À l'aube de ce troisième millénaire, le monde doit impérativement se pencher sur les problèmes scientifiques et médicaux auxquels il est confronté. La biologie connaît aujourd'hui une révolution probablement équivalente à celle que la physique a traversée au début du XXe siècle. Les nouvelles technologies bouleversent les approches et les capacités d'analyse et de compréhension du vivant, et obligent à inventer une nouvelle biologie. Et, si le siècle dernier a fourni son lot d'avancées médicales spectaculaires, l'amélioration de la santé publique demeure un vaste chantier. Ce double enjeu, scientifique et médical, la France entend le relever grâce à une recherche en sciences de la vie et de la santé de dimension internationale. L'analyse montre que cette recherche dispose d'une marge de manoeuvre importante qui devrait lui permettre d'améliorer encore ses performances... à condition de réformer sa gouvernance et de repenser certains fondamentaux. Explications. De nouveaux enjeux pour les sciences de la vie et de la santé La nécessité d'une autre biologie La révolution technologique, c'est en premier lieu, dès les années 1950, l'essor de la biologie moléculaire, dont les applications ont permis et permettront encore d'identifier un nombre important de mécanismes du vivant. C'est, aussi, la mise au point et l'utilisation croissante, dès le début des années 1990, de méthodes d'acquisition globale et rapide d'informations sur le génome (avec le séquençage à très haut débit), le transcriptome et le protéome (1), qui ont conduit à la production d'une masse considérable de données. Ces données, il convient à présent de les exploiter, notamment grâce aux capacités des dispositifs les plus récents en matière de calcul intensif. À ces technologies innovantes s'ajoute aujourd'hui la mise à disposition de méthodes de plus en plus fines d'imagerie qui permettent de visualiser le vivant à l'échelle de la cellule et même de la molécule. Les connaissances issues de ces analyses, souvent acquises indépendamment les unes des autres, doivent maintenant être reliées entre elles, et chaque mécanisme replacé au sein d'un réseau complexe d'interactions. De fait, les voies moléculaires impliquées dans les grands processus physiologiques sont en réalité organisées en réseaux intriqués de communication, et les approches traditionnelles, qui consistent le plus fréquemment à identifier une cible moléculaire, doivent désormais intégrer la complexité des relations entre gènes, molécules et groupes de molécules. Cette démarche constitue le fondement d'une nouvelle biologie, dite intégrative, qui par définition (2) fait largement appel aux mathématiques, ainsi qu'aux autres disciplines telles que l'informatique, la physique ou bien encore la chimie. Ainsi, qu'il s'agisse d'établir les étapes du développement ou du vieillissement, de comprendre le fonctionnement du cerveau, d'expliquer les mécanismes sous-jacents des grandes fonctions physiologiques comme, d'ailleurs, ceux qui sont impliqués dans une rupture de leur équilibre conduisant à la maladie, la recherche en sciences de la vie et de la santé doit plus que jamais favoriser l'interdisciplinarité. Parallèlement au développement de cette « nouvelle biologie », la recherche en sciences de la vie et de la santé doit continuer de s'appuyer sur une recherche translationnelle (3) de qualité et de …
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