En novembre 1974, Yasser Arafat prononce son premier discours devant l'Assemblée générale des Nations unies. Face aux représentants des États du monde entier, le leader palestinien plaide pour le droit légitime de son peuple à mener sa lutte de libération nationale contre l'impérialisme. Mais il refuse cette même légitimité au sionisme qu'il définit comme un mouvement raciste. Nabil Chaath est présent parmi les auditeurs réunis dans la majestueuse salle de l'Assemblée générale. Né en 1938 à Safed, une petite ville de Galilée, il est l'un des fidèles de la première heure de l'OLP. On le retrouve plus tard, en 1991, à la conférence de Madrid, membre du Comité central du Fatah. Il fait partie de la délégation palestinienne qui conduit les premières discussions officielles avec les Israéliens, dirigés alors par Itzhak Shamir. Entre-temps, les positions de l'OLP ont évolué. En 1988, Yasser Arafat a admis le droit à l'existence d'Israël et, en 1993, les deux parties signent en grande pompe leur reconnaissance mutuelle.
Depuis, les relations entre Israël et les Palestiniens ont suivi un cours sinueux. Après la violence de la seconde Intifada, puis l'opération israélienne de l'hiver 2008-2009 dans la bande de Gaza, plusieurs tentatives visant à renouer le dialogue ont fait long feu. Avec l'arrivée au pouvoir de Benyamin Netanyahou - précédée, quelques mois auparavant, par l'élection de Barack Obama -, la donne s'est de nouveau compliquée. Les États-Unis, qui ont poussé à la roue pour remettre les deux parties autour d'une même table, ont fini par y renoncer. De leur côté, les Palestiniens, déçus par le peu de persévérance des Américains et l'intransigeance des Israéliens, ont décidé de jeter l'éponge et de ne pas poursuivre les négociations.
Nabil Chaath fut le premier ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne. Il exerce, aujourd'hui, les fonctions de chef du Comité des relations internationales du Fatah. Pour Politique Internationale, il explique ce que sera la nouvelle stratégie des Palestiniens sur la scène internationale.
A. M.
Aude Marcovitch - Le dialogue israélo-palestinien, relancé à grand-peine au printemps dernier, est à nouveau dans l'impasse. Monsieur Chaath, croyez-vous toujours aux négociations ?
Nabil Chaath - C'est le seul moyen de parvenir à un accord. Même lorsqu'on se lance dans la lutte armée, à un moment ou à un autre, cette lutte doit se terminer par des négociations. Maintenant, si vous me demandez : « Les négociations sont-elles possibles à l'heure où je vous parle ? », je vous réponds : « Absolument pas. » Elles ne sont pas possibles avec ce premier ministre israélien, ni avec cette coalition, ni avec cette administration américaine qui n'a aucune idée de la façon de les faire avancer.
A. M. - Vous ne voyez donc personne, au sein du gouvernement israélien, avec qui vous pourriez entamer un dialogue ?
N. C. - En tout cas, pas dans la coalition dirigée par Benyamin Netanyahou. M. Netanyahou est un pragmatique et non un idéologue comme il voudrait le faire croire en citant la Bible à tout bout de champ. …
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