comme je me suis battu pour réaliser mes autres rêves.
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