La curiosité à l'égard des États nordiques ne faiblit pas. Le 28 janvier 2011, au Forum économique mondial de Davos, le « modèle nordique » était à l'honneur, présenté par les dirigeants politiques de ces pays (Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède) et décortiqué par un parterre d'experts et de décideurs. « Je ne crois pas qu'il soit possible de copier ce modèle, mais on peut fort bien s'en inspirer », lança à l'occasion le premier ministre norvégien Jens Stoltenberg, résumant ainsi un sentiment généralement partagé. Deux semaines plus tôt, les premiers ministres des pays nordiques - et ceux des pays baltes - étaient invités à Londres par leur homologue britannique, David Cameron, pour échanger expériences et idées en vue de mieux affronter les défis actuels et à venir. Les Nordiques, expliqua l'hôte conservateur, « disposent de certaines des compagnies high-tech les plus innovantes, de certaines des approches les plus radicales en matière de services publics et de certaines des meilleures idées sur la façon d'améliorer le bien-être général et la qualité de vie » (1). Cette réunion à neuf - la première du genre - devrait être suivie d'une seconde l'an prochain en Suède. Le fait est que, bon an mal an, les pays nordiques font preuve d'un dynamisme qui ne passe pas inaperçu. Hormis l'Islande - un cas à part (2) - ils ont limité les dégâts durant la crise financière de 2008, non sans avoir tiré les leçons de la crise précédente qui les avaient touchés, pour certains (Danemark, Norvège) dès les années 1980, pour d'autres (Suède, Finlande) dans la première moitié des années 1990. De nos jours, la Suède affiche des résultats particulièrement brillants en termes de croissance et d'équilibre budgétaire (3). La Finlande et le Danemark sont plus lents à rebondir, mais les prévisions sont plutôt optimistes, à condition toutefois que la reprise mondiale ait bien lieu (4). Quant à la Norvège, elle a pu s'appuyer sur ses importantes ressources en hydrocarbures pour surmonter les difficultés. Tout n'est pas rose, notamment en matière d'emploi (5). Pourtant, dans l'ensemble, les pays nordiques s'en tirent plutôt bien. Les modèles sociaux façonnés sous les latitudes septentrionales résistent, même s'ils sont soumis à plus de tensions qu'auparavant. La recherche du consensus reste la colonne vertébrale de sociétés sensiblement comparables, à défaut d'être identiques. Le dialogue entre syndicats et employeurs fonctionne peu ou prou, malgré une lente érosion du taux d'adhésion syndicale. Les alternances politiques entre centre gauche et centre droit n'ont pas fondamentalement remis en cause le principe d'un État-providence financé par une forte fiscalité. Enfin, les secteurs publics - allégés au fil du temps mais toujours importants - coexistent avec des secteurs privés concurrentiels, d'autant plus choyés par les autorités politiques que leur bonne santé est primordiale pour ces petites économies très dépendantes des exportations. Dans ce contexte, les pays nordiques ne seraient-ils pas bien avisés d'unir davantage leurs forces pour mieux faire entendre leurs voix sur la scène internationale et pour y faire prévaloir leurs intérêts communs …
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