Entretien avec William Kristol*
On avait dit les « néocons » lessivés, finis, condamnés à disparaître dans la poubelle de l'Histoire, en même temps que l'ère Bush. Il n'en est rien. Ce courant d'intellectuels conservateurs, favorables à une Amérique interventionniste à l'extérieur, qui avaient théorisé l'invasion américaine de l'Irak et le grand projet de démocratisation du Moyen-Orient qui devait suivre, reste l'un des groupes les plus influents du débat politique à Washington, notamment en matière de sécurité nationale et de diplomatie. Fondateur et rédacteur en chef de l'hebdomadaire Weekly Standard (créé en association avec le magnat Rupert Murdoch), Bill Kristol en est l'un des représentants les plus réputés. Né en 1952 à New York, il est le fils de l'intellectuel juif Irving Kristol, un déçu de la gauche libérale des années 1960, progressivement passé à droite en raison notamment de son credo anti soviétique viscéral, et connu pour être devenu le père du néoconservatisme américain.
Docteur ès sciences politiques, frotté dès ses jeunes années au monde de la politique et des campagnes électorales, Bill Kristol rejoint l'équipe de Ronald Reagan en 1985, au titre de chef de cabinet de son secrétaire à l'Éducation William Bennett, avant d'occuper ce même poste auprès du vice-président Dan Quayle, pendant le mandat de George Bush père. Il est alors si omniprésent que le petit monde de Washington parle de lui comme du « cerveau » de Quayle. Mais il va gagner sa réputation de combattant redoutable pendant la bataille sur la réforme de la santé, sous Bill Clinton, en jouant un rôle de premier plan pour discréditer le projet.
On le voit réapparaître en première ligne sous George W. Bush, dans l'équipe des faucons qui battent le rappel pour la guerre en Irak. Membre de toute une série de think tanks conservateurs, comme le Projet pour le nouveau siècle américain, qu'il a fondé avec Robert Kagan, ou l'American Enterprise Institute, Bill Kristol dispose de nombreuses enceintes pour diffuser ses idées et façonner la teneur du débat politique. En 2003, il se distingue en publiant avec Lawrence F. Kaplan un article intitulé « La guerre pour l'Irak : la mission de l'Amérique et la tyrannie de Saddam », dans lequel il analyse la « doctrine Bush » et fournit tout un éventail de justifications pour l'intervention. Malgré les déboires éclatants rencontrés sur le terrain irakien, Bill Kristol survit à ses déconvenues. Cet homme de droite brillant, très polémique et passionnément engagé en faveur d'Israël, intervient régulièrement sur la chaîne conservatrice Fox News de Ruppert Murdoch pour fustiger l'excès d'interventionnisme de l'administration Obama dans les affaires intérieures. En pleine affaire WikiLeaks, il est allé jusqu'à préconiser d'envoyer des hommes pour « neutraliser » le fauteur de troubles Julian Assange ! Il a rejoint le centre de Liz Cheney, fille de l'ancien vice-président de Bush, Keep America safe, dans le but de contrer la politique jugée trop naïve d'Obama à l'égard du monde musulman et de la menace terroriste islamiste.
Bill Kristol a été le conseiller du …
On avait dit les « néocons » lessivés, finis, condamnés à disparaître dans la poubelle de l'Histoire, en même temps que l'ère Bush. Il n'en est rien. Ce courant d'intellectuels conservateurs, favorables à une Amérique interventionniste à l'extérieur, qui avaient théorisé l'invasion américaine de l'Irak et le grand projet de démocratisation du Moyen-Orient qui devait suivre, reste l'un des groupes les plus influents du débat politique à Washington, notamment en matière de sécurité nationale et de diplomatie. Fondateur et rédacteur en chef de l'hebdomadaire Weekly Standard (créé en association avec le magnat Rupert Murdoch), Bill Kristol en est l'un des représentants les plus réputés. Né en 1952 à New York, il est le fils de l'intellectuel juif Irving Kristol, un déçu de la gauche libérale des années 1960, progressivement passé à droite en raison notamment de son credo anti soviétique viscéral, et connu pour être devenu le père du néoconservatisme américain.
Docteur ès sciences politiques, frotté dès ses jeunes années au monde de la politique et des campagnes électorales, Bill Kristol rejoint l'équipe de Ronald Reagan en 1985, au titre de chef de cabinet de son secrétaire à l'Éducation William Bennett, avant d'occuper ce même poste auprès du vice-président Dan Quayle, pendant le mandat de George Bush père. Il est alors si omniprésent que le petit monde de Washington parle de lui comme du « cerveau » de Quayle. Mais il va gagner sa réputation de combattant redoutable pendant la bataille sur la réforme de la santé, sous Bill Clinton, en jouant un rôle de premier plan pour discréditer le projet.
On le voit réapparaître en première ligne sous George W. Bush, dans l'équipe des faucons qui battent le rappel pour la guerre en Irak. Membre de toute une série de think tanks conservateurs, comme le Projet pour le nouveau siècle américain, qu'il a fondé avec Robert Kagan, ou l'American Enterprise Institute, Bill Kristol dispose de nombreuses enceintes pour diffuser ses idées et façonner la teneur du débat politique. En 2003, il se distingue en publiant avec Lawrence F. Kaplan un article intitulé « La guerre pour l'Irak : la mission de l'Amérique et la tyrannie de Saddam », dans lequel il analyse la « doctrine Bush » et fournit tout un éventail de justifications pour l'intervention. Malgré les déboires éclatants rencontrés sur le terrain irakien, Bill Kristol survit à ses déconvenues. Cet homme de droite brillant, très polémique et passionnément engagé en faveur d'Israël, intervient régulièrement sur la chaîne conservatrice Fox News de Ruppert Murdoch pour fustiger l'excès d'interventionnisme de l'administration Obama dans les affaires intérieures. En pleine affaire WikiLeaks, il est allé jusqu'à préconiser d'envoyer des hommes pour « neutraliser » le fauteur de troubles Julian Assange ! Il a rejoint le centre de Liz Cheney, fille de l'ancien vice-président de Bush, Keep America safe, dans le but de contrer la politique jugée trop naïve d'Obama à l'égard du monde musulman et de la menace terroriste islamiste.
Bill Kristol a été le conseiller du …
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