Les définitions de la santé ne sont pas très nombreuses (1). Parmi celles qui sont les plus connues, mais aussi les plus discutées, figurent la proposition du 22 juillet 1946 de l'Organisation mondiale de la santé et celle formulée plus d'un demi-siècle plus tard par Jean-Paul II à l'occasion de la Journée mondiale des malades. La première identifie la santé à un état complet de bien-être physique et mental, et non seulement une absence de maladie ou d'infirmité. La seconde est plus structurée : la santé ne s'identifie pas seulement par une absence de maladie, elle se présente comme une inclination vers une plus grande harmonie et un bon équilibre au niveau physique, psychique, spirituel et social. Dans cette perspective, la personne est appelée à rassembler toutes ses forces disponibles pour réaliser sa propre vocation et le bien des autres (2). L'une et l'autre nous permettent de structurer notre réflexion : toutes deux soulignent que la santé ne se réduit pas à l'absence d'infirmité. La santé doit donc être pensée pour elle-même à partir des éléments qui la constituent. Nous avons ici une approche objective dans la mesure où, paradoxalement, au niveau même de l'expérience subjective, c'est la maladie qui fait généralement apprécier la santé comme un bien. Si le contenu objectif de la santé peut, au plan phénoménologique, être clairement circonscrit par des éléments physiologiques, médicaux, politiques et sociaux, dans la perspective de la foi chrétienne, le concept de santé, plus complexe, a besoin d'un approfondissement qui évite deux excès possibles : celui de minimiser la réalité, en réduisant la santé à un don de la nature (et donc à un don de Dieu), un don qui, d'ailleurs, n'est pas fait à tous, ce qui n'aurait de sens que dans une approche spirituelle (notions d'élection ou encore théologie de la Croix) ; et celui, opposé, d'une sorte d'idolâtrie de la santé. La seule vision chrétienne qui soit équilibrée ne se comprend qu'à partir de la figure du Christ médecin et de sa mission, de ses paroles et de ses gestes. Ce sera le premier point de notre réflexion. Si nous relisons attentivement les deux définitions de la santé à peine rappelées, nous nous apercevons d'une différence essentielle : alors que pour l'OMS la santé est un bien ayant valeur de fin en soi, à rechercher de manière absolue (bien-être complet), dans la perspective chrétienne, en revanche, la santé est un bien éthiquement important (3) dans la mesure où elle suscite une prise de responsabilité du sujet personnel vis-à-vis d'autres biens présumés supérieurs (le Règne de Dieu, les biens éternels), d'où ensuite la responsabilité des autorités sociales et sanitaires. Cela ne diminue en rien la consistance anthropologique des problèmes sanitaires, mais donne une vision qui est primordiale pour un grand nombre de personnes. Ce n'est pas le seul aspect qui caractérise la spécificité chrétienne. La définition de Jean-Paul II, en fait, place la santé dans la perspective de la réalisation de la vocation personnelle de l'homme : elle devient ainsi …
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