Brendan Steinhauser est le directeur national des campagnes de FreedomWorks, l'organisation la plus active au sein du mouvement Tea Party aux États-Unis (1). À tout juste vingt-neuf ans, il est l'architecte de l'histoire non écrite de ce mouvement : l'histoire des blogs, de la communication en ligne, des médias sociaux, mais aussi des cours d'activisme qu'il dispense aux militants comme aux sénateurs, à travers tout le pays, depuis deux ans.Ce jeune homme influent est l'auteur de deux livres : un essai sur Barack Obama et un guide du jeune activiste conservateur sur les campus. Il a aussi co-écrit, avec Dick Armey et Matt Kibbe, respectivement président et directeur de FreedomWorks, un petit « précis d'activisme de terrain ». Quiconque prétend mettre sur pied un mouvement non violent et visant à imprimer le changement politique via des moyens pacifiques devrait s'intéresser à ce personnage qui, à l'instar de sa « bête noire » Barack Obama, se définit comme un « community organizer ».
Brendan Steinhauser est l'une des rares personnalités du Tea Party à agir à la fois sur les acteurs politiques, en déterminant avec eux la meilleure stratégie pour faire triompher leurs idées au Congrès, et sur le terrain, auprès des militants, dans ce que le mouvement a de plus « grassroots ».
Dans cet entretien exclusif tenu au siège de FreedomWorks à Washigton DC, sur Pennsylvania Avenue, à mi-chemin entre la Maison-Blanche et le Congrès, il nous entraîne dans les coulisses du mouvement Tea Party et nous offre un point de vue inédit sur les dynamiques de la politique américaine d'aujourd'hui.
S. B. Sophie de Bellemanière - Monsieur Steinhauser, commençons par évoquer la genèse du mouvement. Comment le Tea Party est-il né ?
Brendan Steinhauser - Au départ, nous n'étions qu'un tout petit groupe d'activistes qui nous entraidions pour défendre notre cause : la liberté garantie par un gouvernement aux pouvoirs limités. Notre organisation comptait tout au plus une centaine de personnes, réparties sur tout le territoire, de Washington DC à Sacramento en passant par Fort Myers et Atlanta. Jusqu'à la fin de l'année 2008, il était rare que notre message fût bien compris. Mais, en notre for intérieur, nous ne cessions de prier pour qu'une part plus large de nos compatriotes nous soutienne et vienne aux manifestations. Nous espérions que le mouvement prendrait.
S. B. - Vos prières ont été exaucées ! Y eut-il un événement déclencheur du mouvement ?
B. S. - Absolument. Le 19 février 2009, le présentateur de la chaîne financière CNBC Rick Santelli a poussé une harangue restée célèbre contre le président Obama et, en particulier, contre son plan de sauvetage immobilier (2). Selon l'homme de télévision, il était « non américain » de vouloir récompenser une « mauvaise attitude » - à savoir celle des inconscients qui s'achetaient des maisons qu'ils ne pouvaient s'offrir. Et Rick Santelli de conclure que le président méritait qu'on organise une « modern tea party », le 4 juillet. Ce jour-là, avec mon ami Adam Brandon, le vice-président de la communication de FreedomWorks, nous étions devant le petit écran - ici, dans les locaux de FreedomWorks - et nous avons pris conscience d'avoir assisté à un grand moment de télévision et d'histoire. Ce fut l'étincelle qui a mis le feu aux poudres.
Nous sommes ensuite restés assis, pendant quelques minutes, à réfléchir aux propos de Rick Santelli auxquels nous adhérions pleinement. Nos esprits bouillonnaient de questions comme : « Comment s'y prend-on pour organiser une modern tea party ? » Nous commencions à appréhender l'aspect pratique du phénomène. C'est alors que nous eûmes la brillante idée de créer le site internet www.IamWithRick.com, sur lequel nous proposions simplement aux internautes de signer une pétition soutenant l'idée émise par le présentateur. En une seule journée, plusieurs milliers de personnes ont signé notre pétition !
Forts de cet encouragement, nous avons décidé de parler à d'autres leaders conservateurs de la possibilité d'organiser cette fameuse modern tea party. À la hâte, nous avons organisé une conference call via Twitter. Nous voulions que la première manifestation du mouvement Tea Party eût lieu non pas le 4 juillet comme Santelli le proposait, mais le plus tôt possible, pour éviter que la hargne des militants ne s'essoufflât. Aussi ai-je suggéré d'emblée d'organiser cette modern tea party une semaine plus tard, le 27 février. Et voilà comment, en un rien de temps, deux cents personnes se sont rassemblées devant le parvis nord de la Maison-Blanche, dans Lafayette Garden, pour protester contre les méfaits du big government !
S. B. - Deux cents personnes... N'est-ce pas un début modeste ? Aviez-vous …
Brendan Steinhauser est l'une des rares personnalités du Tea Party à agir à la fois sur les acteurs politiques, en déterminant avec eux la meilleure stratégie pour faire triompher leurs idées au Congrès, et sur le terrain, auprès des militants, dans ce que le mouvement a de plus « grassroots ».
Dans cet entretien exclusif tenu au siège de FreedomWorks à Washigton DC, sur Pennsylvania Avenue, à mi-chemin entre la Maison-Blanche et le Congrès, il nous entraîne dans les coulisses du mouvement Tea Party et nous offre un point de vue inédit sur les dynamiques de la politique américaine d'aujourd'hui.
S. B. Sophie de Bellemanière - Monsieur Steinhauser, commençons par évoquer la genèse du mouvement. Comment le Tea Party est-il né ?
Brendan Steinhauser - Au départ, nous n'étions qu'un tout petit groupe d'activistes qui nous entraidions pour défendre notre cause : la liberté garantie par un gouvernement aux pouvoirs limités. Notre organisation comptait tout au plus une centaine de personnes, réparties sur tout le territoire, de Washington DC à Sacramento en passant par Fort Myers et Atlanta. Jusqu'à la fin de l'année 2008, il était rare que notre message fût bien compris. Mais, en notre for intérieur, nous ne cessions de prier pour qu'une part plus large de nos compatriotes nous soutienne et vienne aux manifestations. Nous espérions que le mouvement prendrait.
S. B. - Vos prières ont été exaucées ! Y eut-il un événement déclencheur du mouvement ?
B. S. - Absolument. Le 19 février 2009, le présentateur de la chaîne financière CNBC Rick Santelli a poussé une harangue restée célèbre contre le président Obama et, en particulier, contre son plan de sauvetage immobilier (2). Selon l'homme de télévision, il était « non américain » de vouloir récompenser une « mauvaise attitude » - à savoir celle des inconscients qui s'achetaient des maisons qu'ils ne pouvaient s'offrir. Et Rick Santelli de conclure que le président méritait qu'on organise une « modern tea party », le 4 juillet. Ce jour-là, avec mon ami Adam Brandon, le vice-président de la communication de FreedomWorks, nous étions devant le petit écran - ici, dans les locaux de FreedomWorks - et nous avons pris conscience d'avoir assisté à un grand moment de télévision et d'histoire. Ce fut l'étincelle qui a mis le feu aux poudres.
Nous sommes ensuite restés assis, pendant quelques minutes, à réfléchir aux propos de Rick Santelli auxquels nous adhérions pleinement. Nos esprits bouillonnaient de questions comme : « Comment s'y prend-on pour organiser une modern tea party ? » Nous commencions à appréhender l'aspect pratique du phénomène. C'est alors que nous eûmes la brillante idée de créer le site internet www.IamWithRick.com, sur lequel nous proposions simplement aux internautes de signer une pétition soutenant l'idée émise par le présentateur. En une seule journée, plusieurs milliers de personnes ont signé notre pétition !
Forts de cet encouragement, nous avons décidé de parler à d'autres leaders conservateurs de la possibilité d'organiser cette fameuse modern tea party. À la hâte, nous avons organisé une conference call via Twitter. Nous voulions que la première manifestation du mouvement Tea Party eût lieu non pas le 4 juillet comme Santelli le proposait, mais le plus tôt possible, pour éviter que la hargne des militants ne s'essoufflât. Aussi ai-je suggéré d'emblée d'organiser cette modern tea party une semaine plus tard, le 27 février. Et voilà comment, en un rien de temps, deux cents personnes se sont rassemblées devant le parvis nord de la Maison-Blanche, dans Lafayette Garden, pour protester contre les méfaits du big government !
S. B. - Deux cents personnes... N'est-ce pas un début modeste ? Aviez-vous …
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