Il y a seulement quelques semaines, poser une telle question, ou même seulement l'évoquer, eût été jugé particulièrement inconvenant. Certes, depuis la naissance de l'euro, il y eut toujours des économistes pour afficher leur scepticisme. Il s'agissait cependant de personnalités solitaires, très minoritaires au sein de leur profession et portant souvent bien haut - mais pas exclusivement - la bannière provocatrice de l'ultra-libéralisme.En réalité, ils n'étaient pas seuls. Bien d'autres de leurs collègues partageaient leurs analyses et émettaient les mêmes doutes. Mais ils avaient intérêt à ne pas les exprimer trop ouvertement s'ils ne voulaient pas voir leur carrière en être irrémédiablement affectée.
Aujourd'hui, avec le traumatisme de la crise financière grecque, tout a changé. La parole s'est libérée. Les journaux et médias n'hésitent plus à poser ouvertement la question maudite. La zone euro ne risque-t-elle pas d'éclater ? La Grèce ne va-t-elle pas sortir de l'euro ? Et si c'était, au contraire, l'Allemagne ? Les scénarios fleurissent, y compris ceux qui annoncent la mort de l'euro.
L'euro était une belle idée. A priori on ne pouvait y voir que des avantages. Pendant sept ans, en tant que fonctionnaire européen travaillant à Bruxelles, mais rentrant chaque week-end dans mon village du nord de l'Yonne, j'en ai largement apprécié la commodité. Tout comme des millions de vacanciers qui, chaque été, courent vers le soleil des pays méditerranéens. L'avènement de la monnaie unique nous a grandement simplifié la vie. Elle a privé les journalistes de ces grands moments d'excitation professionnelle qui accompagnaient le retour récurrent des crises monétaires internationales. Surtout, elle a offert au personnel politique européen l'exaltation d'avoir cru mettre en place le « moteur » qui allait accélérer le processus d'unification européenne et devait enfin précipiter l'avènement de l'Europe en tant que nouvelle puissance politique.
Sans doute la création de l'UEM a-t-elle comporté un certain nombre d'avantages, le moindre n'étant pas la possibilité de disposer de taux d'intérêt de long terme moins élevés que ceux qui auraient été payés si les pays de la zone euro avaient continué de fonctionner avec leurs propres monnaies nationales. Les trésors publics des pays méditerranéens en ont d'ailleurs abondamment profité, comme on le constate aujourd'hui. Dans les années 1990, à l'époque du traité de Maastricht, on nous expliquait, à coups de rapports largement médiatisés, que l'euro devait nous rapporter un point de croissance en plus (1). Mais il y a aussi le revers de la médaille, les coûts économiques que la machinerie communautaire a toujours eu tendance à passer sous silence, ou du moins à minorer, et dont elle ne veut d'ailleurs toujours pas reconnaître la réalité, alors même que la crise actuelle en est un produit direct.
Que la création de l'euro soit l'expression d'un noble projet politique, que celui-ci vaille peut-être la peine que les Européens acceptent en son nom certains sacrifices, fort bien. Mais il faut aussi tenir compte des circonstances qui ont entouré cette naissance. Or celle-ci s'est déroulée dans des conditions qui, dès les premières années, ont déclenché la …
Aujourd'hui, avec le traumatisme de la crise financière grecque, tout a changé. La parole s'est libérée. Les journaux et médias n'hésitent plus à poser ouvertement la question maudite. La zone euro ne risque-t-elle pas d'éclater ? La Grèce ne va-t-elle pas sortir de l'euro ? Et si c'était, au contraire, l'Allemagne ? Les scénarios fleurissent, y compris ceux qui annoncent la mort de l'euro.
L'euro était une belle idée. A priori on ne pouvait y voir que des avantages. Pendant sept ans, en tant que fonctionnaire européen travaillant à Bruxelles, mais rentrant chaque week-end dans mon village du nord de l'Yonne, j'en ai largement apprécié la commodité. Tout comme des millions de vacanciers qui, chaque été, courent vers le soleil des pays méditerranéens. L'avènement de la monnaie unique nous a grandement simplifié la vie. Elle a privé les journalistes de ces grands moments d'excitation professionnelle qui accompagnaient le retour récurrent des crises monétaires internationales. Surtout, elle a offert au personnel politique européen l'exaltation d'avoir cru mettre en place le « moteur » qui allait accélérer le processus d'unification européenne et devait enfin précipiter l'avènement de l'Europe en tant que nouvelle puissance politique.
Sans doute la création de l'UEM a-t-elle comporté un certain nombre d'avantages, le moindre n'étant pas la possibilité de disposer de taux d'intérêt de long terme moins élevés que ceux qui auraient été payés si les pays de la zone euro avaient continué de fonctionner avec leurs propres monnaies nationales. Les trésors publics des pays méditerranéens en ont d'ailleurs abondamment profité, comme on le constate aujourd'hui. Dans les années 1990, à l'époque du traité de Maastricht, on nous expliquait, à coups de rapports largement médiatisés, que l'euro devait nous rapporter un point de croissance en plus (1). Mais il y a aussi le revers de la médaille, les coûts économiques que la machinerie communautaire a toujours eu tendance à passer sous silence, ou du moins à minorer, et dont elle ne veut d'ailleurs toujours pas reconnaître la réalité, alors même que la crise actuelle en est un produit direct.
Que la création de l'euro soit l'expression d'un noble projet politique, que celui-ci vaille peut-être la peine que les Européens acceptent en son nom certains sacrifices, fort bien. Mais il faut aussi tenir compte des circonstances qui ont entouré cette naissance. Or celle-ci s'est déroulée dans des conditions qui, dès les premières années, ont déclenché la …
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