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LE TRAITE « NEW START » COTE COUR

La presse a unanimement salué l'accord Start signé le 8 avril à Prague par les présidents Barack Obama et Dmitri Medvedev, qualifié d'« accord historique ». C'est une hyperbole comme on les aime quand les chefs d'État se rencontrent. Certes, la signature à Prague a marqué un succès diplomatique pour les deux présidents : Barack Obama fêtait le premier anniversaire de son discours sur le désarmement nucléaire et Dmitri Medvedev retrouvait une position inespérée d'interlocuteur privilégié des États-Unis (1). Mais le traité lui-même ne méritait pas de faire les gros titres. Il ne s'agit, en réalité, que d'une nouvelle étape, modeste au demeurant, dans la longue histoire des accords de contrôle des armements négociés pendant et après la guerre froide (les traités Salt des années 1970 et Start des années 1990) (2). Contrairement à ce qui était annoncé, les réductions sont pratiquement inexistantes par rapport au traité de Moscou de 2002. Les Américains ont souvent donné le sentiment de négocier avec eux-mêmes plutôt que de prendre en compte l'évolution de l'arsenal russe. Quant au processus de ratification, il pourrait s'avérer plus difficile que ne l'a prévu l'administration Obama.
Pourquoi cet accord?
Ces négociations répondaient à la fois à une raison technique et à une raison politique. La raison technique était l'expiration le 5 décembre 2010 de Start I, un traité sur lequel reposaient toutes les opérations de vérification mutuelles antérieures de l'arsenal stratégique des deux pays. On aurait pu se contenter de le prolonger (la possibilité existait dans le texte) ; c'était d'ailleurs la solution qu'avait retenue une partie des experts américains en 2009. Mais - et c'est là qu'intervient la raison politique - Barack Obama souhaitait vivement relancer les relations bilatérales avec Moscou afin de marquer sa différence avec son prédécesseur. Le reset button (3) offert par Hillary Clinton à son homologue russe Sergueï Lavrov au printemps 2009 constituait le symbole matériel de cette volonté. Comme par un fait exprès, cependant, les Américains s'étaient trompés de traduction : au lieu de porter la légende « redémarrage », l'objet présenté aux Russes était estampillé du mot « surcharge ». La suite prouve, si l'on peut dire, que l'erreur était juste : l'ordre du jour était bien « surchargé » et le redémarrage n'a pas vraiment produit ses fruits, comme le montrent les nombreuses concessions demandées par Moscou pour le vote de la nouvelle résolution 1929 contre l'Iran.
Quelles sont les armes visées par New Start ?
S'agissant d'un accord stratégique, les armes non stratégiques ou tactiques se trouvent par définition exclues du traité. Ces dernières représentent pourtant une partie considérable de l'arsenal russe : entre 3 000 et 5 000 têtes nucléaires qui jouent, tout particulièrement dans la nouvelle doctrine russe, un rôle important, même si, théoriquement (5), ces armes ne sont pas déployées et se trouvent stockées dans des dépôts. Les États-Unis en possèdent environ 500 (dont 250 à 300 sur le sol européen) (6). Le prochain traité nucléaire bilatéral, si traité il y a (7), devrait selon Washington …