La campagne qui a précédé les élections législatives du 21 août en Australie a été décrite tout à la fois comme l'une des plus ennuyeuses de l'histoire du pays (1) et comme l'une des plus extraordinaires (2). Ces jugements contradictoires illustrent bien la confusion qui s'est emparée du monde politique australien à l'occasion de ce scrutin. Celui-ci s'est effectivement soldé par un résultat confus : aucun parti n'a atteint la majorité absolue. Du jamais vu au niveau fédéral depuis 1940. Le pays s'est trouvé plongé dans l'incertitude pendant deux longues semaines avant que Julia Gillard, qui expédiait les affaires courantes, ne se trouve confirmée au poste de premier ministre.Pour comprendre comment l'Australie en est arrivée là, il faut remonter un peu en arrière.
Grandes manoeuvres et petits arrangements
Au soir du 23 juin, l'Australie avait à sa tête (3) un premier ministre nommé Kevin Rudd. Il était en poste depuis sa victoire sur le libéral John Howard en novembre 2007 et, même si sa popularité avait fortement décliné, tout le monde était convaincu qu'il se maintiendrait en place et qu'il parviendrait le moment venu à mener le Parti travailliste (ALP) à un nouveau succès électoral. C'est ce qu'affirmait le grand journal de Melbourne, le Sunday Age, deux jours plus tôt. Mais, dès le lendemain, les Australiens se sont retrouvés avec un nouveau premier ministre, Julia Gillard, l'adjointe de Rudd, que son parti venait de porter à la tête du gouvernement, comme le permettent les institutions politiques anglo-saxonnes (4). La surprise fut vive : jamais auparavant un premier ministre en exercice n'avait été renversé par son propre parti avant même d'avoir achevé son premier mandat (5).
Le lent désamour des Travaillistes
Kevin Rudd était arrivé au pouvoir auréolé de sondages particulièrement flatteurs. Cette popularité, ajoutée aux dissensions internes de l'opposition libérale, semblait garantir aux Travaillistes une victoire facile lors des élections prévues pour fin 2010. Et puis, avec une régularité inquiétante, la cote de Rudd s'était mise à chuter, passant de 70 % de satisfaits en décembre 2008 à 36 % en juin 2010. Les élections s'annonçaient beaucoup plus problématiques que prévu.
Les ovations qui avaient suivi les excuses présentées par Rudd aux Aborigènes le 13 février 2008 et la signature par l'Australie du protocole de Kyoto - deux promesses électorales - étaient bien oubliées. Les Australiens ne semblaient pas savoir gré à leur gouvernement de leur avoir épargné la récession ou la stagnation qui, en raison de la crise financière, frappaient d'autres nations développées. Pourtant, grâce aux crédits engagés pour « stimuler » l'économie, le gouvernement Rudd était parvenu à conserver une croissance de 3,3 % en 2009-2010 et à contenir le chômage aux alentours de 5 %. Dans bien des pays, ces chiffres auraient rendu le premier ministre invulnérable. Mais pas en Australie.
Plusieurs facteurs aident à comprendre le désamour qui semblait avoir gagné l'électorat australien. D'une part, Rudd avait brusquement abandonné son projet de taxe carbone (ETS, « Emissions Trading Scheme »), qu'il n'avait pas les moyens de …
Grandes manoeuvres et petits arrangements
Au soir du 23 juin, l'Australie avait à sa tête (3) un premier ministre nommé Kevin Rudd. Il était en poste depuis sa victoire sur le libéral John Howard en novembre 2007 et, même si sa popularité avait fortement décliné, tout le monde était convaincu qu'il se maintiendrait en place et qu'il parviendrait le moment venu à mener le Parti travailliste (ALP) à un nouveau succès électoral. C'est ce qu'affirmait le grand journal de Melbourne, le Sunday Age, deux jours plus tôt. Mais, dès le lendemain, les Australiens se sont retrouvés avec un nouveau premier ministre, Julia Gillard, l'adjointe de Rudd, que son parti venait de porter à la tête du gouvernement, comme le permettent les institutions politiques anglo-saxonnes (4). La surprise fut vive : jamais auparavant un premier ministre en exercice n'avait été renversé par son propre parti avant même d'avoir achevé son premier mandat (5).
Le lent désamour des Travaillistes
Kevin Rudd était arrivé au pouvoir auréolé de sondages particulièrement flatteurs. Cette popularité, ajoutée aux dissensions internes de l'opposition libérale, semblait garantir aux Travaillistes une victoire facile lors des élections prévues pour fin 2010. Et puis, avec une régularité inquiétante, la cote de Rudd s'était mise à chuter, passant de 70 % de satisfaits en décembre 2008 à 36 % en juin 2010. Les élections s'annonçaient beaucoup plus problématiques que prévu.
Les ovations qui avaient suivi les excuses présentées par Rudd aux Aborigènes le 13 février 2008 et la signature par l'Australie du protocole de Kyoto - deux promesses électorales - étaient bien oubliées. Les Australiens ne semblaient pas savoir gré à leur gouvernement de leur avoir épargné la récession ou la stagnation qui, en raison de la crise financière, frappaient d'autres nations développées. Pourtant, grâce aux crédits engagés pour « stimuler » l'économie, le gouvernement Rudd était parvenu à conserver une croissance de 3,3 % en 2009-2010 et à contenir le chômage aux alentours de 5 %. Dans bien des pays, ces chiffres auraient rendu le premier ministre invulnérable. Mais pas en Australie.
Plusieurs facteurs aident à comprendre le désamour qui semblait avoir gagné l'électorat australien. D'une part, Rudd avait brusquement abandonné son projet de taxe carbone (ETS, « Emissions Trading Scheme »), qu'il n'avait pas les moyens de …
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