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GRANDE BRETAGNE. LES RECETTES DE DAVID CAMERON

« Nous sommes les radicaux », martèle David Cameron, le premier ministre britannique. Mais quels radicaux ? La nouvelle équipe au pouvoir à Londres n'est pas radicale à la manière d'une Margaret Thatcher, qui a profondément modifié le visage du pays en onze ans de pouvoir (1979-1990) : privatisations en série, libéralisation du marché du travail, affaiblissement durable des syndicats... Ni d'un Tony Blair, qui a réconcilié le parti travailliste avec les marchés avant de le ramener au pouvoir entre 1997 et 2010.Ce « radicalisme » dont se réclame le leader Tory de 43 ans se situe ailleurs, affirme-t-il... même si jusqu'ici il n'a pas réellement défini où. En tout cas, la création d'un gouvernement de coalition, dans la foulée des élections du 6 mai 2010, a sans conteste été son premier acte « radical ». En effet, la Grande-Bretagne n'avait plus été dirigée par une coalition depuis soixante-dix ans ! Par surcroît, ce Cabinet réunit les conservateurs et les libéraux-démocrates, deux formations qui n'avaient jamais été alliées. Mais M. Cameron peine à écrire la suite du scénario ou, plus exactement, à la rendre lisible.
Le premier ministre souhaite un secteur public qui serait plus resserré, plus efficace et plus réactif tout en étant animé d'un esprit de justice et placé au service des plus faibles. Il parle d'une société, la « Big Society », qui se prendrait davantage en main et où les citoyens joueraient un rôle majeur - que ce soit à l'école, à l'hôpital ou même au sein de la police. Des citoyens, comme il dit, qui « auraient le contrôle de leur vie » sans pour autant être délaissés par la collectivité.
Certains, en particulier dans l'opposition, y voient une manière déguisée de prôner le rétrécissement du rôle de l'État auprès des démunis. D'autres y devinent une ambition nouvelle. Mais, pour la plupart des Britanniques, le concept demeure abstrait. Depuis son installation au 10 Downing Street, M. Cameron n'a pas encore réussi à expliciter son « radicalisme ». C'est cette même ambiguïté qui explique la marge étroite de sa victoire aux législatives d'avril dernier, malgré l'usure du parti travailliste après treize ans au pouvoir. Résultat : le patron des tories a été forcé de s'allier avec le parti libéral-démocrate de Nick Clegg, réputé de centre gauche, pour s'assurer d'une majorité parlementaire à Westminster.
À présent qu'il se trouve aux manettes, M. Cameron espère que ses actes parleront pour lui. Et cela, même s'il lui faut composer avec des finances publiques exsangues - ce qui n'était pas prévu en 2005, quand il a pris les rênes du parti conservateur.
Quoi qu'il en soit, il est incontestable que le nouveau gouvernement de Sa Majesté a lancé un programme législatif très ambitieux. La justice, la police, l'éducation, la défense, la santé, l'État-providence... Aucun de ces domaines n'échappe à une reconfiguration qui passera par des économies drastiques et des réformes de grande ampleur.
Reste à savoir ce qui, in fine, prendra le dessus : les coupes budgétaires ou l'ébauche d'un …