Les Grands de ce monde s'expriment dans

COLOMBIE : CHANGEMENT DANS LA CONTINUITE

Politique Internationale - Monsieur le Président, votre élection ouvre un nouveau chapitre de l'histoire de la Colombie. Quelles seront vos priorités ?
Juan Manuel Santos - Ma présidence se donne deux objectifs fondamentaux. Tout d'abord, préserver et consolider la sécurité et la tranquillité des Colombiens : une quiétude obtenue de haute lutte, après des années d'efforts, par mon prédécesseur, Alvaro Uribe ! Ensuite, mettre en oeuvre une politique centrée sur la création d'emplois. Le taux de chômage est de 12 %. C'est inacceptable ! Les emplois que nous allons créer seront mieux payés et mieux protégés par la loi. C'est ce que demandent les Colombiens. C'est ce pour quoi ils ont voté.
Le symbole des deux mandats du président Uribe a été la Sécurité démocratique (1). Pour ma part, je veux que l'on se souvienne de moi comme du président qui a donné du travail aux Colombiens.
P. I. - Quelles sont les premières mesures que vous allez prendre en ce sens ?
J. M. S. - Nous avons décidé de mettre l'accent sur cinq secteurs que je considère comme les « locomotives » de l'éco-nomie : les infrastructures ; le logement ; l'agriculture ; l'industrie minière ; et l'innovation. Concrètement, nous mettrons en oeuvre dès mon entrée en fonctions trois programmes de choc visant à créer des emplois : Emploi en action (Empleo en Acción), qui générera immédiatement des emplois en raison du lancement de grands projets utiles au pays ; Jeunes en action, qui permettra aux jeunes ayant peu de moyens d'accéder aux métiers techniques et à des stages dans des entreprises, lesquelles pourront ensuite les embaucher ; et Femmes en action, destiné à en finir avec la discrimination professionnelle des femmes et à favoriser leur entrée dans le monde du travail.
Par surcroît, nous soutiendrons financièrement les entreprises qui créent des emplois stables et nous faciliterons la naissance de nouvelles entreprises en réduisant les formalités administratives au cours des trois premières années de leur existence. Grâce à ces outils, nous pensons créer au moins deux millions et demi de nouveaux emplois et stabiliser un demi-million de postes qui sont, aujourd'hui, précaires. À la fin de mon mandat, le taux de chômage devra être inférieur à 9 %.
P. I. - En quelques mots, quelles seront vos priorités en matière de politique intérieure et extérieure ?
J. M. S. - En matière de politique intérieure, nous désignerons ce que j'appelle un gouvernement d'union nationale qui regroupera des forces citoyennes et politiques autour d'un « Grand accord national pour la prospérité ». Pendant la campagne, je me suis engagé à tenir compte des meilleures propositions des autres candidats et c'est exactement ce que je ferai. Ne serait-ce que parce que j'estime avoir une dette envers les citoyens d'autres sensibilités politiques que celle du Parti de la U (2) qui ont fait confiance à notre programme !
Pour ce qui concerne la politique extérieure, l'une de mes priorités sera la normalisation des relations avec l'Équateur et le Venezuela. Je ne …