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LA SANTE AU XXIe SIECLE : EVOLUTION OU REVOLUTION ?

Dans cet article, nous nous attachons à décrire les principales tendances qui façonneront le monde de la santé dans les prochaines décennies. Ces forces se caractérisent par de profondes mutations dans la nature des soins et de la médecine sous l'effet du vieillissement de la population et de l'évolution de l'épidémiologie. Au sein des systèmes de santé, la tension entre coûts et bénéfices va continuer à s'exacerber compte tenu du caractère non viable à long terme des budgets de santé au regard des autres priorités nationales. Nous analysons le statut actuel de la recherche médicale et les perspectives qui s'offrent à elle dans l'optique d'une véritable transformation et d'une réelle amélioration de la santé. Nous décrivons certaines évolutions probables de la médecine ainsi que les changements socio-politiques qui pourraient s'avérer nécessaires pour atteindre un objectif de bonne santé pour tous à un coût raisonnable. Un paradoxe fondamental Le paradoxe de la médecine est le suivant : chaque avancée médicale permettant de sauver ou de prolonger des vies entraîne également une augmentation des coûts budgétaires en raison de l'accroissement des exigences en matière de santé, de pensions de retraite et de dépenses de Sécurité sociale. De surcroît, la santé, qui pendant longtemps a été considérée comme le privilège de ceux qui pouvaient se payer les services d'un médecin, est aujourd'hui devenue un droit humain fondamental. Les sociétés et les gouvernements actuels sont moralement et politiquement contraints de relever le défi qui consiste à fournir des soins de qualité à l'ensemble des citoyens en limitant le plus possible les disparités entre riches et pauvres, et en permettant un accès équitable et universel aux toutes dernières avancées médicales. Parce qu'ils augmentent l'espérance de vie, des soins de qualité entraînent automatiquement des besoins en soins supplémentaires, dans la mesure où le caractère chronique des maladies se développe. C'est notamment le cas des avancées obtenues dans le suivi des maladies infectieuses et cardio-vasculaires, des accidents vasculaires cérébraux ainsi que dans la prise en charge des affections autrefois graves, voire mortelles. En augmentant fortement l'espérance de vie, ces avancées ont entraîné une hausse des besoins de santé par individu tant en termes d'intensité que de durée. En effet, chaque personne doit être soignée plus longtemps et de manière plus intensive, notamment dans les dernières années de sa vie. Aux États-Unis, on estime ainsi que plus de 30 % des dépenses médicales interviennent lors des six derniers mois de vie du patient. De plus, avec le vieillissement de la population, l'impact des maladies dégénératives, telles que la maladie d'Alzheimer, la maladie de Parkinson, la perte de vision et d'audition ainsi que les handicaps d'origine musculo-squelettique, va continuer à croître. Le coût moyen des soins pour une personne de 30 ans est de moins de 2 000 dollars par an contre plus de 25 000 dollars pour une personne de 75 ans. De nos jours, dans les économies développées, plus de 75 % des dépenses de santé sont dues à des maladies chroniques et la plus grande partie …