En cédant à la Chine sa place de deuxième puissance économique du monde, le Japon a dû reconnaître cet été qu'il ne pouvait plus retarder un choix existentiel qu'il esquive depuis vingt ans. L'alternative s'annonce à la fois pénible et simple : ou bien le pays se résigne à un déclin tranquille ou bien il cherche à se réinventer. Jamais remis de l'éclatement de la bulle immobilière des années 1990, sa maladie de langueur n'est plus seulement économique. Elle tourne à la dépression nerveuse. Après le miracle des « cinquante glorieuses » qui, comme pour l'Allemagne, avait fait d'un pays rasé par la guerre un phare de prospérité, les Japonais ont perdu leur boussole.
Comme l'expliquait récemment à Reuters le directeur de « Dragonomics », un institut de recherches de Pékin : « Le modèle économique japonais a formidablement bien fonctionné pendant plus de quarante ans. Et puis, il s'est arrêté. Est-ce que cela prouve que le modèle des quarante premières années était mauvais ? Non. Cela prouve qu'il était idéal pour cette étape du développement du Japon. Maintenant, il faut trouver autre chose. »
Ce ne sont pas seulement les finances du pays qui doivent être assainies : la dette publique, égale à 200 % du PIB, est le double de la dette française. Il ne suffira pas, non plus, que la classe politique en finisse avec un jeu de chaises musicales qui, depuis 2006, a consommé quatre premiers ministres sans que les électeurs puissent jamais distinguer de différence de stratégie entre les arrivants et les partants.
Le plus grave est ailleurs. C'est la société tout entière qui s'est prise à douter. L'extraordinaire consensus qui, après 1945, avait permis au Japon de sauter du féodalisme dans la démocratie et de la violence guerrière au pacifisme militant s'expliqua rétrospectivement par le succès de la synthèse entre la morale ancestrale héritée de Confucius et une modernité empruntée à l'Occident. Une véritable idéologie de l'effort favorisée, dans le Japon d'en bas, par le respect des hiérarchies et, dans le Japon d'en haut, par un égalitarisme affiché, assura au pays tout à la fois les délices de la consommation de masse et une harmonie communautaire inconnue en Europe ou aux États-Unis. Mais, aujourd'hui, la mécanique est grippée.
Le géant détrôné
Au deuxième trimestre, le PIB nominal de la Chine a grimpé à 1 337 milliards de dollars tandis que le Japon plafonnait à 1 283 milliards. La différence n'est que de 50 milliards. Mais quel symbole ! Le Japon qui, derrière les États-Unis, détenait la médaille d'argent de la fortune mondiale depuis 1968 doit soudain s'incliner devant une nation que, pendant près d'un siècle, il avait occupée, pillée, martyrisée...
Depuis qu'elle a enterré Mao, la Chine, largement inspirée par l'exemple nippon des années 1960, a montré un tel esprit d'entreprise que ce retournement n'a rien eu d'une surprise. Mais le virage aurait pris un peu plus de temps si, au Japon, les indicateurs n'étaient pas tous bloqués au rouge. La croissance est anémique …
Comme l'expliquait récemment à Reuters le directeur de « Dragonomics », un institut de recherches de Pékin : « Le modèle économique japonais a formidablement bien fonctionné pendant plus de quarante ans. Et puis, il s'est arrêté. Est-ce que cela prouve que le modèle des quarante premières années était mauvais ? Non. Cela prouve qu'il était idéal pour cette étape du développement du Japon. Maintenant, il faut trouver autre chose. »
Ce ne sont pas seulement les finances du pays qui doivent être assainies : la dette publique, égale à 200 % du PIB, est le double de la dette française. Il ne suffira pas, non plus, que la classe politique en finisse avec un jeu de chaises musicales qui, depuis 2006, a consommé quatre premiers ministres sans que les électeurs puissent jamais distinguer de différence de stratégie entre les arrivants et les partants.
Le plus grave est ailleurs. C'est la société tout entière qui s'est prise à douter. L'extraordinaire consensus qui, après 1945, avait permis au Japon de sauter du féodalisme dans la démocratie et de la violence guerrière au pacifisme militant s'expliqua rétrospectivement par le succès de la synthèse entre la morale ancestrale héritée de Confucius et une modernité empruntée à l'Occident. Une véritable idéologie de l'effort favorisée, dans le Japon d'en bas, par le respect des hiérarchies et, dans le Japon d'en haut, par un égalitarisme affiché, assura au pays tout à la fois les délices de la consommation de masse et une harmonie communautaire inconnue en Europe ou aux États-Unis. Mais, aujourd'hui, la mécanique est grippée.
Le géant détrôné
Au deuxième trimestre, le PIB nominal de la Chine a grimpé à 1 337 milliards de dollars tandis que le Japon plafonnait à 1 283 milliards. La différence n'est que de 50 milliards. Mais quel symbole ! Le Japon qui, derrière les États-Unis, détenait la médaille d'argent de la fortune mondiale depuis 1968 doit soudain s'incliner devant une nation que, pendant près d'un siècle, il avait occupée, pillée, martyrisée...
Depuis qu'elle a enterré Mao, la Chine, largement inspirée par l'exemple nippon des années 1960, a montré un tel esprit d'entreprise que ce retournement n'a rien eu d'une surprise. Mais le virage aurait pris un peu plus de temps si, au Japon, les indicateurs n'étaient pas tous bloqués au rouge. La croissance est anémique …
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