Près de quatorze ans après le Ve Congrès qui s'était tenu en 1997, celui-ci constituera un tournant de l'après-Fidel. La cause est entendue : le VIe Congrès sera, pour Raul Castro, l'occasion d'asseoir définitivement son autorité en mettant en oeuvre (ce projet lui tient à coeur depuis longtemps) une version tropicale du modèle chinois. Un modèle qui introduit une certaine dose de libéralisme économique tout en consolidant l'influence du Parti communiste. Quelques jours avant Noël, le président Raul Castro a d'ailleurs annoncé la couleur lors d'un discours clé prononcé en clôture de la session parlementaire. Le message était limpide : soit Cuba change, soit la révolution fait naufrage.
Pour lui, la nécessité de s'engager sur la voie d'un modèle d'économie mixte ne peut plus attendre. « Ou bien nous corrigeons nos erreurs a-t-il prévenu, ou bien nous coulons et coulons les efforts de générations entières. » Afin de sauver la révolution castriste, Raul propose un électrochoc culturel : « Nous devons tout simplement réviser les concepts erronés et intenables du socialisme, enracinés dans la population en raison de l'excessif paternalisme, idéalisme et égalitarisme prônés par la révolution au nom de la justice sociale », a-t-il martelé. Enfin, conforme à sa réputation d'homme pragmatique, le président a exhorté les Cubains à l'efficacité : « Il est nécessaire de changer la mentalité des cadres et de tous nos compatriotes afin de nous aligner sur le nouveau scénario qui se dessine : le Parti doit se contenter d'orienter l'action gouvernementale, sans interférer. » Pour paraphraser le célèbre manuel de guérilla de Régis Debray, en vogue dans les années 1960, les changements envisagés constituent rien de moins qu'une « révolution dans la révolution ». En tout cas, ils prouvent qu'après avoir obéi à Fidel toute …